La Nuit des fous vivants
Un métrage, une image : Dément (1982)
Le prologue onirique et drolatique
donne le ton, rappelle que le réalisateur toutefois tout sauf fan d’horreur va directo diriger La
Revanche de Freddy (1982). L’épilogue avec l’imposant Jack Palance,
entré sans payer, pourvu d’un pistolet, aux prises avec une groupie « rendue
dingue » par la musique merdique, paraphe le message d’insanité
généralisée, sinon amusée, comme si le meurtrier dessillé, par l’emprisonnement
militaire traumatisé, trouvait in
extremis sa moitié menacée, passage de témoin malsain entre des générations
à l’unisson. Entre ces deux instants assez excellents, Sholder, bien sûr bientôt
l’auteur du recommandable Hidden (1987), fait ses débuts sous
l’égide de New Line et surtout de Robert Shaye, sœur de celui-ci en
standardiste en dérangement incluse. Le collaborateur de Craven, Jackson ou
Waters accorde donc sa confiance à l’ancien monteur tout sauf amateur. Le
scénariste cinéaste signe ainsi une association de saison de Vol
au-dessus d’un nid de coucou (Forman, 1975) et La Dernière Maison sur la gauche
(Craven, 1972). En résumé, Dément, aka Alone in the Dark, amitiés à l’assiégée Audrey (Wait
Until Dark, Young, 1967), ressemble à un démenti, à une remise en cause
de l’antipsychiatrie. Comme ses homologues Cooper & Laing, le directeur
drogué de l’impeccable Donald Pleasence ne parle de pathologie, évoque le « voyage »
des barjots, à peine empêchés par l’emploi de l’électricité. Si tout le monde,
chacun à sa manière, plus ou moins amère, s’avère cinglé, que devient en
définitive la normalité ? Le débat se déploie en famille, à domicile,
siège incertain, satirique, où se disputent le nouveau dirlo, son épouse, sa
fifille, sa sœurette sortie d’une dépression et un paranoïaque, un pyromane, un
pédophile, un hémophile, ouf. À côté de l’intense Martin Landau porté sur le
prêche et le flambeau, on remarque un juvénile Dwight Schultz sur le point
d’interpréter le Looping à l’ouest de L’Agence tous risques. Au cours d’un
blackout éclairant, masque de hockey du sieur Jason compris, sapristi,
nos quatre cavaliers apocalyptiques aliénés s’évadent et s’en vont semer la
destruction à l’horizon, désemparés par une disparition in fine infirmée par la TV. La
baby-sitter et son petit copain
trépassent, un policier invité à dîner idem,
Donald se déguise en van Gogh. On le voit, la violence inversée, exercée au
sein d’une « violente société », en effet, évite le risque du
droitisme. Dément par conséquent ne plaide la détention ni la sédation, se
limite à illustrer la ruralité US en asile réversible, le Poe du Système
du docteur Goudron et du professeur Plume opine.
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