Comment tuer sa mère

 

Un métrage, une image : À la limite du cauchemar (1981)

D’un inceste au suivant – après l’Électre obsolète de Émilie, l’enfant du diable (Dallamano, 1975), voilà la Jocaste jobastre mais Médée de À la limite du cauchemar. Dès le début, on se doute que la tante va s’avérer aussi cinglée qu’un certain Torrance (Shining, Kubrick, 1980) et la suite le confirme vite, introduction de décapitation co-conduite par le DP Jan de Bont. Une fois les parents apparents expédiés ad patres, la chère Cheryl s’éveille et veille au réveil de son beau Billy, futur étudiant chouchouté par son coach lui demandant de passer après l’exercice et la douche dans son bureau, par la gentille Julie fanatique de photographie trouvant qu’ils ne font pas assez l’amour, détesté par un condisciple jaloux puis par un policier à fond homophobe. Car la tantine au creux de sa cuisine poignarde un réparateur de TV lui-même « pédé », comme le prof de sport précité, sa moitié, par conséquent peu intéressé par sa pressante sexualité de ménagère en manque et frustrée. Moins con que son comparse, Cook se fait quand même couper sa mimine alors que l’affaire il éclairait, au propre et au figuré. La juvénile rivale assommée à l’attendrisseur de malheur, ensuite presque noyée à proximité, la voisine intrusive mouchée à la machette, Billy alité au grenier, chambre d’enfant recréée, à présent au courant de son réel pedigree, par extension ou déduction des freins autrefois trafiqués, le couple improbable et tout sauf imperturbable s’affronte sans merci, Cheryl elle-même meurtrière de son papounet momifié sur un tisonnier empalée par Billy. L’inspecteur et le sportif s’occupent de l’épilogue, conclu par notre orphelin peu serein aussitôt transformé en tueur de flic, fichtre. Dirigé par l’anecdotique William Asher, mari de la bien-aimée Elizabeth Montgomery et téléaste en série(s), Butcher, Baker, Nightmare Maker s’apprécie en mélodrame outrancier à tendance psychanalytique. Avec ses emprunts à Soupçons et Psychose (Hitchcock, 1941 et 1960), avec son filigrane gay friendly, ce conte d’éducation et d’émancipation mérite une modeste exhumation, surtout en raison de l’excellente interprétation de Susan Tyrrell, croisée chez Huston (Fat City, 1972) ou Verhoeven (La Chair et le Sang, 1985), à côté de laquelle la Pamela Voorhees de Vendredi 13 (Cunningham, 1980) semble un modèle de discrétion et de mansuétude. La folle affole son fiston, « folle » ou non, en démente maternelle à la truelle…

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