L’Affaire Pélican
Un métrage, une image : Jennifer (1978)
Douze ans avant, revoilà Lisa Pelikan.
La belle-sœur à sauveur de Full Contact (Lettich, 1990) chopa
une bronchite sur le set pas au sec,
se fit voler sa voix, menacer d’un procès par le producteur et auteur (de l’histoire) Steve
Krantz (Ruby, Harrington, 1977), ne toucha aucun pourcentage sur les
recettes en dépit de la promesse, tourna tout cela dans le sillage du plus
respectable et argenté Julia (Zinnemann, 1977), ton agent
tu écouteras, d’autres publics tu chercheras. Escortée de Jeff Corey (The
Premonition,
Schnitzer, 1976), Bert Convy (A Bucket of Blood, Corman, 1959),
Nina Foch (Un Américain à Paris, Minnelli, 1951, Scaramouche, Sidney,
1952, Les Dix Commandements, DeMille, 1956 ou Spartacus, Kubrick,
1960), de la jeune Amy Johnston, décédée presque prématurée, visez vite en
prime le caméo illico de John Gavin (Le
Temps d’aimer et le Temps de mourir, Sirk, 1958, Mirage de la vie, Sirk,
1959, Psychose, Hitchcock, 1960, Spartacus en sus), l’un de ses
derniers films, l’actrice épisodique, pas encore prof, incarne une rurale,
interprète une provinciale, jadis « miracle child » de
Virginie-Occidentale, désormais excellente élève malmenée, harcelée, d’une
école privée située à L.A. Son papounet un peu trépané carbure à la Bible, ne
mange jamais de viande rouge, dirige si l’on peut dire une petite animalerie. À
Green View, on s’en fout, d’elle, du paternel, on lui mène la vie dure, on veut
l’avoir à l’usure. Sa némésis s’appelle Sandra, elle possède un sénateur de
papa, sa mère la déteste, merci des chèques. À l’enseignant bienveillant,
lui-même toléré, risquant d’être remercié, soucieux de justice, donc de right and wrong, la directrice
camée aux médocs rétorque d’une pirouette suspecte, d’un aphorisme à
fric : « The rich are always right », a fortiori en autarcie.
La cantine scolaire ressemble à un restaurant trop cher, Jennifer s’y affaire, secondée
d’une serveuse bien sûr noire, remède au désespoir, comme au bon vieux temps sudiste,
raciste, de Autant en emporte le vent (Fleming, 1939). Tandis que notre
héroïne ne cède à la déprime, en dépit d’une chute d’échelle, d’un flash cruel, revoici la piscine de La
Féline (Tourneur, 1942), voire de Suspiria (Argento, 1977), élément
humide, métaphore féminine, la condisciple un brin enrobée, suiveuse
malheureuse, Judas d’occase, se fait fissa violer au sein de l’ascenseur par le
boyfriend infect de cette salope tricheuse, menteuse, gâtée pourrie, de « Sandy ». Ceci ne suffit, elle essaie de
noyer Jenny, châtie son chat aussi, le crucifie au creux du casier, Poe dut
apprécier. Il paraît pertinent de prendre sa franche revanche, qui lentement
rampe, puisque la persécutée sait influencer les serpents, tu m’en diras tant,
refusait de le faire, enfer, pervers, supplique du père, traumatisme
d’infanticide, d’hier. Le massacre des tourmenteurs motorisés peut commencer,
gélatine sur l’objectif, à l’instar des images mentales du passé, de la
production paupérisée. Une ultime surprise attend la principale guère cordiale,
pas dupe, un peu pute, tiroir mouroir, sourires cyniques. S’agit-il ainsi d’un
ersatz de Carrie (De Palma, 1976), pardi, assorti d’un vivarium à la gomme, moins doté en dollars que le Thulsa Doom de Conan
le Barbare (Milius, 1982) ? Davantage de la matrice apocryphe de Naissance
des pieuvres (Sciamma, 2007), d’un rape
and revenge original, lesté d’une conscience sociale. Réalisé de manière
assez téléfilmée selon un ancien de chez Disney, écrit par une actrice de TV, Jennifer,
aka le racolage de Horrible carnage, s’avère
bavard, frise le nullard, parvient pourtant à octroyer à l’impeccable Lisa
Pelikan un rôle intéressant. Concocté par un mec, a priori aujourd’hui, ce
mélange pas si étrange de surnaturelle religiosité, de sexuée nocivité,
passerait pour une méthodologie de misogynie. Ni ratage dispensable, ni pépite
je te réhabilite, l’item demeure en
sourdine divertissant, lucide en mineur, à mineures très majeures, manque de
rythme mais pas de cœur, de claire noirceur…
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