La Double Vie de Véronique
Un métrage, une image : Il était une fois le
Diable.. (sic) Devil Story (1985)
Puisqu’il existe un digest de sa genèse, un résumé de sa
postérité, le voici, s’il vous dit, on se focalise sur le film, sur l’effet
spécial, en effet, produit, plutôt qu’à produire, n’en déplaise au spécialiste
Poe, autre amateur notoire de chat/cheval noir, de morte ressuscitée, et plus
si affinités enturbannées, non sur les intentions, la réception, à quoi bon,
une œuvre, surtout de ciné, ne (re/sur)vit qu’à travers le regard qui l’étudie,
individuel, pluriel, tel un mécanisme/organisme structurel, plus que
structuraliste, elle excède ses concepteurs, ses créateurs, elle respire à
chaque (re)prise, elle conspire à être conquise, davantage que (mé)comprise,
créature impure, de posture, d’imposture. Dans Devil Story,
sous-titre archaïque, à prétentions d’Amérique, précédé d’un intitulé en
français, comme un conte de fées défait, tu suis, assez sidéré, souvent amusé,
jamais moqueur, avec ton œil, ton cœur, les mésaventures ultimes d’une femme
anonyme, contrairement aux héroïnes en rime, idem maritime ou morbide, de Fog (Carpenter, 1980), Alice
ou la Dernière Fugue (Chabrol, 1977). Construit en boucle bouclée, de
couples piégés, d’« égarés » à dégager, certes pas ceux de Téchiné, le
dernier essai d’un type un peu pathétique, presque antipathique, propos en
porte-à-faux, accompagne un cauchemar au carré, en Normandie tramé, tourné, en
dépit de l’expertise de l’équipe équine de Mario Luraschi, « cascadeur de
Paris », précise le provincial générique. Parmi ce film familial, de
famille, un « monstre » maladroit, d’abord dans les bois, assassine
en série, les psys l’explique, mère amère, héritière de mercenaires, de
massacre en bord de mer ; le défiguré aux fringues SS finit enflammé,
merci à sa némésis à main armée, ensuite ensommeillée. Esprit camp ? Prélude de camping. Affreux rêve, en définitive ?
Réveil irréel, où la réalité revient vous avaler, via un vert vagin bien freudien, à fifille régressive, au début
indocile. En déshabillé immaculé, en bottes jaunes et ciré assorti, Véronique
Renaud court et crie, au soleil, sous la pluie, démarre la Mercedes au pneu
pourtant à plat, n’adoube son double, donc l’image de son décès, CQFD, William
Wilson, le glas sonne pour toi, mon gars, démolit à demi une momie, fait
fissa sauter les amants d’éternité, à proximité d’un sarcophage, dommage, de la
falaise balèze, griffes sur ses mains, griffe du destin. Ceci ne suffit, alors
ajoutons Bach, de la barbaque, une scène de tir d’anthologie, un champ de maïs
très joli, Stephen King opine, une chute au ralenti, des essuie-glace pas
dégueulasses, une panne d’essence au flash-back de quintessence, salut à celui
plus sexy de Miss Dickinson selon Pulsions (De Palma, 1980), des
chaussettes bleu, blanc, rouge, de louches cartouches, un Condor cramé, du
fielleux félin le ponctuel POV, un aubergiste tout sauf triste, ni étripé, couteau
Rambo, un fiston et sa marâtre ranimés, au transport en replay, une bande-son à l’unisson. À Fécamp, tout fout le camp. À
Fécamp, on arrive en crevant, on repart les pieds devant. Exemple exemplaire,
exemplaire unique, de féminin et franchouillard horrifique, Devil
Story
donne la soudaine sensation que Jean Rollin, cinéaste itou étonnant, au
similaire commencement normand (Le Viol du vampire, 1968), ressemble
à Robert Bresson, que la société Euociné paraît un parangon de respectabilité.
Ce cinéma-là, moins désolant que stimulant, bien sûr risible et aussi libre,
rétif à se satisfaire des impératifs de l’industrie (du) mainstream, de sa médiocrité argentée, assénée, pratiquée en toute
impunité, au formatage en amont de la télévision, incapable de passer par la
raie des fesses du CNC, mérite en vérité d’être en sourdine salué, en raison de
ses défauts à foison transformés, alchimie du mélange étrange de la drôlerie,
volontaire ou guère, de la mélancolie, memento
mori, mes ami(e)s…
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