Moi y’en a vouloir des sous : Habemus papam
Pochade poujadiste ? Lucidité de cinéaste…
Après les centurions concons, à gros
« « bobo » un brin « facho », de la sécuritaire
compagnie républicaine, un plan-séquence en tandem
de marche urbaine, durant lequel l’adroit Préboist son monologue bientôt motorisé déploie, flic frappeur toutefois autrefois tenté par le métier
d’infirmier : Yanne savait se servir d’une caméra, pas seulement en
vrai-faux alter ego de Pialat (Nous
ne vieillirons pas ensemble, 1972), servir sa troupe – au lieu de la
soupe – de ciné sans la couverture à lui tirer. La suite et l’ensemble de
l’estimable et recommandable Moi y’en a vouloir des sous (1973)
le démontrent aisément. À découvrir aujourd’hui sa deuxième réalisation,
produite en compagnie de l’incontournable Rassam, on ne peut qu’en constater à
la fois le caractère daté, l’actualité, le soin porté à chaque plan, à chaque
instant, l’absence d’amateurisme et de cynisme. Yanne filme des syndicalistes, des
gauchistes, des féministes, des manifs, sans une once de mépris ni de parti
pris. Mieux, il (s’)amuse avec des homos, un prêtre, un patron, jamais il ne
s’en moque ni ne les (ou nous) prend pour des cons. Sous la satire très seventies, instantané in situ d’une France toujours reflétée, déjà
à se débattre, sinon se déchirer, au sujet de la lutte des classes, des sexes,
de la pollution, du pétrole, vélo à la Anne Hidalgo + électronique prophétique
compris, se dissimulent en sourdine une discrète mélancolie, une solitude essentielle,
existentielle. « Type à part », à faire bande à part, amitiés à
Godard, conducteur du Week-end (1967), désigné « Français le plus populaire » selon une sondée parlant la langue de Werther, mon cher, tout le
monde le lui dit, tout le monde il est pas gentil, quoique, cf. la coda
œcuménique, à la Candide, dommage pour le geyser pétrolifère doux-amer, Benoît
Lepape, quels nom et prénom connotés, olé, ne s’avère le prototype libertaire du
sinistre Tapie, ne carbure à la mesquinerie, davantage à une
« goinfrerie » paraphant un insaisissable malaise, un ennui à moitié
expliqué par sa maudite réussite.
Face à ce Midas pas si dégueulasse, en dépit des insultes à tumulte de son oncle couillonné, les masses d’hommes gémissent à l’écoute des concepts « d’auto-gestion », de « nationalisation », celles des dames réclament le droit à l’avortement, accordé dans un duo d’années. Sœur du curé, élevée chez les bonnes sœurs, la belle et bonne Nicole (Calfan), du capitalisme européen, surtout masculin, ne s’accommode, elle se déguise en My Fair Lady (1964) marxiste, no more Cukor, mon trésor, en « pute socialiste » hélas vouée à un évanouissement d’épuisement. Pas de gang bang de contrebande, cependant, car ranimée par le gréviste et désabusé PDG, elle saura in extremis le rédimer, vite convertie à la sienne économie, des sentiments sincères, d’une sérénité solitaire, au grand air. Escorté par le complice Sire, par un casting choral irréprochable, placé parmi Magne, aimable caméo du musicien en vicaire tête en l’air, et les mecs de Magma, Caussimon kiffe à l’unisson, Yanne incarne un acteur-observateur de « singeries » de saison, à sa fenêtre attentif, voire dépressif, un gestionnaire licencié, un capitaliste compulsif, dont l’usine ressemble à une boîte de nuit. Il appelle la police, la fait danser, il évacue le vieux calife handicapé, il s’occupe des deux côtés, il édifie une « église futuriste », il redécore des icônes au moyen des copains, de leurs portraits découpés, Biraud & Darc, je dirais, il se duplique sur un écran de contrôle, Mabuse de la Bourse, il convainc un cheik lointain, à la réplique gaulliste, il investit au sein de secteurs en déclin, le théâtre, de préférence « lettriste », le cinéma, les médias. Il se voudrait en vacances, nul ne lui en laisse la chance, because responsabilité légale, nationale. Au final, au bras de sa radoucie passionaria, des arbres de planter il prévoit. Le destin en décide différemment, le film se termine en vitesse, générique graphique, petite entreprise ludique et lucide, point populiste puisque politique, cédant à autrui la scolaire sociologie et la bonne conscience de privilégié du ciné supposé engagé, pas que celui du professionnel – de la profession, de l’opposition – Boisset. Remarquable chez Chabrol, revoyez, relisez(-moi) Que la bête meure (1969) et Le Boucher (1970), Yanne continue à nous décrire, avec son triste sourire de clown blanc d’un autre temps, qui dure depuis (trop) longtemps.
A certains tarifs, on finit toujours par se laisser acheter.
RépondreSupprimerJean Yanne
Les Chinois à Paris (1973) bande annonce
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=WR4B3sCf6ls
https://www.youtube.com/watch?v=Pe1XuBsiVB8
SupprimerLes Routiers - Paul Mercey & Jean Yanne
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=Q8KZ8OpuruA
https://www.youtube.com/watch?v=OF9GKx8nDwY
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=HNj5EZw93lc
https://www.youtube.com/watch?v=EFRzoMrY_ck
https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2015/12/nous-ne-vieillirons-pas-ensemble-lours_30.html
Etienne Daho - Comme un boomerang (duo live avec Dani)
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=OgmAy9e8fpA
Idées noires Bernard Lavilliers Nicoletta
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=KiFbnbKYo8w
https://www.youtube.com/watch?v=r3yrI0BvAf0
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=ubL_hVPm6Oc
Käpt'ns Dinner https://www.youtube.com/watch?v=f2av4fGZFrY
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