La Blonde et moi


Un métrage, une image : Basic Instinct (1992)


Un cas d’école : comment faire un succès avec un pic à glace et une petite culotte (ou plutôt son absence, qui valut, apparemment, un gifle de l’actrice au réalisateur), longtemps après Preminger. Cela ne pouvait arriver qu’à Hollywood, capitale puritaine du sexe – pas de la sexualité – produit à la chaîne (à l’instar des saucisses) mais condamné, depuis au moins les années 30, avec son défilé de garces de polars, parfait royaume des images racoleuses et inoffensives, puériles, terrifiées par L’Origine du monde (à comparer avec Brass ou Aranda, par exemple) en même temps que terrain de jeux de la bonne conscience des associations dédiées aux droits des dites minorités sexuelles, qui attaquèrent le film comme autrefois Cruising. Cette (très) ennuyeuse resucée de Sueurs froides, dont on ne retiendra qu’une scène anale (?) avec Jeanne Tripplehorn (rangée depuis au côté des profilers de la série Esprits criminels) et la superbe musique de Jerry Goldsmith, dut beaucoup faire rire les performeuses de la San Fernando Valley, dont l’intense Ashlyn Gere, body double sur Basic Instinct (et sur Pretty Woman, justement qualifié de film « immoral » par Friedkin). Eszterhas creusa le sillon et garnit son compte en banque avec d’autres satires sexuelles, d’où surnage l’émouvant et vénéneux Jade, d'ailleurs réécrit par son réalisateur, échec commercial et critique immérité, mais surtout beau portrait de femme (que devient donc Linda Fiorentino ?), nymphomane mais pas que, qui enterre largement ceux de Verhoeven ou von Trier. On aimerait toutefois lire son scénario sur les Maccabées pour Gibson, et l’on se gardera de parler du volume 2 des aventures de Catherine Tramell...

Avant de faire dans l’ironie médiévale ou militaire et l’auto-remake au pays du « cauchemar climatisé » (Miller), puisque ce titre relit de façon réaliste et glamour son excellent et surréaliste Quatrième Homme (son Christ au slip rouge reviendra sous une forme plus violente, dans le martyre originel de RoboCop), Verhoeven signa chez lui des œuvres avec de vrais personnages de chair et de sang, témoins d’un temps et d’une société autant que de blessures autobiographiques (Turkish Délices et Le Choix du destin, l’un des films préférés de Nancy Allen, revisitaient ses mésaventures sentimentales et sexuelles ou la période guerrière de son enfance). Black Book, hélas, ne parvenait pas à rallumer la flamme (du désir), malgré sa belle actrice (Carice van Houten, remarquable aussi dans Black Death). Ajoutons, pour rester dans ce registre incendiaire, qu’en 1983, l’année du Quatrième Homme, sortit aussi La Femme flambée du méconnu Robert van Ackeren, autre inoubliable portrait féminin porté par Gudrun Landgrebe. Monique (van de Ven) & Renée (Soutendijk) ou Sharon, pas si Stone(d) & Elizabeth (Berkley, courageuse, mais inutilement, dans Showgirls) : fais ton choix, camarade cinéphile et voyeur...

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