Elektra

 

Un métrage, une image : Émilie, l’enfant des ténèbres (1975)

Matrice apocryphe, presque apocalyptique, de La Malédiction (Donner, 1976) et Obsession (De Palma, idem), le film féminin de Dallamano (Mais... qu’avez-vous fait à Solange ?, 1972) carbure au complexe d’Électre carabiné car une gamine guère magnanime y décime sa maman, sa gouvernante, essaie de se débarrasser d’une troisième rivale, réveil nocturne de feu of course infernal, avant d’aller s’empaler auprès de son papounet, grâce à une dague à double lame, dame. Richard Johnson (La Maison du diable, Wise, 1963) joue au documentariste diabolique, Nicoletta Elmi (Qui l’a vue mourir ?, Lado, 1972) incarne sa fifille tout sauf tranquille, Ida Galli/Evelyn Stewart (Les Sorcières du bord du lac, Cervi, 1970) simule le stoïcisme, Joanna Cassidy (Under Fire, Spottiswoode, 1983) se déguise en accorte productrice exécutive et Lila Kedrova (Les Égouts du paradis, Giovanni, 1979) en comtesse cartomancienne sympa. Comme au creux du contemporain Les Frissons de l’angoisse (Argento, 1975), une peinture picturale s’avère cruciale, mise en abyme et miroir mouroir d’une sombre histoire, co-écrite par le couple Franco Marotta & Laura Toscano, à base de médaillon ensanglanté, en effet, titre d’origine en prime, de possession puérile, de répétition du passé. Terminé sur une citation papale à propos de l’Adversaire séculaire, vénère, l’item de l’estimable Massimo se structure en stéréo, puisque deux dates, deux gosses, deux rousses, couleur capillaire indeed incendiaire, brûle bien, chère sorcière, deux bijoux, deux feux itou. Pour ne pas épouser son père, la Catherine Deneuve de Peau d’âne (Demy, 1970) filait en forêt ; pour gémir après son géniteur, Emily/Emilia se suicidera. L’ancien directeur de la photographie du diptyque de Leone (Pour une poignée de dollars, 1964 + Pour quelques dollars de plus, 1965) bénéficie du travail soigné de son DP Delli Colli (Je suis une légende, Ragona & Salkow, 1954) et du thème mélancolique de Cipriani décliné ad nauseam. Ici, la prise de vues s’apparente à une ectoplasmique épiphanie, la caméra méta filme ce que l’équipe de tournage ne voit pas, pourtant poignarder le tableau ne saurait suffire à se délester du fardeau, du Portrait de Dorian Gray (Lewin, 1945) a contrario. Ici, pas d’inceste in extremis souriant, à la De Palma & Schrader, juste un adulte et une enfant fissa transformés en gisant, amour mortel magnifié de manière élancée, enlacée, selon l’éternité.

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