Snatchers : Apocalyto
La première fois, neuf mois, un lendemain, du presque rien…
Souris un peu, cinéphile si
malheureux, amuse-toi un chouïa, citoyen guère serein, avec, un soir, au
hasard, cette comédie de SF horrifique, associant teen movie et monstrueuse
maïeutique. Évidemment, ce Snatchers-ci (Stephen Cedars &
Benji Kleiman, 2019) oublie le body,
manque de substance, de corps et d’esprit, en dépit de ses bodies (ici, on dit « cadavres ») à profusion (de sang,
bien sûr). Don Siegel (Invasion of the Body Snatchers,
1956), Philip Kaufman (idem, 1978) ou
Abel Ferrara (Body Snatchers, 1993) – pas vu la version d’Oliver Hirschbiegel
(Invasion,
2007) – peuvent dormir sur leurs deux oreilles (d’alien). Nous voici très loin, aussi, des sombres Inseminoid
(Norman J. Warren, 1981) et Xtro (Harry Bromley Davenport,
1982), diptyque britannique, yes indeed :
dans Snatchers,
de vrais-faux lycéens affrontent des clandestins mexicains, Donald Trump
appréciera, ou pas, menace véloce et vivace, pour le monde entier, surtout
celui des USA, et le film s’avère, en définitive, autant volatile que le gaz de
l’intrigue, aux origines extra-terrestres,
aux néfastes effets, joliment retracés par le générique-fresque. Sis en 2012,
date fatidique, le récit mélange donc les brûlants Mayas et les adolescents de
Madre Vista, propose au spectateur indulgent un divertissement indigent,
sympathique, pourtant, car drolatique, énergique, assez soigné, habité par un casting choral pas en toc, davantage ad hoc. Certes, l’éloge de l’amitié
féminine (retrouvée, renforcée) participe de l’air du temps, du girl power inconsistant, et Snatchers,
à peine au-dessous de sa surface infime, nous ressert le plat rassis de l’abstinence
(des mineurs), ou alors gare aux conséquences (à la décuplée douleur).
Mais, Dieu merci, le court développé
en long, quand même un peu long, tant pis pour son heure et demi, sait
toutefois pratiquer l’auto-ironie, s’exempter de la xénophobie, se moquer, en
mode cartoon, d’un (du) (sur)mâle
américain, fissa transformé, à cause de son excursion scolaire, de l’autre côté
de la frontière, de dyslexique catastrophique, en queutard compulsif (il faut
de l’intelligence afin de jouer les imbéciles, Austin Fryberger en affiche en
Skyler crétin). Bien scoré, par Christopher Doucet, de façon orchestrale, luxe
mélomane, Snatchers recycle le cycle (menstruel) de la maternité
non-désirée, telle mère, telle fifille, cite Jane Austen, évite l’austère. On
suit tout ceci – le militant anti-avortement, en vérité peu charitable, Jésus
gémit ; le policier sentimental, qui demande de lui mettre de côté, au
commissariat, une part de… gâteau glacé ; la jeunesse étasunienne dorée, fadasse,
festive, portée sur la fesse – avec une
désinvolte complicité, conquis par l’absence de cynisme, de malignité. Ni
fiévreux, ni laborieux, Snatchers s’adresse ainsi, d’abord,
aux curieux (de creature design), aux amateurs de ciné à domicile, fatigués de leur journée, peut-être de leur nuit
(d’insomnie). Indépendant, marrant, régressif, inoffensif, il s’agit, par
conséquent, d’un opus ne méritant
point un malus, pas plus qu’une
laudation hors de saison (de proportion). Si le temps quantique des films
existait, parmi la vraie vie nervalienne, l’ouvrage trouverait sa place
parfaite au sein de l’espace estival, convivial, collectif, individuel,
motorisé, charnel, du drive-in
(relis-moi ou pas, camarade en automobile), son « The End »
calligraphique, anachronique, inclus. En attendant, croque ton pop-corn et casse de l’arachnéen, hein…
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