The Breed : Les Chiens


Assaut de molosses au bord de l’eau, sur hydravion, jusqu’au grenier/dernier.


Lecteur amateur de terreur, je sous-entends évidemment la lectrice complice, tu souhaites passer un samedi soir peinard, sans prise de tête, à picorer peut-être du pop-corn sur ton canapé, devant ta TV, ton PC ? Je dispose d’une dope ad hoc, je te propose de mater un film rempli de clébards furibards, de dogues très rogues, guère commodes, car, crois-le ou pas, ils virent leur ADN molto modifié par des militaires jouant les Mengele. Tu salives, tu t’excites, tu montres les crocs d’un accro, tu t’interroges à propos de quoi je cause : sache que j’écris sur The Breed, série B cynophile commise en 2006 par Nick Mastandrea, ancien assistant de Wes Craven, ici executive producer, durant Freddy sort de la nuit et auparavant formé par Romero ou Landis. Dans un éden sud-africain, cinq étudiants bien trop grands partis pour une semaine de détente se voient projetés en plein survival insulaire. Les relous toutous précités rêvent de les bouffer, de les chasser hors de leur territoire délimité à l’urine, d’où l’odeur étrange remarquablement remarquée par le frère de l’apprenti vétérinaire, qui lui explique aussitôt ce que je viens de te dire plus haut. En effet, des cabots point cabotins mais très sanguins, ceci ne saurait suffire à ton plaisir, à maintenir ton attention tout du long, alors voici une seconde ligne narrative de rivalité fraternelle, de passé à solder, d’ex pas rancunière, de retrouvailles au contact des funérailles. « Le Noir meurt toujours en premier » nous informent les militants des droits civiques se piquant de cinéphilie horrifique, et ma foi on ne les contredira pas sur ce coup-là. Hill Harper s’y colle, à la cave de l’oncle ermite, mort récent épris de zoologie, parmi du Médoc millésimé 1985, tu m’en diras des nouvelles, ma vieille.


Le suit de près une blonde affamée, littéralement enragée, bientôt défenestrée puis empalée avec son agresseur à quatre pattes sur un tourniquet mollement en mouvement. Un peu plus tôt, sa copine brune, partie féminine du triangle supra, suis-moi, se faisait transpercer le mollet par un Robin des Bois raté. Finalement, notre trio embarqué, boucle bouclée, sur le beau rafiot du couple du prologue, eux-mêmes décimés par les canidés, en deux temps, à retardement, raccord inversé de cadavre en croix et d’ailes d’aéroplane inclus, s’accorde une minute de répit, illico compromis, puisque à bord du Wanderer errait au creux de la cabine une féroce paire de canines sautant sur les survivants et l’écran. Je t’épargnerai s’il te plaît le pedigree du chien au ciné, je te renvoie, si cela te va, vers White God + Dressé pour tuer, abordés sur ton blog préféré, vers Wilderness classé dans ma collection anglaise ; je me borne à mentionner pour ton édification cette irrésistible réplique de saison proférée en épitaphe pour clebs cramés, explosés : « Give Cujo my best! » Du meilleur, tu en trouveras certes ailleurs que dans ce téléfilm appliqué, en partie tourné au steadicam et à la grue, écrit à deux, pauvres malheureux, interprété avec une médiocrité communicative par Michelle Rodriguez, « triple championne d’escalade » diégétique, par la girlfriend d’Eminem dans 8 Mile aux faux airs de Meg Ryan, par le frère de Kate Hudson, celui de Blake Lively, aussi aux prises avec des bestioles dans Instinct de survie, par le régulier d’une série d’expertise sise à Manhattan. Apprécions l’efficacité artisanale des scènes d’action, saluons les cinq dresseurs, dont une dame, applaudissons les pensionnaires de la meute estimée à une trentaine, d’un professionnalisme digne d’éloges, méritant bien mille os. Du cinéma, ça ? Concédons volontiers du divertissement modeste, réaliste et invraisemblable, vide et convivial, inoffensif et heureusement bref – une soirée doucement décérébrée, on te disait…    

    

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