Halloween : Jason X


Revenir à Haddonfield ? Presque « trop vieux pour ces conneries », hein, Danny ? 


J’aime Jamie Lee Curtis et j’aime John Carpenter, mais cette bande-annonce fait peur, et pas pour de bonnes raisons, non, non, non. Co-produit par JC et le petit épicier à succès Jason Blum, responsable des lucratives pitreries de Paranormal Activity, le film signé David Gordon Green (Inferno) – qui ça ? Ah, oui, le mec derrière la caméra pour le dispensable Joe avec Nicolas Cage – paraît un redoutable concentré de gérontophilie à main armée, de jeunisme décérébré, de révisionnisme narratif, exit le lien familial au filigrane incestueux unissant Laurie Strode & Michael Myers. Cela ne te suffit point, amateur d’horreur ? Voici en Scope un couple d’enquêteurs casse-couilles à la Conjuring, à l’accent britannique exotique, voilà un asile géométrique, vrai-faux échiquier au centre du bâtiment d’insanité, un meurtre de toilettes à faire se marrer le De Palma de Blow Out et même un minot noir – depuis Get Out, itou financé par JB, la supposée minorité apparaît en marché de niche, dans le sillage des homosexuels sollicités à la truelle – et un croque-mitaine de placard, sans doute à l’instar de la nouvelle homonyme, psychanalytique et satirique, d’un certain Stephen King. Ce qui cloche, au sein de ces images tout sauf moches, puisque la nullité sait désormais s’habiller, séduire l’œil aveuglé, dissipé, avec des atours de publicité, de classicisme essoré ? À peu près tout, c’est-à-dire rien, à se mettre sous la dent, à donner envie de rentrer dedans. On efface tout, on recommence, on applique le principe d’amnésie du ciné, on raye d’un trait rouge les réussites du marginal Halloween III : Le Sang du sorcier (Tommy Lee Wallace, 1982) et du terminal Halloween, 20 ans après (Steve Miner, 1998), même si les scénaristes promettent de parsemer l’opus de clins d’œil à l’usage des fans de la franchise, public à brosser dans le sens du poil (ou du cil), certainement pas à désarçonner à la manière d’un Rob Zombie naguère, meilleur ennemi de Carpenter, qui, assez (in)suffisant, se souciait d’associer le gosse assassin devenu grand à un passé pénible, à une psychologie de pacotille.


The Shape, selon Big John, doit rester/redevenir une abstraction, certes plus incarnée que le Diable quantique et vidéographique de Prince des ténèbres. Admettons, réjouissons-nous de revoir la fille de ses parents vivante et vénère, ne prêtons pas les pires intentions à un produit, pardon, une sortie prévue en octobre, histoire de fêter via le calendrier un titre quadragénaire. D’ailleurs, je ne juge jamais un livre à sa couverture et moins encore un film à son affiche, à son résumé, à son montage d’extraits. Je ne veux qu’évaluer avec une valeureuse subjectivité des œuvres à voir, à visionner, à vanter, plus rarement à vomir, trop peu de temps et de (dé)goût pour ceci. Il n’empêche que l’épisode provisoirement ultime, aménagé par Miramax, ave Harvey, d’une série aux items disons médiocres, pour ne pas écrire minables, semble se noyer dans une nostalgie rassie et un lifting fastidieux. En 2018, n’existe-t-il donc pas mille et un motifs de frissonner au cinéma (et au-delà) autrement qu’en allant sagement, poliment, avec l’aval des survivants, déterrer un automate mutique, un criminel increvable, une coquille vide rendue anecdotique par son inanité, rétive à tout vertige à cause de ses épuisantes déclinaisons à la con ? À Hollywood, on refourgue la formule, on alimente la Toile, on file de la salive aux assermentés des magazines classés spécialisés, on désole les détracteurs de ces (parfois) merveilleux malheurs. Halloween 2 x 20 rivalisera-t-il avec les abysses de Amityville: The Awakening, la calamité de Franck Khalfoun commise en 2017, encore chaperonnée par l’incontournable JB ? Souhaitons que non, sinon l’on se fera un Sinister plaisir d’incendier à nouveau la maison Blumhouse, indigne de celle du cher Usher. En attendant, ne nous montrons pas malveillants, impatients et pensons une poignée de secondes aux réellement regrettés Debra Hill & Donald Pleasence, n’en déplaise à tous ceux – déjà quinze millions de vues au compteur, Seigneur ! – qui trépignent par avance des réjouissances de ce guère excitant Halloween, métrage et mois, voilà, voilà…


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