Bunker Palace Hôtel

 

Un métrage, une image : Gehenna: Where Death Lives (2018)

Pourvu d’un sous-titre choc et chic, ce premier film d’un admirateur d’Osamu Tezuka, spécialiste des effets spéciaux et character designer adoubé, car Hiroshi Katagiri bossa pour Stan Winston, Steven Spielberg, Guillermo del Toro ou Sam Raimi aussi, carbure à une malédiction de colonisation, à la culpabilité décuplée, accessoirement aux couloirs de mouroir. Une petite équipe en quête de touristique, d’exotique, se retrouve vite à l’intérieur d’un bunker, d’un tunnel tout sauf of love, Bruce Springsteen en déprime, idiotisme itou classé X, lexical, anal. Pas de sexe ici, tant mieux, tant pis, juste le passé jamais (tré/dé)passé, qui ressuscite et resurgit, puisque sous le paradis et la plage s’agitent la guerre et la rage. Muni d’un caméscope ad hoc, notre team antihéroïque se fait affoler fissa, souviens-toi, selon un paradoxe temporel cohérent et cruel. Commencé comme Les Yeux sans visage (George Franju, 1960), cérémonie mimi de défiguration délocalisée du côté de Saipan, d’antan, Gehenna: Where Death Lives se termine à l’instar de La Jetée (Chris Marker, 1962), par une boucle bouclée de décès. Variation de la version de Highlander (Russell Mulcahy, 1986), il convient cependant que s’en sorte un seul survivant, damné miroité, au prénom en option. Mère endeuillée, incapable désormais d’aimer, la peinée Paulina se voit ainsi et en pénible compagnie prise au piège de spectres espagnols et japonais, olé, tandis qu’un natif se défend de prêter foi aux poussiéreuses superstitions de sa mamma. Pourtant les poupées locales, fatales, en paire, sauront avoir raison de leurs adversaires, d’aujourd’hui, d’hier, les coincer au sein du martial mausolée. Pour ne plus périr, il faut par conséquent mourir, se suicider assistée, geste entre tendresse et tristesse. Le capitaliste libidineux ne le comprend pas à temps, paie ses péchés du prix infini de l’éternelle éternité. En partie tourné in situ, financé de façon participative, Gehenna: Where Death Lives cartographie en définitive un enfer sous terre, illustre des illusions d’oraison, de condamnation, où le profit rime avec le trépas, de ces catacombes d’outre-tombe, personne ne s’extraira, voilà. Pourvu d’un incipit de citation biblique, d’un caméo en stéréo, ne partez pas avant la fin du générique de fin, de l’élancé, inoxydable, Lance Henriksen, à présent papa très emmerdant de Viggo Mortensen (Falling, 2020), l’opus modeste souffre certes de longueurs et manque de saveur(s), ne possède la puissance asphyxiante de The Descent (Neil Marshall, 2005), mais son générique sympathique, son casting choral correct, son folklore d’élection et de mort, ses peintures rupestres funèbres et funestes, son final fondu au blanc d’avertissement, divertissent assez...    

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