Génération Proteus : The Golden Child
« Graine
démoniaque » ? Connerie de Koontz…
Saisissez Seule dans la nuit
(Young, 1967), mélangez-le à Inseminoid (Warren, 1981),
saupoudrez de 2001, l’Odyssée de l’espace (Kubrick, 1968), ajoutez un soupçon
de Sliver
(Noyce, 1993), une larme de Rosemary’s Baby (Polanski, 1968) et
assaisonnez d’une pincée de Ne vous retournez pas (Roeg, 1973) :
vous obtiendrez Génération Proteus (Cammell, 1977), mets réchauffé, comestible insipide,
téléfilm financé par la MGM. Pour subir ceci, il convient de beaucoup apprécier
Julie Christie, il faut être fanatique de Fielding. Huis clos de mélo maternel,
Demon Seed donne à voir et entendre un ordinateur mateur, aux éléments « organiques »,
aux préoccupations écologiques, à la moralité malléable, à la mortalité
inacceptable. Proteus, Protée de vidéo-surveillance, rêve de sortir de sa « boîte »,
diable impitoyable entiché de fœtus.
Fissa fécondée, la psy pour enfants, accessoirement mère orpheline de gamine
leucémique, amen, met au monde, au
bout de vingt-huit jours, cycle menstruel de maternité accélérée, une créature
en armure. Sous la coquille métallique, une réplique presque parfaite de la minote
inhumée, ressuscitée en vidéo sado. « Je suis vivant ! »
prévient-elle les parents, le père protecteur, la mère avorteuse, de sa voix
vraiment virile. On pense alors à l’épilogue de L’Emprise (Furie, 1982),
où la pauvre Barbara Hershey, pareillement violée, de manière davantage brutale
et itérative, certes, revenait chez elle, accueillie par un menaçant et
hilarant « Bienvenue à la maison, salope ! » Cinéaste éphémère,
suicidaire, co-signataire, avec Roeg, again,
du Performance
(1970) de Fox & Jagger, Cammell l’Écossais ne casse pas des briques, plutôt
porté sur les formes géométriques, ésotériques, les structures de laboratoire
létales, les épouses sur le point de divorcer contre leur gré, mariées à des scientifiques
obsédés, pas par le sexe, soumis à la compagnie ICON, un salut à la société de
Gibson.
Sinon, la famille Jaffe produit,
écrit ; Butler éclaire, après Les Dents de la mer (Spielberg,
1975), en même temps que Capricorn One (Hyams, 1977) ; le
fidèle Mazzola assemble ; Weaver & Graham accomplissent des caméos
falots. Doté d’un intitulé original très religieux, Demon Seed associe donc
médecine et domotique, linguiste asiatique et fauteuil roulant au bras
mécanique, visite promotionnelle de capitalistes en costard et examen gynécologique dans le coltard,
mise en scènes d’imagerie, menaces de conditionnement, détournement de
télescope stellaire et polygone de couveuse. Comment acquérir
l’immortalité ? En se reproduisant, pardi. En matière d’étoiles, la seule
à briller ici s’avère bien sûr l’interprète mature
et mémorable du Docteur Jivago, (Lean, 1965), de Fahrenheit 451 (Truffaut,
1966), de Don’t Look Now (Roeg, 1973). Sans elle, on s’emmerde ;
avec elle, on endure. Quant à la double moralité du conte cacochyme, sa persona de Susan la résume ainsi,
s’enregistre en solo : « Et nos enfants sont intégrés à ce même
système destiné à automatiser les êtres pour accroître la production. Notre
soi-disant libération s’est transformée en désir refoulé. » Film
artificiel sur l’intelligence dite artificielle, les bonnes intentions
infernales, la vérité irrecevable, Génération Proteus s’achève en zoom avant sur le gros plan d’un œil de
gosse céleste, citation d’occasion du miston odysséen précité. En réalité, il
ne va nulle part, ne possède ni suspense
ni pertinence, vieillerie puérile, vanité malhabile, vaguement misogyne, qui
semble inconsciente du caractère assez risible de son sujet, affiche un esprit
de sérieux rédhibitoire, à des années-lumière de la moindre satire matrimoniale
ou du rape and revenge par
procuration, au risque de la pasteurisation. Une fable féministe amusante et
inquiétante, à l’instar, par exemple, des Femmes de Stepford (Forbes,
1975) ? Un navet de nursery
déguisé en drame adulte, endeuillé, phobique et prophétique. Dear Julie, qu’alliez-vous faire au cœur
de cette galère mortuaire, à part, of
course, comme quasiment nous tous, payer vos pénibles impôts…
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