The Comeback : Mon idole


Retour aux affaires du disquaire ou affaire de feeling crypto-réactionnaire.  


Film en partie de terreur sonore, The Comeback (1978) se situe entre La Maison du diable (Wise, 1963) et Berberian Sound Studio (Strickland, 2012). Après six ans d’absence dus à son mariage d’indépendance, un chanteur divorcé reprend le chemin des enregistrements et va se mettre au vert dans un manoir du Surrey à la domesticité réduite à une majuscule. Mr. & Mrs. B s’avéreront vite les meurtriers de l’ex, de l’assistant occis au sein d’un ascenseur à la Alan Parker (Angel Heart, 1987), accessoirement les geôliers d’une secrétaire amourachée, illico emmurée à la Poe après une nuit de fornication. Ce qui les motiva ? Le suicide de leur fifille adorée, elle-même fan dévastée à l’annonce des noces de l’idole. Œuvre anglaise oblige, The Comeback inclut donc des rapports de classes, de la grisaille générale, du sexe express, interrompu, un humour discret, cf. les titres des livres littéralement de chevet, Circus d’Alistair MacLean puis guide de yoga, une homosexualité effleurée, puisque le producteur-manager Webster aime le soir, au miroir, se travestir à la Dirk Bogarde surmaquillé par Luchino Visconti selon Mort à Venise (1971). Jack Jones ne pousse plus la chansonnette sentimentale de La Croisière s’amuse mais frise l’asile car victime d’une machination un peu à la con visant à le faire se supprimer de ses propres mains, innocent coupable influençable et influencé par les bandes doloristes de l’adolescente défunte. En sus du lavage de cerveau, ou plutôt d’oreille, notre transparent crooner doit affronter des visions de cadavre à la Psychose (Hitchcock, 1960) et la coda déploiera un spectral salut, sa Gail trucidée à la serpe du penthouse au début, à son tour revenue (d’entre les mortes) derrière une vitre en hauteur, le surplombant-hantant pour son malheur, alors que le couple fou à lier vient de s’infliger une justice accidentelle.



Habitué de ce type de produits soignés, doucement scandaleux, avec du sang onctueux et des ébats en sourdine, Pete Walker semble obsédé par la décomposition de la progéniture de Jack Palance, assez superbe Holly, et son visage se détériore au fil du film, des inserts à la Lucio Fulci. Vers, mouches, gros rat : une horreur progressive et massive paraît répondre à la beauté désarticulée de celle qui voulait émanciper son rossignol falot des griffes du proprio à rimmel, incarné avec gouaille par David Doyle, le Bosley de Drôles de dames. La June Chadwick de V fait un caméo d’infirmière, Penny Irving se rhabille, Sheila Keith rempile, accent écossais en prime, et Pamela Stephenson illumine de sa grâce candide un item un brin anonyme, timide en matière de fantastique et anecdotique au niveau satirique, le De Palma de Phantom of the Paradise (1974) déjà (admirablement) passé par là. Mentionnons aussi les noms des estimables Peter Jessop à la direction de la photographie et du regretté Stanley Myers à la composition, notamment auteur du contemporain Voyage au bout de l’enfer (Cimino, 1978). Certes, tout ceci sent son téléfilm de luxe et ne brille guère par son intensité. Néanmoins, outre le séduisant casting féminin, les cinéphiles anglophiles et anglophones peuvent savourer un certain climat dépressif, bien établi dès le prologue et maintenu ensuite. Bientôt octogénaire, le polymorphe Pete Walker se définit lui-même en faiseur dépourvu de profondeur, laissant à d’autres compatriotes, Ken Loach pour ne pas le nommer, la (bonne) conscience sociale caractéristique de la filmographie nationale. Et cependant son opus superficiel, inoffensif, capture quelque chose des années Thatcher, Miss Margaret sur le point de devenir Premier ministre insulaire.


En 1978, en Angleterre, une vraie-fausse sorcière dessoude une séparée, un petit mec pas net, maltraite une maîtresse de quinqua queer ; dans la supposée vraie vie, peut-être davantage puritaine, une mauvaise fée s’apprête à désenchanter le monde ouvrier. Quarante ans plus tard, Monsieur Emmanuel Macron et sa clique merdique osant citer Marx, mon Dieu, dirigent (affligent) l’amicale rivale d’Albion au terme d’une élection de saison. Un comeback ? Un putain de hold-up, indeed

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