Vampire, vous avez dit vampire ? 2 : Mauvais Sang
Quoi, un soir d’effroi ? Une resucée guère inspirée…
« Je ne veux pas croire aux
vampires » : en 1988, personne n’y croit plus, aux canines trop
pointues, mais tout le monde croit au SIDA, oui-da, qui tuera d’ailleurs
l’interprète de l’ami du protagoniste (Merritt Butrick, inhumé à vingt-neuf
ans). Tommy Lee Wallace, co-scénariste et réalisateur, pouvait faire de cette
suite anecdotique, presque agréable, très dispensable, une métaphore de
l’épidémie, conférer au mythe anémié un sang neuf de contexte, disons en mode La Mouche. Il opte a contrario
pour une comédie horrifique à la SOS Fantômes, il annonce même le campus mortel de Scream. Le prologue
résume en accéléré le volet précédent – l’adulescent se confie à son psy et
semble guéri, revenu à la raison. Hélas, quatre caisses font leur apparition, illico suivies de leurs propriétaires
patibulaires. Le chorégraphe Russell Clark incarne un skateur de malheur muet,
au bord du transgenre ; Brian Thompson, mémorable
« Équarrisseur » de Cobra, se délecte d’insectes. Tandis
que Roddy (McDowall) joue les Van Helsing has-been
de TV, la reine Regine fascine le héros insipide, cinéphile de séries
classées B bientôt contaminé, sur le point de se caser avec sa sympathique
étudiante WASP. L’amour à mort, une fois encore, sans Resnais, plutôt avec une
chauve-souris (pas celle, névrotique, remplie de fric, de Batman selon Nolan).
Notre voyeur amateur assiste à un « plan à trois » tournant mal, aux
allures de funérailles, puis s’invite à une party,
danse avec le succube, s’en va fissa rejoindre sa dulcinée (sa destinée). Cornélius,
pardon, Peter Vincent, resté en arrière, s’étonne de l’orgie en cours, mors-moi
dans le cou, mon chou, et surtout de l’absence de reflet du couple enlacé, en
mouvement. La vampiresse s’avère en vérité la sœur du croqueur occis
précédemment, comme le psychiatre (à lunettes) se révélera avoir les dents
longues.
Abrégeons : après un petit
passage par un asile davantage inspiré de Vol au-dessus d’un nid de coucou que
par celui du Renfield de Bram Stoker (similaire bouffeur de bestioles), la
lutte se terminera dans une crypte inondée de soleil, quelle merveille, avec
cercueil garni d’hosties consacrées, amen.
Durant l’épilogue, les tourtereaux devisent de l’avenir, de la croyance
impossible, allongés au milieu d’un jardin d’éden universitaire, solitaire, parterre
de roses à portée de main, croix ostentatoires autour du col. Que retenir au
passage (du ratage, renâclent les moins indulgents) ? Que TLW goûtera de
nouveau à l’ail pour le DTV Vampires 2 : Adieu vampires. Qu’il
retravaille de manière mineure le thème du simulacre au cœur du brillant,
envoûtant, Halloween III : Le Sang du sorcier (fausse artiste, maquillage
de morsures, imagerie réduite au divertissement télévisuel, mémoriel, déni du
benêt). Qu’il sait filmer, appréciez son classicisme stylisé par la belle
lumière (nocturne) de Mark Irwin (collaborateur de Cronenberg ou de Wes Craven),
par l’usage du panaglide, alors rival
du steadicam (revoyez l’ouverture en
POV d’apesanteur de Halloween). Que Julie Carmen, vue avant chez Cassavetes (Gloria,
voilà), ensuite dans L’Antre de la folie de Carpenter, possède
une grâce de (vraie) danseuse, une beauté sensuelle et sudiste (+ un ersatz d’arbre
emprunté à La Féline africaine de Paul Schrader). Que l’opus dépourvu de pieu connut une exposition
limitée, à cause d’un fait divers familial (boss
de studio assassiné par ses fistons, bon). Qu’on le visionna en VF et en ligne via une version d’excellente qualité
(sinon de rareté), qui rend justice au talent du DP. Que l’on se surprit à
sourire à ce « film de vampires », certes pas le meilleur ni non plus
le pire…
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