Tout Just : Le Malentendu
Une vie, quelques films, « toute une époque » et pas une pointe
d’amertume.
Voici un sympathique et anecdotique
ouvrage (portfolio de photos en « cadeau »), à l’image du personnage
et de ses métrages, surtout le très surfait Emmanuelle (mais une
pensée sincère pour la vraiment regrettée Sylvia Kristel) ou l’anodin/mondain Madame
Claude
(Françoise Fabian, assez méprisante, appela cela « faire des
ménages »). Just Jaeckin, survivant d’Algérie, d’où, sans doute, une
partie de sa (parfois farceuse) mélancolie, commune à Philippe (Labro, élogieux
préfacier) de Broca, autre soldat-cinéaste au même endroit au même moment
(alors baptisés du rassurant « événements »), illustra aussi par
hasard le chef-d’œuvre de Dominique Aury (aka
Pauline Réage) dédié à la mystique et suicidaire servitude amoureuse volontaire
(E. L. James peut aller se rhabiller, nuancée ou non), ironie érotique pour un
homme finalement très pudique et maladivement (bégaiement compris) timide.
Ancien étudiant en arts passé par la presse écrite (du « poids des
mots », du « choc des photos ») désormais reconverti, au côté de
sa femme, en sculpteur et galeriste (leur site ne mentionne aucune
filmographie !), l’auteur du Dernier Amant romantique
(le féminisme au cirque), naguère épris de vitesse en voiture (antique marotte
de Jean-Louis Trintignant croisé sur les circuits), artiste éclectique et
dilettante en marge du « système » (pas d’école de cinéma, peu
d’amitiés dans ce milieu, des impasses hollywoodiennes, une modestie lucide sur
la qualité de son parcours et l’authenticité de ses souvenirs), laisse derrière
lui, sur écran petit ou grand, sur papier glacé ou en trois dimensions, de
jolis produits publicitaires (pléonasme) sincères ou mercenaires, légers comme
l’air (du temps) et vides comme des bulles de champagne (voire de savon ou
de lessive pour Isabelle Adjani). Pas si mal pour un enfant (nulle interdiction
aux mineurs pour les sensuelles aventures bédéphiles de Gwendoline) de la guerre épris
de sa grand-mère l’émerveillant au Louvre et le père (d’une fille adorée) d’un
mythe cinématographique (touristique) inoffensif, défraîchi, à l’intérêt disons
sociologique, sinon folklorique (oui, une femme peut fumer avec son sexe,
rajout risible de producteur imposé à un débutant outragé), qui se vit recevoir,
en sus de son immense succès populaire, une volée de bois vert critique bien
dure (idem pour Histoire d’O, d’ailleurs),
dont on se demande, aujourd’hui sidéré, ce qui la motiva, outre l’envie et la
pudibonderie – « O temporas, o mores » (de nos fesses)...
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