Hollywoodland
Une oeuvre, un plan : Maps to the Stars (2014)
« Tous les agents
trahissent » entendait-on jadis dans le mélancolique Festin nu : Maps
to the Stars le démontre misérablement. En partie produit par Saïd Ben
Saïd, déjà financier des naufrages de Inju : La Bête dans l'ombre (Schroeder,
2008), Carnage (Polanski, 2011), Passion (De Palma, 2012), écrit par
Bruce Wagner, vil avatar de Billy Wilder, scénariste discutable (Les
Griffes du cauchemar, Wild Palms) et romancier raté (Toujours
L.A., pavé pollué par le name dropping),
tourné en compagnie d’une équipe solide (la sœur Denise aux costumes élégants,
Carol Spier aux décors chicos, Ronald Sanders au montage millimétré, Peter
Suschitzky à la direction de la photographie veloutée, un bémol pour Howard
Shore, coupable d’une partition totalement anecdotique, aux accents
atmosphériques, pathétiques et exotiques peu inspirés), le dernier film à
ce jour (et tout court ?) du réalisateur canadien brièvement exilé en
Californie se caractérise par sa vanité, double sens, son arrogance, son
moralisme et son sentimentalisme. Monsieur David Cronenberg, qui ne fit en
vérité jamais preuve de modestie, qui se considéra vite (et à raison) comme un
« auteur » – désormais en librairie, boucle bouclée avec des
aspirations d’adolescence –, qui ne se priva pas naguère d’égratigner ses
confrères, notamment Carpenter ou le David Lynch de Elephant Man, dont
l’envoûtant Mulholland Drive néantise aussitôt Maps to the Stars, en
dépit de scènes fièrement réflexives curieusement malhabiles, entend par
conséquent nous instruire et nous faire rire avec les mœurs amères de sa faune
californienne. Message bien reçu sur la Croisette, où Julianne Moore reçut une
récompense à la con (pléonasme) remise au Bruce (pas tout-puissant, plutôt
navrant, nonobstant sa relation rapide avec la chère Rebecca De Mornay)
improvisé coursier : à Cannes, bande de béotiens, on fait de l’Art, du
« septième art », contrairement aux connards de la côte caniculaire, amen.
Pour lire l’article en totalité,
consulter M. Cronenberg.
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