The Lost : Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu
Des canettes (de bières) dans les bottes et une matrice (révélatrice) en
forme de chiottes…
Jack Ketchum (jamais lu encore, bien
qu’adoubé par Stephen King himself)
et le cinéma, une rencontre impossible ? Sorti avant l’anodin The
Girl Next Door (de Gregory M. Wilson, « illustre inconnu »
qui le resta) et l’inabouti The Woman (Lucky McKee se « contente »
ici de produire, il apparaît aussi en caissier de supérette dans l’une des dispensables
scènes coupées), voici donc le bien nommé The Lost, film mal écrit, mal filmé,
surtout effroyablement mal interprété (l’écrivain, compromis en abyme, y joue
même un barman, tandis que Dee
Wallace-Stone & Ed Lauter font de pathétiques apparitions, en mère endeuillée
alcoolisée, en amant dépressif d’une jeunette gérontophile), perdu dès son
ouverture (au steadicam, en revival véloce de Evil Dead) sur la frontal nudity de Misty (Mundae, rebaptisée Erin Brown), saisie au sortir
de toilettes campagnardes (la vraie place de cette bouse, pour sûr). La suite,
interminable, associant Psychose
(+ un extrait à la TV de La Nuit des morts-vivant) au meurtre atroce de Sharon Tate, se voudrait une comédie noire sur une caricature de « racaille
blanche », d’abord mélodramatique (mère artiste, schizophrène,
suicidaire) puis franchement horrifique.
Si l’on peut saluer le travail soigné,
coloré, de Zoran Popovic à la direction de la photographie (la poitrine et le
fessier de Robin Sydney émoustilleront les plus émotifs), la « réalisation »
de l’avorton Chris Sivertson (of a bitch,
susurrerait Gainsbourg à raison), protégé d’un certain Tobe Hooper très
indulgent, moqué dans la foulée par tous ou presque (soutiens intéressés de
risibles « spécialistes du genre », étasuniens ou français, prompts
au « culte » d’incultes) à cause d’un opus paraît-il catastrophique avec l’inénarrable Lindsay Lohan
(Schrader énamouré itou), ne mérite que le sort inaugural et final des pantins
disséminés dans leur danse macabre d’Americana
perverse en plastique, à faire passer (le piètre) Rob Zombie pour un disciple
d’Andreï Tarkovski : une balle dans la tête, un couteau dans le dos, une
éventration de fœtus (hors-champ, les
enfants). Le crétin indie, tout fier
de lui, ose en outre remercier au générique de fin (ouf) la précieuse (et bien
trop rare) Angela Bettis (May, surely, dont court cannibale en noir et blanc inclus) et
l’incontournable (un tantinet surfait, pas vrai ?) Roger Corman.
Plombé par une ribambelle de
chansonnettes abjectes, porté par un Marc Senter absolument hilarant dans son
numéro de rural (éjaculateur précoce, féroce) psycho maquillé à la Brian Molko (la voix francophone de Placebo, so), bien entouré par d’autres (quasiment)
trentenaires aussi dépourvus que lui de la moindre once de talent, singeant de
surcroît des adolescents blancs, friqués ou de la « classe moyenne
supérieure » aux élans destructeurs, of
course, guère étouffés par le
« sens moral », The Lost, acquis neuf en DVD dans un
bazar (de l’épouvante), nous coûta moins d’un euro et environ deux heures et
demie de notre vie (crime impardonnable, pourtant supputé – toujours se fier à
l’instinct et à l’ennui du chasseur). Qu’il aille illico (restons poli) s’enfouir au sein des tréfonds de l’amnésie
de la cinéphilie et ne parvienne à vous faire perdre votre temps à votre
tour ; le cinéma, mon (pauvre) petit gars, ne se réduit ni se résume à
toi, à cela, sélectionné à Gérardmer ou pas, et voilà, en définitive, la seule
bonne nouvelle du visionnage, puisque, selon le dicton, même sur la merde se
surprend à éclore une rose.
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