Burying the Ex : The Night Evelyn Came Out of the Grave


Scènes de la vie conjugale devenue létale en faire-part de décès d’un certain ciné.


Quand on commet une comédie médiocre sur une macchabée ranimée, le réel finit toujours par faire retour, a fortiori si l’on tourne dans l’un des plus anciens cimetières de Los Angeles : en 2016, le falot Anton Yelchin, alors âgé de vingt-sept ans, condition d’entrée d’un célèbre club funèbre, succombe aussitôt chez lui, écrasé par sa grosse Chrysler. Deux ans plus tôt, Joe Dante rédige l’épitaphe pitoyable d’une carrière à partir d’un court développé par le financement participatif. Le scénario d’Alan Trezza associe véganisme et triolisme sur un mode humoristique, comme si le beau Zombie Honeymoon de David Gebroe (2004) n’existait pas. Evelyn, orpheline, control freak, blogeuse verte accessoirement renversée par un camion près d’un parc municipal, revient hanter les journées et les soirées de Max désormais énamouré d’Olivia. Le gérant de la boutique horrifique et la reine de la crème glacée exotique parviennent pourtant à s’accoupler à l’arrière d’un break, tandis que La Nuit des morts-vivants se voit projeté en pleine nuit entre les tombes. Par conséquent Dante prend ses distances avec la politique de 1968 et musèle la mélancolie implicite du récit. Il (télé)filme en Scope, en trois semaines, son vaudeville (mal) porté par Ashley Greene, stakhanoviste de Twilight, et Alexandra Daddario, partenaire de Dwayne Johnson dans San Andreas + Baywatch. Oliver Cooper, in extremis homme-sandwich contaminé pour un crématorium, joue au demi-frère womanizer et Dick Miller, flic inepte dérangé aux toilettes, nous rappelle la fidélité de Dante. Burying the Ex, doté d’un jeu de mots presque calamiteux sur Ax, ne cherche pas à enterrer la hache de guerre du sous-genre gore, puisqu’une poignée de giclées écarlates, crâne ou macadam, parsème le métrage affreusement sage.




On pouvait penser qu’après Small Soldiers, Les Looney Tunes passent à l’action et The Hole, piètre trilogie, le réalisateur de Piranhas, Hurlements, Gremlins et sa suite, Explorers, L’Aventure intérieure, Panic sur Florida Beach, sans omettre ses participations à La Quatrième Dimension, Masters of Horror ou Trapped Ashes, allait renaître de ses cendres, peu avant son couronnement de tête-à-tête à la Cinémathèque. Mais il persiste dans la satire inoffensive et l’adulescence de circonstance. Pire, peut-être, il nous ressert sa cinéphilie rassie, par exemple un double programme Tourneur/Lewton, son autarcie de catharsis, cf. l’échange entre Evelyn et Max au sujet de l’imagerie monstrueuse. Au terme des innombrables champs-contrechamps, Madame vend ses sucreries multicolores à proximité de Monsieur réinventé en petit épicier hébergé de la nostalgie, tourniquet de revues dites spécialisées compris. D’une certaine façon, le Paradis selon Dante ressemble à cela, travailler au côté de quelqu’un qui partage sa passion, qui la flatte, qui l’accueille littéralement, à des années-lumière de tout ce qui rend amer, de ce qui blesse, secoue, stimule, au cinéma et au-delà. Le cynisme à la Besson, à la Lucas, à la Spielberg, Joe ne connaît pas, Dieu ou Satan merci, hélas il s’enterre lui-même via cet item régressif et insipide. La sympathie sincère qu’éprouve pour lui votre serviteur, les réussites évidentes citées supra, ludiques malgré leurs limites, l’essai un brin kubrickien de La Seconde Guerre de Sécession, tout ceci paraît se dissoudre dans la vacuité de ce film mort-né, pas même habile, foncièrement inutile. La vie, la mort, le désir, la solitude, l’individu, l’Amérique, le spectateur les (re)découvrira dans disons Le Mort-vivant remarquable de Bob Clark (1974).

Ici, il perdra son temps, sa jeunesse, ses espoirs de nouveau départ. Expurgé de la moindre once d’anarchisme soft, dépourvu de la plus infime ambition esthétique, une pensée sonore pour le pauvre Joseph LoDuca, enchaîné à ses claviers épuisés puis entraîné dans la débandade générale, privé à chaque plan de non-événement d’un regard adulte, investi, Burying the Ex s’éternise durant quatre-vingt-deux minutes et constitue un ratage rédhibitoire, le type de films à inhumer fissa parmi l’amnésie. Dorénavant septuagénaire, Dante respire-t-il encore ? Pas dans cet opus-là, en tout cas, absolument insignifiant en soi et de surcroît aux USA, trompés par qui vous savez, dear Joe autrefois mighty et jadis young

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