Julia

 

Un métrage, une image : Le Cercle infernal (1977).

Au commencement, l’étouffement d’une enfant, suivi d’une trachéotomie qui rougit ; à la fin, un fauteuil, un travelling révélateur, une boucle bouclée, en effet : Full Circle (Loncraine) déploie une panoplie un peu rassie de piaule pas drôle, de spiritisme à domicile, de passé incapable de (tré)passer. On peut par conséquent l’apprécier en « film fantastique », les anglophones préfèrent parler de supernatural, puisqu’en plus adapté du spécialiste Peter Straub, pas encore en partenariat avec Stephen King, par la paire des co-scénaristes Bromley Davenport (Xtro, 1983) & Humphries (Quadrophenia, Roddam, 1979). Les cinéphiles sensibles, plutôt les admirateurs de la remarquable Mia Farrow, adouberont davantage le mélodrame maternel, pointeront la culpabilité d’une survivante vaillante et in fine défaillante. Cependant, en vérité subjective, il ne s’agit ni d’un « film de fantômes » ni d’une étude du deuil. Les spectres, même celui d’une gamine présentée par ses proches en perverse, presque en possédée, se soucient-ils de chutes dans l’escalier, de radiateur à éteindre, d’interrupteur à presser, d’électrocution à la maison ? Bien sûr que non, contrairement à une femme en fuite, installée au sein de sa folie. Si la juvénile Olivia castra autrefois le « fils de Boche », l’impulsive Julia congédie son maudit mari, son accueillant ami, à savoir les vrais-faux rivaux Dullea & Conti, comme elle évacue illico l’alcoolo. La maman du premier enfant étouffé, lucide, aveuglée, affirme « un meurtre est un crime perpétuel » et la génitrice de l’instigatrice, « hantise » supposée, elle-même en asile placée, d’une crise cardiaque aussitôt décédée, confirme que « jamais le mal ne meurt ». Photographié en soft focus par Peter Hannan (Une nuit de réflexion, Roeg, 1985), musiqué à l’unisson par Colin Towns (Rawhead Rex, Pavlou, 1986), cet opus posé, soigné, languissant, in extremis troublant, au filigrane féministe, esquisse ainsi une tueuse en série, une enquêtrice existentielle, dont le suicide à bras ouverts, à cou coupé découvert, vient mettre un terme définitif au surgissement progressif d’une évidence inacceptable, celle de la transmission de la démence, de la violence, de la conscience. La mère amère, pareillement menacée, instrumentalisée, de Rosemary’s Baby (Polanski, 1968), contrecarrait la cabale infernale ou mentale, se décidait en faveur de la vie, tant pis pour le prix. Son homologue de Full Circle, fable affable de double infanticide, immobile sur des marches, disparue au plan suivant, la minote au miroir avisant, (se) donne la mort, s’endort au creux du décor, de quoi dérouter des représentations sexuées stéréotypées, sinon expliquer un insuccès, dommage selon Avoriaz.          

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