Le Bar du téléphone

 

Un métrage, une image : La Belle Affaire (1973)

Merci à Jacqueline Waechter

« Vous avez devant les yeux la pire misère du monde : être muet de naissance, pour un Marseillais… » – co-écrit par Robert Thomas, le dramaturge de 8 femmes (Ozon, 2002), lui-même auteur d’un diptyque a priori exotique, voire horrifique (Mon curé chez les nudistes, 1982 + Mon curé chez les Thaïlandaises, 1983), dialogué par Jean Halain, collaborateur régulier de Hunebelle, musiqué par l’estimable Gérard Calvi, La Belle Affaire s’avère une comédie de gangsters garnie assez réussie, pas trop rassie, servie par le réalisateur en définitive peu prolifique ni épuisant du Grand Restaurant (1966). Dégagé le gourmet de Funès, bye-bye à la bruyante grisaille des avions et des environs de la capitale, notre couple en déroute de cafetiers déprimés, pas si désargentés, sans tarder vend son brinquebalant établissement et dans le midi pas en taxi (à la sauce Besson) descend. À Marseille, la vie devient plus belle, en tout cas à la TV, pas vrai ? Hélas, les voilà fissa transformés de bon cœur en innocents receleurs. Après le bingo de Borsalino (Deray, 1970) et le carton de French Connection (Friedkin, 1971), La Belle Affaire remise les meilleurs ennemis, s’installe Aux bons amis, délocalise la came en la glissant au sein guère malsain de… calissons, allons bon. Face aux supermarchés du capitalisme, corruptibles par la police, l’économie classée parallèle privilégie les petits commerces et ses artisans/trafiquants. La solution à la situation proviendra du petit écran, de la mise en abyme en noir et blanc. Ni Ness ni Scarface, Serrault & Varte, joli duo de ciné, exterminent leurs rivaux sans états d’âme ni trémolos, plutôt avec un gros congélo et deux croque-morts, d’accord. Le jour de la Saint-Valentin, date à double sens, sentimentale, de massacre, tout finit bien, ou presque, Galabru bruni par l’explosion de sa voiture pastiquée par le taciturne Prévost, sardonique saligaud…         

Commentaires

  1. Joli résumé pour un film comique qui en dit long sur la moralité élastique de tout un chacun qui fait ses petites affaires en s'arrangeant avec sa conscience de la manière la plus pragmatique qui soit, madame Max et ses filles avec sa gouaille savoureuse en arrive presque à défendre la cause féminine ! Serrault et Varte sont absolument époustouflants, en effet la débrouillardise d'honnêtes commerçants n'a pas de limites et tout est bon pour sauver le petit commerce, et les frères Narco qui inhument enfin Nahum, ils font la paire eux aussi !
    quand à la coco cachée sous le coco c'est du lourd, bref ça mitraille et ça vole dans les plumes à tout va et le bon rire avec !

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