Les Enfants d’Abraham

 

En mémoire de Robert Hossein (1927-2020)…

Beau balafré de ciné, bien longtemps avant le Tony Montana de Brian De Palma (Scarface, 1983), Robert Hossein, en tout cas au cinéma, traversa le mélodramatique Maya (Bernard, 1949), l’incertain Les Petits Matins (Audry, 1962), le maboule Chair de poule (Duvivier, 1963), s’amouracha de Michèle Mercier pendant une plaisante et populaire pentalogie jolie, évidemment commencée par Angélique, Marquise des anges (Borderie, 1964), la retrouva décostumée via l’heuristique La Seconde Vérité (Christian-Jaque, 1964), croisa Le Casse (Verneuil, 1971), son chemin molto morriconien, s’afficha en (faux) frère du familial et dépressif Un officier de police sans importance (Larriaga, 1973), emmerda Belmondo (et sa dame et son hélico) pour Le Professionnel (Lautner, 1981), alors rebaptisé Rosen, remarquez la contraction de ses nom + prénom de scène, s’immisça entre le médiocre tandem de Lévy et Goliath (Oury, 1987), avant d’investir l’estimable et à redécouvrir Le Masque de cire (Stivaletti, 1997). Placé de l’autre côté de la caméra, il signa Pardonnez nos offenses (1956), rape and revenge à moitié raté, sur fond de délinquance juvénile, de xénophobie fifties, ou une transposition soignée, un peu empesée, dommage pour le maestro Michel Magne, de l’increvable Les Misérables (1982), le sien, pas celui, assez louche, de Lelouch (1995), ici adoubé MC, olé. On apprécierait de découvrir avant de mourir son renommé, y compris par le principal intéressé, Le Vampire de Düsseldorf (1965), co-interprété par la rapprochée (et regrettée) Marie-France Pisier, musiqué par son papounet André. Itou homme de théâtre, adepte de Dard & Duras, spécialiste de grands spectacles classés interactifs, individu cependant discret, voire secret, certes molto catho, au risque du laïc vade retro, Hossein sut conserver au cours des années son brio, son style, son intensité, sa tendresse, sa cruauté, sa ferveur et sa foi. De ceci, cher Robert, on dit merci.         

Commentaires

  1. Robert Hossein témoigne de son admiration et de son amitié (en compagnie de Martine Pascal ) dans son éloge de Michel Cournot à la Cinémathèque française : https://elephantcinema.quebec/video/dossiers-exclusifs/les-beaux-souvenirs/1265109161001/michel-cournot/1617704696001

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