A Sound of Thunder : L’Ombre et la Proie


Où un accélérateur de particules sert de portail temporel, une chercheuse se transforme en poisson-chat et une tasse de thé devient, par la grâce de sous-titres approximatifs, un café offert…


Non seulement l’adaptation (par les scénaristes de l’ensablé Sahara), avec son marxisme de maternelle et son écologie hollywoodienne, trahit l’esprit de Bradbury, sa nouvelle prophétique (1952) sur les conséquences cosmiques d’un papillon écrasé durant un safari préhistorique au futur associant, finalement et funestement, à la lueur alternative du fascisme, coup de fusil et de tonnerre, mais encore cet ersatz de film (impossible d’y croire, de s’en soucier un centième de seconde), véritable échec critique/public programmé, à la fois court et interminable, cumule des CGI de téléfilm fauché (la banqueroute du studio affilié à la Warner d’Andrew Stevens, le scanner œdipien de Furie, n’explique pas tout), une distribution calamiteuse (Sir Ben Kingsley cachetonne teint en albinos, comme naguère Christopher Walken en adversaire de James Bond) et une insipidité irrémédiable, européenne, pour ainsi dire, propre aux productions à plusieurs (ici, le Royaume-Uni, les USA, l’Allemagne et la Tchéquie, avec tournage à Prague) ; Nick Glennie-Smith enrobe le goulash indigeste d’une sauce symphonique/synthétique façon Hans Zimmer (au secours) exécutée à Abbey Road et Sylvie Landra, l’infatigable monteuse de notre indispensable Luc Besson national, assemble l’ensemble au jugé, sans doute perdue dans la nuit de la seconde partie, tandis que des « dinosinges » boulottent un scientifique contaminé par des épines de ronces avides, ébahi devant Orion et le souvenir de son fiston, acmé de sublime risible involontaire (quoique) – Peter Hyams peut bien s’adresser un clin d’œil réflexif (à Capricorn One, grande œuvre méta, populaire, généreuse), il commet là l’un des pires faux pas de sa carrière, qu’il éclaire avec un savoir-faire réduit à néant par tout (davantage rien) ce qui précède.  




Unique raison (de se consoler, via un DVD au coût excessivement modique, acquis neuf à moins d’un euro « symbolique ») de se réjouir (modérément) : le supplément pédagogique de Thibault Damour, physicien théoricien à l’IHES, dont les propos clairs et souriants, cernés par mille livres, entrouvrent au cinéphile affligé les territoires passionnants, sinon passionnés, de la théorie relativiste (le temps « figé » d’Einstein rime jusqu’à un certain point avec le temps « scellé » de Tarkovski) puis quantique, sous l’angle adéquat du voyage vertical (au sein de la « quatrième dimension ») et de ses vertiges évocateurs...
  

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