Marcelin, Pain et Vin
Un métrage, une image : Le Conformiste (1970)
Exercice de style en caméra mobile, Le
Conformiste confirme que Bertolucci se spécialisa fissa dans le dispensable
psychodrame à tendance freudienne, sillon creusé à l’occasion
pseudo-scandaleuse ou non du Dernier Tango à Paris (1972), 1900
(1975), La luna (1979) ou Le Dernier Empereur (1987). Se
reposant souvent sur les talents évidents du mélodiste Georges Delerue, du dirlo
photo Vittorio Storaro, du production
designer Ferdinando Scarfiotti, du
monteur Franco Arcalli et bien sûr de sa petite troupe impeccable, le buono
Bernardo voudrait bien nous convaincre qu’il ravive Moravia, qu’il sait où il
va, qu’il étudie les mœurs de malheur d’une époque ad hoc, comme son
compatriote Scola, oui-da, homosexualité idem
(Une
journée particulière, 1977). En réalité, historique, reconstruite, il
se borne à ressasser, tel son « mouchard » à mémoire, pour
l’originalité, la lucidité, la densité, il peut repasser, surtout comparé à Portier
de nuit (Cavani, 1974) ou Salon Kitty (Brass, 1976), diptyque
épique de sexualité tourmentée, instrumentalisée, portraits (im)pertinents des
liaisons de déraison du politique et du priapique. Le cinéaste adresse un clin
d’œil téléphonique, voire téléphoné, au Petit Soldat (1963) de l’admiré
Godard, mais son fasciste triste, de
facto par défaut, ressemble à un ersatz du Samouraï (1967) de
Melville, chapeau en stéréo. Le chauffeur collaborateur du vrai-faux meurtrier
traumatisé, dégoûté par sa lâcheté de « dégueulasse » assassinat en
Savoie, en féerique forêt, manque de s’endormir au volant et le spectateur en
fait autant, mis en présence d’un récit incertain et discontinu, révisionnisme esthétique
so seventies oblige. À Rome puis Paris, on (re)visite l’EUR et une
fameuse tour, on papote de Platon, on cite aussi Hadrien, parce qu’il le vaut
bien, on danse entre dames, on dévie de la comédie noire vers le sentimental
mélodrame. En boucle bouclée, le conformiste cette fois-ci défait, papounet au
foyer obligé d’héberger des « réfugiés » au lieu de les refouler,
retrouve son aveugle préféré, assorti d’un second conducteur, Clémenti
désormais dégarni, en train de tapiner du côté du Colisée. La factice nécessité
d’une anormale « normalité » malsaine et mussolinienne, aussitôt rendue
caduque par ce deus ex machina pas
sympa, en plus du poids des responsabilités de la camée mamma et du perturbé
papa, le falot Marcello nous scrute à proximité d’un brasero. « La vie est
à nous » clignote l’enseigne renoirienne, la solitude lui sied corrige la
coda, moralité d’une âme damnée, à contre-courant du temps en mouvement, dès le
début à la périphérie de la vie, silhouette suspecte plutôt que proustienne de La Tragédie
d’un homme ridicule (1981).
Un être compartimenté, frustré et égocentrique qui masque son manque, qui ne s'assume qu'au travers de norme idéale et irréelle, plaisir de petit desposte qui a un moment donné frise le suicide, si cela ressemble à s'y méprendre à certaine scène du Samouraï c'est sans doute pour une raison significative. Moravia mettait l'éclairage sur le destin, ici on appuie sur le côté Freudien, à l'image des années trente où la montée en puissance de la thèse de l'inconscient monte en flèche...Dans ces outrances , ce film interroge comme la lecture d'une fable, d'autant qu'actuellement notre côté désincarné et compulsif nous réduit à l'état de consommateur pressé d'objets de films ou de bien d'autres. choses guidés par une efficiente machinerie aveugle ..
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