Musica bionda
Olivier Véran vous donne envie de vomir ? Nora Orlandi devrait vous
radoucir…
On compte peu de compositrices de « musiques de films », on peut le déplorer, non en raison d’une politiquement correcte « parité », plutôt parce que tous les talents d’hier et de maintenant se doivent d’être mis en avant, par votre serviteur pas seulement. Sur cette playlist de trente titres, due à mes soins de cinéphile mélomane, assez énamouré des douces puissances de la dame, vous (re)découvrirez d’abord une vocaliste virtuose et une chanteuse valeureuse, ensuite une véritable créatrice, n’en déplaise aux pauvres machistes refusant aux femmes en sus le domaine de la musique, en plus « appliquée », on la désigne ainsi en Italie, à des « genres » classés masculins. Mais, ici aussi, il n’existe que des imageries, de la diversité au sein de l’unité du ciné dégenré, alors la musicienne sereine, chère pionnière, presque orpheline transalpine, sut illustrer, sinon transcender, dotée d’habileté, sensibilité, inspiration, émotion, des « westerns spaghetti », dénomination raciste et risible, d’accord avec Leone, du « giallo » comme il faut, un soupçon d’espionnage européen, elle le valait bien. Fifille d’une cantatrice, elle-même de formation classique puis professeur apprécié, pianiste à domicile imitant de manière humoristique le galop des chevaux, après avoir joué le thème de Johnny Yuma (Romolo Guerrieri, 1966), la signora Nora Orlandi, durant une décennie, du mitan des années soixante jusqu’à la moitié des seventies, se moqua donc du qu’en-dira-t-on, de la sexuée discrimination, traça sa voie via sa voix, celle d’une artiste sérieuse et malicieuse, ludique et mélancolique, collaboratrice complice, jamais soumise, passive, de pointures appelées, par ordre d’apparition du son, Armando Trovajoli, Guido Pistocchi, Ennio Morricone & Paolo Ormi, Gianni Marchetti, Vittorio Gelmetti ou Stelvio Cipriani, doublure sans imposture par exemple de Catherine Spaak & Edwige Fenech. Car parcourir sa discographie, sa filmographie, s’assimile bien sûr à ressusciter de façon casquée la splendeur passée d’un certain cinéma italien, estampillé populaire, point de rien, où reconnaître des items de Riccardo Freda & Luigi Cozzi, eh oui. En solo, en duo, remplacée par des alter ego vocaux, disons Johnny supra ou Clint, l'homme de la vallée sauvage (Alfonso Balcázar, 1967), quel prénom connoté, olé, entourée de partenaires parmi ses groupes aux intitulés numériques, d’additions à l’unisson, 2 + 2, 4 + 4, à (double) visage découvert ou dissimulée derrière des pseudonymes du temps, d’antan, Joan Christian, Jan Christiane, Silvie St Laurent, Nora Orlandi chante, enchante, réenchante une sinistre réalité, en salles, dans la Cité, la blondeur de son c(h)œur, L’Adorable Corps de Deborah (Guerrieri, 1968) ou pas, nous éclaire encore, puisque à équidistance de la désespérance, du contrôle des corps…
"bien sûr à ressusciter de façon casquée la splendeur passée d’un certain cinéma italien, estampillé populaire", grand merci pour le plaisir de lecture !
RépondreSupprimerSouvenir souvenir de l'Italie que j'ai appréciée, connue dans mes très jeunes années...
Merci surtout à vous ; l'Italie ? Un pays, une imagerie, une proximité, une idée...
SupprimerDans un autre registre en clin d'oeil cinématographique :
SupprimerTels sont les « fantômes aveugles du souffle » de Maurizio Cattelan : une expérience d’immersion et d’émotion dans un lieu où l’architecture est transformée en environnement psychologique, avec des scènes de film, des acteurs de pièce de théâtre dont « l’assemblage amplifie le sens » (Cattelan).https://blogs.mediapart.fr/geographies-en-mouvement/blog/140821/maurizio-cattelan-milan-la-tache-de-l-art-reflechir-sur-le-monde
Lecture recommandée :
Supprimerhttp://www.actes-sud.fr/catalogue/point-omega
"Qu’un acteur remue un muscle, que des
Supprimeryeux cillent, et c’était une révélation. Chaque
geste était divisé en composantes si distinctes
du tout que le spectateur se trouvait coupé
de tout recours à l’anticipation.
Tout le monde regardait quelque chose.
Lui regardait les deux hommes, eux regardaient l’écran, Anthony Perkins regardait par
le judas Janet Leigh se déshabiller.
Personne ne le regardait. C’était là le monde
idéal tel qu’il aurait pu le concevoir en esprit. "
Cette lecture me remet en mémoire le "film vécu "de la visite du site LE GRAND HORNU (MUSEE DES ARTS CONTEMPORAINS DE WALLONIE-BRUXELLES) au tournant des années deux mille.
Un site minier désaffecté, des installations vidéos dans de grandes salles vides, un gardien qui n'attirait le regard de personne, j'avais engagé la conversation non autour de l'artiste exposé mais du lieu historique, c'est alors qu'il s'était comme réveillé de sa torpeur, un véritable puits de science, il avait de la famille des ancêtres qui avaient connu le Van Gogh du Borinage, La maison Decrucq et son odeur si particulière avant restauration, et dans cette maison musée une rencontre étonnante également un descendant du peintre qui voyant mon émotion si différente de l'attitude habituelle des touristes m'avait confié que selon la tradition d'une des branches familiales, le peintre ne serait pas suicidé mais aurait été assassiné car trop gênant et séducteur en particulier de beaux partis...
Version consacrée remise en cause ici aussi :
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=E34KNeht8_g