Dans le noir : Le Choix de Sophie
Au royaume des aveugles, les borgnes se font un max de fric ; et si
l’on se contentait de remater The Dark ?
Téléfilm affligeant, à gifler, insupportablement
long (quatre-vingts minutes en autant de siècles) et hautement risible (pompon
accordé à la lumière du cellulaire, aux phares de la bagnole), commis par un
incapable, interprété par des incompétents – pauvre Maria Bello, méconnaissable
à faire peur, sans doute en train de payer ses impôts, qui finit par se
suicider, atterrée par sa participation à la monstrueuse vacuité de l’ensemble
– que cette fiente supposée fantastique, sortie jusqu’ici, dans la profonde province
française (on la subit en streaming
et VOST, on n’allait quand même pas dépenser huit euros pour ça, en VF, de
surcroît), encensée presque partout ailleurs, puisque voici en quoi consiste le
« genre », désormais. En partie produit par le sinistre James Wan,
développé plus que de raison à partir d’un court métrage « viral », à
l’instar du déjà très faiblard (et maternel, facilité scénaristique de
maternelle, en effet) Mister Babadook, ce film – il
faudrait songer à inventer un nouveau mot pour désigner un tel crime
audiovisuel aux relents excrémentiels – vient de rapporter à ses épiciers pas
moins de cent quarante-cinq millions de dollars
(New Line & la Warner en rient encore, se frottent leurs mains de
mercenaires). Le réalisateur, âgé de trente-cinq ans au civil, de cinq ou six
dans sa tête et surtout sur pellicule, signa dans son sillage un probablement
horrifiant (pour de similaires exécrables raisons) Annabelle 2.
Spectre revanchard (pléonasme) et lumière noire (flashlight de bazar ou fleshlight
masturbatoire, choisis ton camp de ténèbres, camarade crétin) au programme, la
chose décérébrée localisée à deux endroits principaux, l’appartement de la
fille insipide et indépendante (je baise mais je ne me case pas, puisque mon
papa nous abandonna, bonjour les motivations psychanalytiques de pacotille,
encore une redondance, au passage) et l’improbable manoir de la mère (elle suce
des bites en enfer, comme la maman de Damien Karras, pour s’offrir une telle
baraque de carton-pâte ?).
Que l’on se rassure, au terme de
l’imposture, tout finira bien chez l’oncle ricain, pourvoyeur infini de
similaires minables produits (on fait venir un Suédois et voilà, vieille
tradition d’acculturation, de purification
ethnique et cinématographique dans le détergent du lavage de cerveau greffé au
portefeuille). Le petit ami copulant avec l’héroïne depuis huit mois (notez le
symbolisme chiffré : dans les quatre prochaines semaines, ils devraient
procréer), celle-ci avec sa belle petite gueule d’adulescente blondie de série
TV US un peu amochée par la lutte tout sauf lumineuse, et le marmot-frérot
rassuré, pas un brin apitoyé par le tragique décès de sa génitrice
timbrée : famille profane et sainte, décomposée mais recomposée, gentiment
incestueuse une fois le mal défait par balle dans la tête (morale américaine
pur jus, de courant, bien sûr, celle du LAPD, notamment, relisez James Ellroy,
ses deux représentants ridiculisés à l’insu de leur plein gré). Pourquoi écrire
ces quelques lignes, perdre du temps avec une telle bouse ? Car il
convient parfois de châtier les usurpateurs (cf. notre froide et argumentée exécution
de The
Revenant). Parce que nous aimons trop l’horreur, la vraie, pour laisser
passer cet affront supplémentaire (vous voulez des noms ? Contentez-vous
de titres : Saw, Dead Silence, Conjuring :
Les Dossiers Warren, et notre reconnaissance éternelle à celui ou celle
trouvant le point commun à cette effarante trinité). Au lieu de vous farcir
cette purge ectoplasmique, sous peu déclinée avec l’interminable allant du
paupérisé Paranormal Activity, révisez plutôt les
classiques des années 30, 60, 70, 80, louez une chambre à l’auberge marxiste d’Eli
Roth, consultez le libellé idoine sur ce foutu blog, allez vous balader dans une forêt dantesque au crépuscule,
pénétrez, si vous l’osez, dans une unité de soins palliatifs ou jetez un œil
(locution adéquate) en bordure d’autoroute et d’accident – tout sauf enrichir
ce cynisme en y perdant le temps de votre vie. L’obscurité, que ce crachat y
retourne et y retombe vite, au plus abyssal de l’amnésie volontaire et du
spéculaire mépris.
Tout à fait d'accord avec toi, ha! les films de de nos années avait une âme, quelque chose en ressortais et c'est pour cette raison que tu évoque si bien que je ne regarde plus le genre de film qui m'a fait aimer le cinéma, tous ces BLAIRWICH? PARANORMAL ACTIVITE et consort. Donner moi l'argent j'en fait de meilleurs, et non pour faire peur aux midinettes, le très grand WES CRAVEN le fait dans SCREAM mais sa devient du n'importe quoi,s'en parler des films avec que des effets spéciaux, les films américains sont devenu indigeste et NEON DEMON c'est quoi ce film au juste? Bon j'arrête et je retourne voir des films venu du pays du matin calme.
RépondreSupprimerUn pays parfois agité, à la filmographie souvent passionnante, en effet, que j'arpente également...
SupprimerPas vu le dernier Nicolas Winding Refn, pas pressé de le faire, surtout après avoir subi le risible Drive et la BO (signée Cliff Martinez) ennuyeuse, sinon prétentieuse, de son Only God Forgives...
Oui, Wes Craven (& Kevin Williamson en scénariste) analysa avec brio cette mutation méta du "genre"...
Comme toi, le cinéma dit d'horreur me fit en partie découvrir puis aimer le cinéma "tout court" ; je ne perds donc pas espoir de revoir un soir de grands films adultes dotés d'une âme, comme tu le dis avec raison, et aussi d'un cœur et d'un cerveau, contrairement à celui-ci, fidèle ami...