Evolution : Arizona Dream


Menace spatiale et glace anale…


Disons qu’il s’agit d’une comédie scientifique et scatologique assez divertissante, mais plus modeste et moins réussie que SOS Fantômes, dont elle s’inspire pour le meilleur et le pire (préférer la brune Sigourney Weaver en robe du soir à la rousse Julianne Moore en porte-jarretelles ne saurait s’assimiler à de la muflerie, les deux actrices rivalisant de charme et surtout de talent). Ni sarcastique à la Tim Burton (Mars Attacks!), ni intergénérationnel à la Barry Sonnenfeld (Men in Black), le producteur des deux premiers longs métrages du compatriote David Cronenberg (Frissons + Rage, notez en outre la concomitance de Faux-semblants et Jumeaux, tous deux sortis en 1988, ainsi que le clin d’œil over the top du moustique rectal à La Mouche), de l’unique film en anglais (raté) de Chen Kaige (Feu de glace), fit (un peu) mieux (quoique) trois ans plus tôt avec 6 jours, 7 nuits, mélange américain des hexagonaux Le Sauvage (Catherine Deneuve/Yves Montand par Jean-Paul Rappeneau) et L’Africain (Catherine Deneuve/Philippe Noiret par Philippe de Broca).


En réalité, cet hommage aux allures de téléfilm de luxe (budgétisé à 80 millions de dollars, diantre, assorti d’un maigre succès en salles internationales) à la SF des années 50 arrive bien (trop) tard et ne dispose pas de la (touchante ou lassante) nostalgie d’un Joe Dante (Panic sur Florida Beach). David Duchovny montre sa lune aux  militaires, à des années-lumière du sérieux fervent de X-Files : Régénération. Orlando Jones arbore des yeux exorbités empruntés à Tex Avery. Kate Towne, fille de son père (Robert) scénariste (par ailleurs célèbre « docteur »), aperçue chez David Lynch sur la route de Mulholland, possède certes de jolies gambettes (assumons le sexisme de notre remarque). Le directeur de la photographie Michael Chapman illumina brillamment naguère les descentes aux enfers de Taxi Driver ou Hardcore (et réalisa le curieux Clan de la caverne des ours, sorte de Guerre du feu girlie avec Daryl Hannah écrit par John Sayles). Les effets visuels (en CGI) du vétéran Phil Tippett affichent un bestiaire soigné (néanmoins impersonnel).


Cela, hélas, évidemment, ne suffit pourtant pas (à masquer l’inanité de l’entreprise patriotique éprise de panspermie) et l’on ne peut que rêver (ou non) au script (très retouché, avec son concours) d’origine de Don Jakoby, auteur (de relative valeur) pour John Badham (l’aérien Tonnerre de feu), Stewart Raffill (le maritime Philadelphia Experiment), Tobe Hooper (Lifeforce puis L’invasion vient de Mars, items mal-aimés à réévaluer), Michael Winner (Le Justicier de New York surréaliste), Tsui Hark (Double Team à subir pour Natacha Lindinger) ou John Carpenter (Vampires, western anticlérical). En matière de politique, Ivan Reitman ne fait qu’effleurer la cruciale « question raciale » (les Blancs, les Noirs, les Amérindiens), légitime le port d’armes (un bon alien ? Un alien mort…) et se targue même de développer son « thème » familier, l’homme ordinaire aux prises avec un événement extraordinaire (il doit méconnaître Hitchcock, le pauvre). Notons en guise de conclusion que le DVD en « édition limitée » (illusion optique bleutée du boîtier), édité par Columbia & TriStar, se signale par une exhaustivité à l’unisson (suppléments superflus, viril commentaire audio hilare), souriante et cependant définitivement dispensable.


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