Polisse
Un métrage, une image : The Evil Next Door (2020)
If
you hear something late at night
Some
kind of trouble some kind of fight
Just
don’t ask me what it was
Suzanne Vega, Luka
On ne naît mère, on le devient :
à la sauce Simone, telle pourrait être la morale, à remonté moral, de The
Other Side, aka The
Evil Next Door, d’accord. Je réaffirme, fi de frime, que le
mélodramatique se dissimule souvent, essentiellement, sous l’horrifique, qu’il
constitue donc, disons, les fondations de l’édifice à risque, à catharsis, ce
que matérialise ce film, puisque son héroïne intrépide se recroqueville, au
cours du climax, du face-à-face, sous
les mitoyennes maisons. En surface, il s’agit ainsi d’emménager, de
(dys)fonctionner comme famille classée recomposée, de fissa se confronter à une
étrange entité, anthropomorphe, métamorphe, sorte d’ogre à domicile, in extremis
sensible, défié, défait. En profondeur, il s’agit aussi d’un cauchemar
maternel, dans lequel une nouvelle girlfriend,
songeuse, heureuse, anxieuse, se voit obligée de cohabiter avec un affreux
reflet, un fielleux refoulé, se voit en sus accusée par son copain, un brin
bourrin, de maltraitance, malchance. Parmi l’opus suédois, pays paraît-il en pointe en matière de parité, depuis
des années, les pères désespèrent, ne font la loi, exit le supposé patriarcat, pensent leurs épouses cinglées, à
dégager. Les femmes, en définitive, selon ce farceur de Freud a fortiori,
relèvent de l’hystérie ; les belles-mères, cf. les contes guère
politiquement corrects de naguère, s’avèrent vite fortiches en malfaisance,
quand on y repense. Tout ceci, mimi misogynie, The Evil Next Door ne s’en
soucie, le renverse mais ne cède à la misandrie, le travailleur atterré, au
propre et au figuré, finit, blessé, dessillé, déjà endeuillé, par rejoindre
celle qui vient de sauver son fils à lui, ni remplaçante insincère, ni
machiavélique mégère. Jusqu’alors décoré de corps et de décors décolorés, le métrage, à la
dernière image, reprend des couleurs, salut et célèbre l’amour d’une mère plus
douce qu’amère, d’une femme à la fois fragile et forte, capable de surmonter
des obstacles, de dépasser une situation dès l’orée patraque. Si Shirin se
trompe de réponse au creux de l’habitacle, un peu pièce rapportée au milieu,
sur le côté, à la place du mort, de la morte, d’une masculinité soudée, elle
saura enfin susurrer, sangloter, le petit Lucas en pietà, les lyrics explicites de la chanson entre mectons. Tandis qu’il s’inscrit au sein de la
sous-imagerie du film de couloir, appréciez en widescreen les cadres très composés, emprunte au fantastique
japonais un effet sonore de gorge enrouée, The Evil Next Door se souvient en
supplément de Alien 3 (Fincher, 1992), autre choc des titans, pardon, des
mamans, de leurs terribles et irrésistibles tourments. Pareille à Ripley,
c’est-à-dire à la dear Sigourney, la
convaincue et convaincante Dilan Gwyn ne saurait dévisager sa part d’obscurité,
assurée ou fantasmée, habile abîme bien nietzschéen, il lui suffit de puiser en
elle, tendresse revêche, dévouement inconditionnel, moins sacrificiel que celui
de sa consœur enceinte, incendiée, des ressources insoupçonnées, afin de
l’affronter, d’à la surface remonter, en bonne topographie et orthodoxie psys,
pardi. Le premier item d’un tandem issu de la TV, a priori
inspiré par le fait divers, la réalité, les riquiqui notes de production
parcourez, mérite sa découverte en ligne, maîtrise son rythme, manie la peur
sans manquer de cœur. Que conclut-il encore ? Les décédés, adorés, redoutés,
ne ressuscitent ; la police, impuissante, inconsciente, s’esquive ; l’automne,
malgré ses feuilles mortes, sa chronologie d’octobre, époque ad hoc,
du regain devient l’évident, beau symbole.
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