Deux années miroitées


24 images (par seconde), 24 mois, mille enfantillages et quelques rencontres fondatrices…


364 articles, 228 commentaires, 155 620 pages vues (majoritairement aux États-Unis et en France), 2 ans jour pour jour d’existence « blogueuse » (plus 4 communautés/15 collections G+, une page FB dédiée à la filmographie transalpine, des chaînes YouTube & Soundsgood, un Tumblr, un site monographique bicéphale consacré à David Cronenberg) : en bon littéraire, les chiffres ne nous intéressent guère (sauf ceux du bulletin de salaire, comme tout le monde), mais cet « anniversaire », bien peu nostalgique (ne te retourne pas, Orphée, recommandait Nic Roeg), soufflé (on faillit oublier) par la fidèle lectrice « naturalisée » Suisse, valait au moins un clin d’œil cinéphile au féminin (deux passions spéculaires), avec Debbie (Reynolds, tant pis pour Miss Harry), délicieuse danseuse-chanteuse débarrassée de la pluie de Gene Kelly.

Et, surtout (délaissons le stérile narcissisme), l’occasion estivale d’un remerciement (oh, les horribles cérémonies des « professionnels de la profession ») collectif, sincère, à celles et ceux qui nous font l’honneur de nous lire, de nous écrire, de nous « liker », de nous « plusser ». S’il s’avère discutable, voire dommageable, de s’adresser (en esthétique, en démocratie) à un public particulier, nul n’écrit jamais afin de n’être point lu (admirons les déclarations de solitude sans trop y croire, propose à raison Camus dans Noces). Ce miroir fantomatique, sa part de journal intime pleinement assumée, vous reflète aussi bien (mieux ?) que son auteur, votre serviteur. La cinéphilie, qu’on le veuille ou non, ne constitue pas un hobby, un divertissement (pascalien), un amusement, un délassement (il existe de nombreux moyens de parvenir à ces états parfois agréables, sans passer par la case du « septième art ») – elle s’apparente, pour moi en tout cas (pardon pour ce pronom excusable dans le contexte réflexif), à une « vision du monde », à une façon de le transcrire, de l’encapsuler dans des textes auxquels reprocher deux ou trois choses, certes, à l’exception de la laideur, de la tiédeur, de la connivence, de l’indifférence.

Le cinéma (contemporain) déçoit et comble, désespère et inspire, se compromet et se transfigure, mais au-delà de tous les oxymorons, il vit, comme nous tous, il change, il vieillit et se souvient, se projette, se tend entre l’inertie et l’élan. Cette praxis issue d’un siècle industriellement sauvage, elle-même mécanique mortelle, nous emmène à chaque voyage au pays des morts, au cimetière brillant, bruyant, excitant, qui nous attend individuellement avec une éternelle patience. D’ici là, restons éveillés, enragés, caressés (ou caressants) et ne cessons pas de célébrer (sinon tancer) la vérité supérieure de « l’imitation de la vie » (un salut à Douglas Sirk, of course), précieux et valeureux mirage artistique, économique, politique, métaphysique, tragique et ludique. 
  

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