Ip Man 4 : Le Dernier Combat : Chinatown


Symbolisme sportif versus « Crabe » increvable…


Vu en VO dans une salle estivale, provinciale, hélas déserte, voici l’ultime item d’une tétralogie à succès, érigée-étirée sur une dizaine d’années. Tourné en Angleterre, en Chine, toujours signé Wilson Yip, qui dirigea entre deux chapitres le supérieur Paradox (2017), (re)lisez-moi ou pas, Ip Man 4 : Le Dernier Combat (2019) permet idem de retrouver le chorégraphe Yuen Woo-ping, le compositeur Kenji Kawai, le décorateur Kenneth Mak, le directeur de la photographie Cheng Siu Keung, le monteur Cheung Ka-fai, le producteur Raymond Wong, les scénaristes Chan Tai-li, Jill Leung, Edmond Wong, ici associés à Hiroshi Fukazawa. Devant la caméra, on revoit Scott Adkins, Danny Chan, Kent Cheng, Chris Collins, Yue Wu, Donnie Yen, on découvre Vanda Margraf, Simon Shiyamba, Vanness Wu. Dès le départ, on se croit fissa face à un mélodrame médical, familial, mais l’ouvrage vintage vire vite vers la démonstration didactique, la parabole politique. Condamné par un cancer, l’endeuillé « grandmaster », amitiés au titre homonyme, mémoriel, sentimental, de Wong Kar-wai (The Grandmaster, 2013), fait un saut à San Francisco, compte y caser, parmi les petits capitalistes du privé, son fiston en pleine période de rébellion. Avec son élève réuni, un certain Bruce Lee, lui-même en délicatesse avec une association pas si concon, de protection, Ip Man expérimente illico le racisme rassis de « l’Oncle Sam », accessoirement un séisme local, participe en sus à un festival automnal. Pendant ce temps, un misérable sergent des Marines, à transformer celui de Full Metal Jacket (Stanley Kubrick, 1987) en modèle d’humanité, de plus un peu porté sur le punitif autodafé, y envoie son VRP de karatéka, casser des briques sans recourir à la dialectique. Tout cela ne suffit pas, les services de l’immigration s’en mêlent, machiavélisme paternel, de piteuse « pisseuse » harceleuse.



Après son « dernier combat » pas à la Luc Besson, allons bon, le vainqueur vaincu, du « rêve américain » revenu, revient donc à Hong Kong, chez son fils informé, pacifié, avant de décéder, d’être honoré, par Bruce en personne, boucle bouclée de voyage inversé. Une suite de souvenirs express ressuscite la trilogie, salut à Sammo Hung, à Simon Yam, des cartons précisent la présence du wing chun depuis 2001 au programme des entraînements marins, amen. On le voit, on le lit, la meilleure part de Ip Man 4 : Le Dernier Combat se situe au sein de sa mélancolie, d’une défaite de fatum, à l’instar de celle, similaire, différenciée, du Captain Marvel de Jim Starlin. Les mythes magnifiques meurent aussi, enfin amis, démunis. Ip Man, filmé au carré, au cube, à « Chinatown », à domicile, par le biopic guère véridique, transmet son art, sa morale, mort-vivant émouvant, « légende » modeste, radicale. Dès lors, dommage pour le « portrait-charge », mélange de manichéisme, de nationalisme.  Ip Man 4 : Le Dernier Combat déplut fortement aux démocrates manifestants de HK, on peut comprendre pourquoi, pas seulement en raisons des déclarations de soumission de Chan, Wong, Yen, puisque au lieu de transcender d’indéniables « préjugés », réussite de Bruce, œcuménisme lucide de Ip Man : La légende est née (Herman Yau, 2010), il s’obstine à imposer les siens, à savoir une solidarité simulée, aseptisée, une autarcie d’exilés désenchantés, d’États-Unis désunis. « Mettre au tapis », de manière littérale, le risible « suprémacisme » US, personne, en tout cas pas moi, ne s’en plaindra, contrairement à la caricature des Blancs, ces « Blancos » de VO, comme si Titra-Film validait Manuel Valls, mince, comme si la coda colossale, au Colisée, de La Fureur du dragon (Lee, 1972, date de la disparition du mentor), se voyait désormais démultipliée, instrumentalisée, jusqu’à la nausée, la stérilité, alors que la concorde cosmopolite du produit, d’ailleurs doté d’une forme de féminisme soft, dément un pareil positionnement complaisant, voire victimisant.

Demeure, évidemment, heureusement, la maestria des talents énumérés supra, le cinéphile l’affirme, l’apprécie, l’applaudit, le citoyen, certes moins serein, un brin bien moins. 


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir