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Un métrage, une image : Born To Win (1971)
Méconnue comédie dramatique et
sentimentale portée par le subtil George Segal, Born To Win d’Ivan Passer
constitue donc le second film. Moins fameux que son collaborateur et compatriote
Miloš Forman, comme lui-même exilé en Amérique nordiste, pour cause d’invasion
de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie, le cinéaste
co-scénariste délivre un ouvrage de son âge, au creux duquel découvrir
l’anecdotique caméo d’un jeunot Robert De Niro, policier des stups doté d’un
bonnet bientôt chipé par l’Al Pacino de Serpico (Sidney Lumet, 1973). Lesté
d’un titre antithétique, de tatouage à naufrage, ce portrait à la fois triste
et amusé d’un « habitué », pas d’un « accro », appréciez le
spécieux distinguo, d’un autrefois
coiffeur, jadis déjà et désormais indicateur, vain voleur charmeur de
coffre-fort, de voiture, de fille pas si facile, de « paquet » à (r)apporter,
radiographie en sourdine un certain spleen,
celui d’un volontaire asservissement du seventies
Occident, désir d’esclavage et de dommage ne pouvant qu’intéresser l’intéressé,
citoyen européen sous l’emprise du pouvoir praguois puis confronté aux
tankistes communistes. Lorsque son pote à la peau noire, traité de « schvartze »
entre Juifs au lexique argotique, occasion de démonstration d’un racisme soft, se réjouit de sa peu réjouissante
vie, en raison de son supposé « sens », dont aux autres, les propres,
revient souvent l’absurde absence, au quotidien se lever en quête de sa dose ad hoc,
J, aka Jerome, sous-homme pas un brin
nietzschéen, plutôt burroughsien, non-être à une lettre, ne lui répond, bouffe un
yoghourt, juché sur un banc (à la Blow Out, Brian De Palma,
1981) ici et maintenant. Passer saisit avec précision et réalisme cette
immanence à proximité de la désespérance, chronique de fin ouverte, cyclique,
annoncée via le tissu bienvenu d’un auvent de restaurant, sur lequel lire
l’explicite OPEN END, amen. Ni la
mélancolique Paula Prentiss, ex-femme
aux enfants californiens, à présent envapée tapineuse, doucement malheureuse, ni
la dynamique Karen Black, rencontre secourable, seconde chance instantanée,
inespérée, in extremis emportée par les poulets, prétexte malhonnête, ne
parviendront à faire dévier notre anti-héros tendre, tragique et rigolo, de sa
voie infernale, banale. Pas qu’au figuré lessivé loser encore
pourvu d’un cœur, J se démène en toxicomane
existentiel, victime de « l’entourage », du chantage, peut-être
condamné à crever, duo avec le dynamité Dynamite, d’un fix fatal, cadeau empoisonné que lui remet en toute simplicité,
lucidité, le vénéneux Vivian, latino Méphisto doux-amer de Times Square…
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