Lucy in the Sky with Diamonds

 

Coercition sanitaire ? Double dose d’air…

Furie (Brian De Palma, 1978), Superman (Richard Donner, idem), Dracula (John Badham, 1979) : entre deux épisodes de La Guerre des étoiles (Steven Spielberg, 1977 + L’Empire contre-attaque, Irvin Kershner, 1980), entre une visitation (Rencontres du troisième type, Spielberg, 1977), une prolongation (Les Dents de la mer 2, Jeannot Swarc, 1978), une reconstitution (1941, Spielberg, 1979), John Williams revisite la musique épique, le frisson fantastique, le style héroïque. Ce qui s’écoute ici procède ainsi de l’œdipienne parapsychologie, de la science-fiction messianique et mythologique, puisque Lois & Clark in extremis ersatz US d’Eurydice & Orphée, olé, du sombre romantisme assumé, transcendé. Si Badham en Albion délocalisé ne démérite pas, loin de là, l’âme de Williams anime l’item climatique, l’enflamme en continu, lui confère un lyrisme fatal plus que bienvenu. Structuré autour d’un irrésistible leitmotiv, la « bande originale » du Dracula de Langella fascine par sa force fragile, séduit par sa délicate puissance. Orfèvre funèbre, doté d’un sens inné de la sinistre destinée, le compositeur, orchestrateur, conducteur, producteur délivre un chef-d’œuvre de poche, encore propice à ravir l’oreille, adepte du vampirisme ou point. Onze pistes précises, disons trente-cinq minutes de tumulte, suffisent à capturer le cœur de plaisir et de peur d’une imagerie rassie depuis des décennies, cependant sans cesse ressuscitée, en raison du sang neuf injecté, des films à l’infini et du matriciel roman, remarquez l’amusant miroitement. Alors que Popol Vuh accomplit, pour le parfait contemporain Nosferatu, fantôme de la nuit (Werner Herzog, 1979), une sorte de transe anxiogène, exotique et existentielle, délétère et néanmoins guère démunie de lumière, tressée à Gounod & Wagner, à un brin bushien de folklore géorgien, Williams donne dans le sauvage et le serein, déploie un assez superbe exemple de lustre hollywoodien, en dépit du bel ensemble anglais des musiciens. Romantique à la mode germanique, en douce indien, ou romantique de nordiste Amérique, suave et malsain, le comte (conte) increvable du sieur Stoker se métamorphose et s’impose, jamais ne se pose ni ne se repose, morsure privée d’imposture…  

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir