The Voice of Love

 

Re-recording intrépide et curiosité d’été…  

La vocaliste/violoniste valeureuse revisite quelques classiques et titres moins emblématiques. Descendante de jazzman, fille cinéphile, elle possède à l’évidence le sens du rythme, elle respecte les tempi, elle réussit en grande partie son périlleux pari. Jamais il ne s’agit d’une petite et pénible plaisanterie, d’une fantaisie narcissique de freak multipiste, plutôt d’un tour de force (au) féminin, car elle le vaut bien, l’impériale Petra, elle sait se servir de façon parfois superbe et toujours surprenante de sa voix. Démultipliée, elle se démène, elle déploie sa maestria sereine, non démunie d’humour, animée selon un constant amour. Mademoiselle Haden aime ce qu’elle fait, fait ce qu’elle aime, cela s’entend et se ressent. La dame ressuscite donc des thèmes de Leonard Rosenman, Bernard Herrmann (reprise en bis), Lalo Schifrin, Ennio Morricone (diptyque idem), John Barry, Nino Rota, Dave Grusin (à nouveau morceaux en stéréo), John Williams, Gary DeMichele, Bob Telson, Trent Reznor & Atticus Ross, David Bowie + Pat Metheny & Lyle Mays, comme playlist, il existe pire, pas vrai ? Tout ceci, cependant, ne se saurait se hisser au même beau niveau : il semble bien difficile, peut-être impossible, de passer après les interprétations-personnifications de Shirley Bassey, Jevetta Steele ou du transformiste British, en dépit de l’accompagnement pertinent du guitariste Bill Frisell, de Brad Mehldau bien sûr au piano et de son contrebassiste de célèbre papounet, l’année suivante (en 2014) hélas décédé. Enregistré en 2012, paru en 2013, découvert via une émission du mélomane spécialiste Thierry Jousse, Petra Goes to the Movies demeure néanmoins un disque assez balèze, dont le plaisir acoustique surpasse ces quatre covers dispensables puisque anecdotiques. En sus collaboratrice de Beck, Belinda Carlisle, Bette Midler, Iggy and the Stooges, Morrissey, Rufus Wainwright ou John Zorn, félicitée par un certain Pete Townshend, accessoirement accidentée, en écho à Melody Gardot, Haden Petra « va au cinéma », signe ainsi un CD stylé, ludique et subtil, artwork ad hoc. Ni diva ni Edda (Dell’Orso, certo), elle (en)chante a capella, de surcroît elle se risque aussi, petites pépites rassemblées ici en série, à l’aérien et nocturne Phil Collins, à la mélancolie du scientifique en furie de Bill Bixby, elle adoube Blade Runner, elle écoute avec Hackman, elle exorcise Mike Oldfield. Petra ne pétrifie, Petra s’applaudit…

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