Satanic Panic : Les Diablesses
La cérémonie et l’hymen, les capitalistes et les
rebelles…
« Fangoria présente » un
(télé)film féminin, sinon féministe, où les femmes mènent la danse (forcément
macabre), où les hommes font de la figuration (accessoirement prophétique). Satanic Panic (Chelsea Stardust, 2019) prend acte de son temps, enregistre l’instant,
surtout aux USA, associe ainsi, à la périphérie, une raciste anti-Mexicains et
un « porc » guère serein (« balancé » ?
Éviscéré !). Le matriarcat revient donc à Rebecca (Romjin, autrefois
voleuse-rêveuse du falot Femme fatale, Brian De Palma, 2002),
moderne Médée presque immortelle, égorgeuse de sa fifille indocile (et
dépucelée), in fine décapitée (par
une rivale armée d’une croix maousse, of
course), tant pis pour l’article élogieux du lendemain, hein. La proie
improvisée des satanés satanistes se (sur)nomme Sam (Hayley Griffith l’incarne),
elle livre des pizzas, pourquoi pas, elle exige du riche le pourboire d’un
soir, elle tombe en panne (d’essence), elle va devenir une dame (c’est-à-dire devoir
perdre sa précieuse virginité, donner naissance à un démon redouté, ci-devant
le sieur Baphomet, amitiés à l’érudit Aleister Crowley, à Éliphas Lévi &
Pierre Klossowki, à Clive Barker & Hans Ruedi Giger). Auparavant, elle esquive
sa séquestration de saison, elle se débarrasse (accident bienséant) d’un mari
démuni (caméo de Jerry O’Connell, véritable époux de RR, croisé au ciné dans Mission
to Mars, De Palma, 2000), elle (r)échappe de peu à un tandem d’ennemies empalées (puis
électrocutées) sur leur propre godemichet ceinturé (en acier), monstrueuse
foreuse rappelant la perceuse phallique d’un vrai-faux Indien machiavélique (Body
Double, De Palma, 1984), elle s’allie (et la sauve, par écrit, par son
récit d’oncologie) à la rescapée dénudée (Ruby Modine, minote de Matt, vue dans
Happy
Birthdead, Christopher Landon, 2017), ligotée, bâillonnée, hélas in extremis sacrifiée, « Ta
génération ignore le sens du mot sacrifice », lui assène, malsaine, sa
mère vénère, sans merci, cf. supra.
Finalement, l’accouchement, naturellement
accompli sur fond d’orgie, pose un lapin, déploie deux lapins (matérialisation
du mantra d’apaisement), toujours se méfier d’une barrière de sel (de table)
imparfaite, chouette. Une gamine habillée à la Shining (Stanley Kubrick,
1980), aperçue au début, se révèle un succube supérieur, courroucé, capable
d’inverser l’irréversible (de relancer le film), de renverser l’ordre (le
désordre en effet infernal) de la secte suspecte. Survivante résiliente, dotée
d’une seconde chance, sa bestiole blanche à l’abri sous son blouson noir, Sam
la désargentée revient en ville, loin de la villa,
de son sabbat bourgeois, reprend ses cinq dollars
épinglés, caution d’exploitée, roule en souriant en direction de l’Australie ;
Nanni Moretti, sur sa vespa à lui, allait visiter le souvenir de Pasolini à
Ostie (Journal intime, 1993). Outre délivrer ce résumé, il convient de
rajouter que les effets spéciaux promis par le patronage du magazine spécialisé
raviront les cinéphiles épris de psy(chanalyse), puisqu’ils métaphorisent des
pratiques sexuelles à la truelle : fist-fucking
post-mortem (suivi d’une recette indeed
organique), doigté rectal (et vampirique) à la Naked Lunch (David
Cronenberg, 1991) ou fellation d’occasion (attaque de cape, ouvre ta bouche). Tout
ceci, torché (à Dallas, en dix-huit jours, par une assistante du « sinistre »
Jason Blum) avec une (paresseuse) impersonnalité forçant l’irrespect (du
spectateur, de l’amateur pourtant d’assez bonne humeur), procède par
conséquent, on s’en doute, on le lit, de la comédie, voire de la sociologie,
s’inscrit dans le sillage gentiment marxiste de l’anecdotique Wedding
Nightmare (Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillett, 2019), du
précurseur et farceur Society (Brian Yuzna, 1989) bien
avant lui, mérite son visionnage indulgent (de confinement) grâce à la grâce dédoublée
de Mesdemoiselles Griffith & Romijn, beau duo (à la niche, les machos) de
femmes fortes, à moitié mortes, d’actrices complices, de connivence à
distance.
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