Les Promesses de l’ombre
Soixante secondes stellaires et référentielles en forme de pari ou de
promesse…
Nous venons de découvrir (de visionner)
aujourd’hui la bande-annonce du nouveau film de Keyvan Sheikhalishahi (patronyme
un peu plus difficile à épeler correctement que le nôtre, quoique, et Frédéric
Beigbeder le prononça plutôt bien quand il accueillit le jeune critique sur son
plateau à la TV) ; nous ne résistons pas (il faut résister à d’autres
choses, par les temps actuels, et différemment) à l’envie (au vrai plaisir) de consacrer
ce soir quelques lignes (vespérales) à Vesper, ce billet lui-même conçu en trailer d’un texte développé, à venir,
après visionnage du métrage, histoire de confirmer (ou pas) les promesses d’un
avant-goût déjà évocateur. Que voit-on, qu’entend-on, que devine-t-on dans ces
images ? Disons un drame à trois personnages, une œuvre enracinée dans la
stylisation du polar sentimental, du thriller émotionnel (l’auteur admire un
certain Alfred Hitchcock, consacra sur son blog
de doctes analyses à l’estampillé hitchcockien Basic Instinct).
Une femme, blonde, bien sûr, y semble aux prises avec un homme ne voulant pas l’oublier,
l’épiant, la retenant, prisonnière d’une villa normande (Deauville, plaît-il ?)
et d’un passé rejeté (par elle). Des ténèbres domestiques et le ciel de perle
au-dessus d’une célèbre allée de planches. Des étoiles méta et des sous-titres
en anglais. On aperçoit encore le réalisateur, désormais majeur, acteur
(polymorphe) au sein de sa propre fiction, et non plus limité à l’apparition traditionnelle
d’une brève mise en abyme drolatique et inquiète. De l’inquiétude, il en émane
pourtant de cette minute musicale riche de possibles, de pistes, de parfums
(ceux du film noir, du drame de chambre, quasiment de manière littérale).
Oui, tout ceci suscite l’attente et
séduit par une esthétique de qualité, un mystère au regard sincère (si la
sincérité ne vous irrigue pas, ne vous guide pas à dix-huit ans, à quoi bon
écrire sur des films, en faire, partager une belle passion ?). Wait and see, dit-on de l’autre côté de
l’Atlantique : nous acceptons d’attendre (pas trop longtemps, certes !)
et de déballer l’emballage joli afin de rencontrer, sinon de célébrer, ce qui
s’y cache (un cœur et un esprit de cinéaste, de préférence). Certains ruminent
la gloire supposée perdue, macèrent dans une nostalgie des imageries (pas seulement celle du « septième art ») – cela ne nous intéresse guère,
en vérité, et l’on préfère mille fois se tromper au présent que d’avoir raison
en retard, embaumé. Faisons confiance à la carte des étoiles de Keyvan, prenons
le pari de leur éclat : le cinéma (et le monde) contemporain, souvent à
vomir, je l’avoue volontiers, recèle encore des surprises juvéniles et d’improbables
trésors. Allez, on en reparlera vite, ici ou ailleurs !...
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