Joy et Joan

 

Un métrage, une image : Émilienne (1975)

On se vouvoie, chez ces gens-là. On se préoccupe d’art, nul hasard. On possède de l’argent et du temps, cependant on ne prend point d’amant, plutôt des amantes et guère marrantes. On glisse avec un soupçon de malice du saphisme vers le triolisme, mariage-ratage de ménage à trois et à outrage(s), dommage. Un enfant n’affole, indiffère sa mère ; à l’ultime instant, l’épouse paraît pardonner, (re)monte l’escalier : la promesse souriante d’une troisième chance ? Dans le méconnu Émilienne, commis par Guy Casaril, on reconnaît Claudine Beccarie, la vraie-fausse Cosette du presque exceptionnel Exhibition (1975) de Jean-Claude Davy, on s’émeut aussi et surtout de la présence permanente de Betty Mars, à laquelle je consacrai en début d’année quelques lignes non nécrophiles, néanmoins énamourées. En partie écrit par Éric Losfeld, entre autres rôles l’éditeur d’un certain Emmanuelle, à moitié musiqué par feu Nino Ferrer, monté par Louisette Hautecoeur au sortir de Belle de jour (1967) et La Voie lactée (1969), diptyque évidemment dû à Luis Buñuel, parmi le Piaf (1974) du sieur précité, par Betty vocalisé, + La Marge (1976) du languissant spécialiste du littéraire érotisme Walerian Borowczyk, l’ouvrage vaut principalement pour la participation intelligente et attachante de la chanteuse valeureuse, par ailleurs actrice épisodique. Photographié de façon ouatée par Jean Monsigny, collaborateur régulier de Gérard Mordillat, notamment à l’occasion de Billy Ze Kick (1985) et Fucking Fernand (1987), l’opus s’apprécie de plus en matrice apocryphe, domestique, moins exotique, du Joy et Joan (1985) de Jacques-René Saurel. Betty ou Brigitte (Lahaie) ? Les deux adouber... En doublon du Rempart des Béguines (1972), Émilienne dépeint assez bien son homo duo, à travers lui une sorte d’utopie very seventies, au fond ou à fond féministe, une délicieuse autarcie pascale hélas déjà bancale et destinée à fissa s’autodétruire. L’héroïne dessillée, dépressive, en déroute, y découvre des bordels lesbiens, au luxe immaculé, où s’enlacer au-delà des années, où pratiquer l’interracialité à la sauce US, en sus d’un canin cunnilingus. À Paris, la triste prostitution triviale ; à Ouessant, la douce partouze hivernale… 

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