Le Rough Guide des films d’horreur : Livre de sang
Résumons par interpolation : rather rough than deep, yes indeed.
Un avant-propos élogieux et
reconnaissant de Neil Marshall (le canin Dog Soldiers, l’utérin The
Descent) ; une introduction autobiographique et théorique, dont
extraire le passage suivant, truisme nécessaire en réponse à tous les
détracteurs du « genre » : « Tant que les films
continueront à stimuler les émotions essentielles de l’être humain, les films d’horreur
seront présents. La technologie du cinéma évoluera, tout comme la manière dont
nous pourrons visionner le produit fini, mais notre vulnérabilité, notre
terreur de l’inconnu et nos cauchemars ne disparaîtront pas. Ces forces
irrationnelles du chaos seront toujours terrassées par un genre
cinématographique défini par la pureté de son impact émotionnel » ;
des remerciements (Mark Kermode, Tim Lucas, Frédéric Albert Lévy, Asia Argento,
Guillermo del Toro, Brian Yuzna, Christophe Gans, Nicolas Winding Refn, parmi d’autres) ;
un chapitre consacré aux origines littéraire de l’horreur cinématographique ;
un historique sur un siècle ; une anthologie de cinquante titres jugés « incontournables »
réunis dans une « liste sujette à caution. C’est inévitable, et c’est une
bonne chose » ; un dictionnaire des « icônes », acteurs ou « metteurs
en scène » « de premier plan », personnages « récurrents »
; un panorama international, la
partie la plus brève de l’ouvrage, circonscrite à une trentaine de pages ;
des annexes sur les objets de collection, les événements ; une
bibliographie, magazines et fanzines inclus, commentée ; une sitographie idem ; un index des noms et des
titres et même des notes du traducteur : paru en 2005 en Angleterre, traduit en
français en 2009, ce livre d’un auteur que tout amateur d’horreur connaît,
sinon se doit de connaître, critique britannique notamment à Cinefantastique, passeur émérite pour des fils de ciné à la Serge Daney, constitue un appréciable passeport de papier pour le territoire des morts, pas
seulement celui de George A. Romero.
Agrémenté d’images en noir et blanc
et d’encadrés thématiques rosés – là encore, citons cet éclairant extrait de l’article
Exploitation ! : «
Les films d’exploitation sont aussi le prix à payer pour une société qui vit
dans le mensonge. Personne n’est capable d’admettre le plaisir éprouvé devant
le malheur des autres, et c’est ce plaisir que les films d’horreur exploitent. Bien
que le cinéma incarne pour beaucoup un modèle amélioré de la vie, pour d’autres,
ce plaisir est disponible sans éprouver le moindre sentiment de culpabilité
étant donné que les victimes ne sont pas réelles » –, il propose, dans un
style journalistique, factuel, un parcours subjectif et consensuel (à l’exception du Shining
de Kubrick, auquel le signataire préfère, par exemple, le Haute Tension d’Alexandre
Aja, no comment) à travers une
filmographie rich and strange, dirait
Hitchcock, qui la réinventa d’ailleurs en partie, à sa manière moderne et
sardonique. On gardera longtemps une reconnaissance respectueuse, voire
envieuse (deux heures passées en limousine vers Heathrow à interviewer Brian De
Palma au sujet de Carrie au bal du diable, de surcroît en « fanatique transi »)
à Mister Alan Jones, faux sosie de l’aimable
cannibale Michael Berryman, une pièce de plus à notre anglophilie, même si ce
court opus, vite lu malgré ses 293 p.,
n’excède jamais le cadre « carré », essentialiste, disons, de la collection.
À défaut de réellement stimuler le cerveau, ce Rough Guide-ci ranime (à la Stuart Gordon) notre mémoire, et la
vôtre, certainement, sans négliger, « noblesse oblige », d’adresser
des clins d’œil insulaires, justifiés, du reste, à la production du Royaume-Uni,
Hammer ou Barker compris. Les « connaisseurs » s’en satisferont
quelques heures et les novices y trouveront une multitude d’items propres à étancher leur soif de
découverte, sanglante ou davantage suggestive. Important, le cinéma dit d’horreur nous importe
– vivement on y reviendra, croyez-moi.
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