Le Cirque des horreurs
Un métrage, une image : Le Cirque des vampires (1972)
Métrage témoignage, puisqu’à l’époque
de Gorge
profonde
(Damiano, 1972), la suggestion semble hors de saison, y compris, pardi, en
« prude Albion ». La Hammer modifie donc sa manière, le pulsionnel
apparaît exponentiel, la chair et le sang éclaboussent l’écran, l’envahit une
avérée trivialité, substituée à la subtilité, à la beauté. La flamboyance flagrante
et les sombres splendeurs d’un Terence Fisher peuvent aller se faire voir
ailleurs, voici venu le temps évident de la pédophilie, de l’infanticide, du topless, du climax, d’une violence virale, d’une violence faite aux hommes et
aussi, surtout, aux femmes, infidèles, enflammées, d’abord tabassées puis en
épilogue empalées. Tout ceci, ce symbolisme de croix gigantesque, de gros phallus grotesque, qui la fautive
transperce, dut sans doute effarer les féministes, pas uniquement britanniques.
S’il valide les invariants d’une imagerie depuis déjà longtemps rassie, sans
cesse ressuscitée, resucée, au propre, au figuré, confirme l’acrobate buccale Linda
Lovelace, d’extermination, de malédiction, de crucifix un brin obsolète, de
désormais imaginative arbalète, le premier item
du trentenaire Young Robert, fissa téléaste, remercié du tournage de Créatures
féroces
(1997), terminé par Fred Schepisi, eh oui, jadis doté d’un budget serré, d’un calendrier de six semaines à peine débordé,
plateau de Pinewood (pieu) planté, assemblage de montage, d’un casting d’incontournables trombines,
énumérons les noms d’Adrienne Corri, la mémorable, voire Catwoman, victime de Orange
mécanique
(Kubrick, 1971), de Lynne Frederick, future épouse de Peter Sellers, de David
Prowse, créature de Frankenstein, chez Sangster & Fisher, Dark Vador selon
Lucas, en sus serviteur musclé du Mister
Alexander de Burgess & Stanley, se caractérise par son absence de finesse, son
assumée rudesse, sa radicalité datée, son désir disons de troquer la noblesse
distinguée contre la crudité cockney.
Coécrit par Jud Kinberg, producteur de Minnelli, Lang ou Wyler, et Wilbur Stark,
producteur exécutif de The Thing (Carpenter, 1982) +
Cat
People
(Schrader, idem), de remakes tandem, Vampire Circus carbure aux classes sociales,
au cousin infernal, au vampirisme du proche passé, à l’épidémie du présent pourvu
d’un prêtre trépassé, d’un espace limité, veto
du Village
(Shyamalan, 2004), frontière funéraire, famille bouffée aux vers. Les notables
boivent la tasse, miroir mouroir, les gens du et en voyage déversent ici itou
leurs outrages, hypnotisent et maudissent le public, mention spéciale à la
danse bestiale de la souple et peinturlurée Serena. Les animaux, guère rigolos,
encagés, en reflet, paient leur tribut à la serbe, sensuelle, malsaine et
dix-neuvième siècle insanité, salut à La Féline (Tourneur, 1942). In extremis
secouriste, la Gitane agit en bonne âm(i)e, adore sa Dora, lui sauve la vie,
lui cède la sienne. Pourtant, en dépit d’une décapitation de bon ton, d’une
collectivité un peu décimée, beaucoup ressoudée, car le meurtre en masse crée
des liens, du sang, mon enfant, une chauve-souris survit, auditive, nocive. Pas
si révisionniste, pas si révolutionnaire, Le Cirque des
vampires
expose l’extase, l’amer, la mère, portraiture en imposture le spectacle
patraque, divertissement de faux-semblants, métamorphoses ad hoc, mensonge vrai, en
résumé. Un nain, des jumeaux, complètent l’assez plaisant tableau, à visionner
à domicile, en VO, vade retro, Rota Nino...
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