Le Portrait de Dorian Gray

 

Conte comique, d’esthétique et d’éthique…

« One man. One masterpiece. One very big mistake » affirme l’affiche. Les psys apprécient : l’homme en somme semble un enfant trop grand, le chef-d’œuvre vandalisé, à l’insu de son plein gré, dissolvant à éviter, CQFD, s’appelle en sus La Mère de Whistler, tout ceci sent ainsi l’acte manqué maternel, le complexe d’Œdipe à la truelle, de peintre en bâtiment, évidemment. Au côté de l’excellent Rowan Atkinson, croisé naguère chez Kershner (Jamais plus jamais, 1983), Roeg (Les Sorcières, 1990), Abrahams (Hot Shots 2, 1993) ou Kerr (Johnny English contre-attaque, 2018), surprenant et impeccable Maigret à la TV, on reconnaît Peter MacNicol, déjà là au sein de SOS Fantômes 2 (Reitman, 1989), autre histoire de tableau à rendre marteau, moins emblématique, plus maléfique, aussi peu humoristique, où il incarnait encore un conservateur de musée dépassé, téléguidé, style Renfield, par un étrange étranger. Remarquez illico, en proprio, le caméo de Harris Yulin, autrefois mémorable Mel Bernstein de Scarface (De Palma, 1983). Gardien devenu « docteur », merci aux ennemis de la National Gallery, l’anti-héros rigolo menace aussitôt le totem et l’intime, l’hommage et le mariage. Non content d’effacer la face de la génitrice d’Amérique nordiste, rongée de manière irréversible, telle jadis l’image charmée, miroitée, dissimulée, du dangereux dandy (Le Portrait de Dorian Gray, Lewin, 1945), profanation horrifique, assortie d’une sérieuse musique, il en dessine une seconde, (pas) terrible puisque puérile. Dans Mission impossible (De Palma, 1996), une goutte de sueur au-dessus de la blancheur pouvait suffire à trahir la présence de l’espion suspendu, malvenu ; dans Bean (Smith, 1997), un éternuement à retardement oblige à commettre le sacrilège, à délocaliser le dommage, à détériorer davantage. Au silence éloquent du coupable innocent, à langue tirée, à encre bleutée, répondent les lamentations de religion, l’avenir apocalyptique, en sus de l’incident diplomatique, employé licencié, en justice et au gibet traîné, père séparé, à progéniture prostituée, cependant le Ciel ne cède, même si un miracle ensuite se produit, un simple et parfait poster fera l’affaire. Filmée sans mollesse ni paresse, par un cinéaste certes anonyme, à l’idoine patronyme, c’est-à-dire délesté de style, of course co-écrite par l’incontournable Richard Curtis, le scénariste de Quatre Mariages et un enterrement (Newell, 1994), Coup de foudre à Notting Hill (Michell, 1999), Le Journal de Bridget Jones (Maguire, 2001), Cheval de guerre (Spielberg, 2011) ou Yesterday (Boyle, 2019), le réalisateur de Love Actually (2003) et Good Morning England (2009), la séquence, amusante et stimulante, fait la part belle à l’expression corporelle, au bruitage d’étage, au soulagement ne durant longtemps. Plus redoutable que le tremblement de terre mentionné, pour plaisanter, le mec ne cadre avec l’environnement élégant, sous surveillance, a priori à l’abri des nuisances. Il décadre, au propre et au figuré, il provoque une catastrophe, la répare dare-dare, à sa façon faussaire, n’en déplaise aux experts, dont se gaussait le Welles de Vérités et Mensonges (1973). Bean déborde Benjamin & Baudrillard, substitue le simulacre à l’original, en annule le capital, cinquante millions du militaire Newton, Reynolds en patriote francophobe. Face au fake du subterfuge reflet, collégial, pictural, il fait l’expérience de la sincérité du foyer, de l’amitié…  

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