Final Cut : Notes sur le montage
Pour les lecteurs pressés ou les partisans de la prose montée cut, quelques lignes sur un art « invisible »…
On ne compte plus les ouvrages
thématiques. On se gardera de dénombrer les biographies. Les « beaux-livres »
et les albums fleurissent en fin
d’année.
Pourtant, l’offre éditoriale frise
ici la nullité (souvenir d’un essai
sur Peckinpah sous-titré : A Portrait in Montage et découverte
d’un opus dû à Dmytryk).
Pourquoi cette absence à peine
remarquée ? Quels obstacles gênent l’expression sur le sujet ? Notre texte
explore plutôt qu’il ne répond.
Commençons par un peu de
linguistique.
L’américain emprunte au français,
avec un sens conservé, le mot montage,
mais l’expression montage sequence désigne un procédé particulier.
Il s’agit d’une suite de moments enchaînés dans le temps (voir l’exemple célèbre
des repas du couple vieillissant dans Citizen Kane).
Le lexique technique US, pragmatique
comme la langue et le pays, fait en outre la distinction entre l’assemblage matériel (to cut, couper la pellicule) et
intellectuel (to edit, monter le
film).
Du reste, le montage concerne aussi
le son et ses champs d’expression : sound
design (conception sonore) et Foley
artist (ingénieur du son « expressif », dont Berberian Sound Studio
dresse un trouble portrait).
Le numérique décuple les possibilités
sans changer vraiment la problématique ; Robert Rodriguez peut ainsi jouer
les hommes-orchestres dans son studio à domicile.
Avant lui, d’illustres prédécesseurs
nommés Akira Kurosawa, David Lean, Russ Meyer, Paul Morrissey, Tinto Brass et les
frères Coen ; Robert Wise et Mark Robson, formés au côté de Welles puis
passés à la réalisation ; Kubrick, enfermé des heures en salle de montage ;
de nos jours, Larry Fessenden (The Last Winter).
Une profession historiquement
féminisée, comme l’enseignement, comme si les femmes, et leur regard,
permettaient aux films de naître enfin, en sages-femmes cinéphiles.
Des noms (souvent primés) remontent à
la surface de la mémoire ou affleurent durant les recherches : Tina Hirsch
(première présidente, en 2000, de la guilde des monteurs américains, l’ACE)
pour le trio La Quatrième Dimension, Gremlins, Explorers ; Thelma
Schoonmaker, compagne des Archers puis de Scorsese ; Françoise Bonnot,
épouse et collaboratrice de Verneuil mais aussi monteuse de L’Armée
des ombres, Quatre mouches de velours gris, Le Locataire, L’Année
du dragon ou Frida ; Marie-Josèphe Yoyotte,
qui côtoya, durant une cinquante d’années, tout le « gratin » du
cinéma français (Les Quatre Cent Coups et son mémorable arrêt sur image final, droit dans les yeux, Corneau et Pinoteau, Good-bye Emmanuelle et Diva) ;
Anne V. Coates (Lawrence d’Arabie, Elephant Man, Greystoke, la légende de Tarzan
et… Striptease
avec sa Demi Moore bodybuildée) ;
Claire Simpson (la crucifixion au ralenti de Willem Dafoe dans Platoon),
Mary Sweeney (partageant la vie et les films de David Lynch).
Du côté des messieurs, Joel Cox (fidèle d’Eastwood), Jerry Greenberg (moult De Palma, French Connection et Apocalypse
Now), Hal Ashby (le split screen
de L’Affaire
Thomas Crown), l’immense Walter Murch (Conversation secrète, le
meilleur titre de Coppola), Christian Nyby (travaux pour Hawks en parallèle de La
Chose d’un autre monde), John Ottman (intéressant monteur et compositeur pour Bryan Singer) ou
Roger Spottiswoode (le viol des Chiens de paille, l’élégie de Pat
Garrett et Billy le Kid avant les reportages contés dans Under
Fire).
Henri Colpi monta le diptyque « révolutionnaire »
d’Alain Resnais (Hiroshima mon amour et L’Année dernière à Marienbad), avant
de réaliser le mélancolique et bien plus sage Heureux qui comme Ulysse.
Albert Jurgenson (Oury, Boisset,
Miller) représenta, presque à lui seul, tout le cinéma hexagonal et « populaire »
des années 70.
Cessons, cependant l’énumération,
pour nous attacher à des fragments de réflexion.
Tout le monde (cinéphile) s’extasie aujourd’hui,
à raison, sur la fusillade orgiaque de La Horde sauvage (montage de Lou
Lombardo), mais l’on peut préférer, ou mettre en résonance, l’ouverture
magistrale de Guet-apens, grand film d’amour formaliste trahissant en beauté
le polar cynique de Jim Thompson, qui nous plonge à la fois en prison et dans
l’esprit de Steve McQueen.
Bestiaire propre au réalisateur (pas
de scorpions ni de fourmis mais des biches et des daims, des chevaux et des
chiens), machinisme sonore et visuel (en rimes croisées), rage à peine contenue
de l’acteur, quotidien aliénant et encadré à main armée, souvenirs de tendres
caresses puis accélération du rythme jusqu’à la destruction du pont en
allumettes, suivie d’un arrêt sur image loin des figements iconiques et
mortifères du générique de The Wild Bunch : en moins de
huit minutes, Robert Wolfe (et Spottiswoode en editorial consultant) tresse une riche et sidérante tapisserie
audiovisuelle/existentielle.
D’autres moments abondent, que l’on
ne détaillera pas, tels ces raccords proverbiaux entre une allumette (encore)
soufflée tissée au soleil levant (transition écrite du scénario de Robert Bolt)
dans Lawrence
d’Arabie ou un os en apesanteur supplanté par un vaisseau spatial dans 2001,
l’Odyssée de l’espace (montage signé Ray Lovejoy, après Docteur Folamour et avant Shining).
La scène d’amour
« inversée » de Ne vous retournez pas de Nicolas
Roeg (directeur de la photographie de seconde équipe sur le Lean) s’avère également
exemplaire des possibilités temporelles et narratives du montage.
Et la mosaïque de l’écran fragmenté
sert à juxtaposer des éléments disjoints réunis dans l’ivresse (course
hippique/jeu d’échecs érotique, en harmonie avec les notes de Michel Legrand, dans L’Affaire Thomas Crown) ou
l’inquiétude (visualisation de la psyché scindée d’un père de famille assassin
en série dans L'Étrangleur de Boston).
« L’effet Koulechov »
demeure certes fameux, mais faut-il pleinement le prendre au sérieux ?
(Même question pour le recueil canonique d’entretiens entre Truffaut et
Hitchcock) Trois images à interpréter selon la partie centrale, en triptyque
cinématographique, pourquoi pas, mais cela nous semble un peu trop mécanique.
Le cinéma, mécanisme esthétique,
convie par essence l’organique de la perception rétinienne et la polysémie de
la perception (« objective », sémantique).
De même, les célèbres
« attractions » d’Eisenstein (des explosions dans un moteur
d’automobile, dixit le cinéaste),
censées court-circuiter le déroulement linéaire (et « bourgeois ») de
l’action/représentation par des césures métaphoriques et politiques – bœufs à
l’abattoir et ouvriers révoltés dans La Grève – charment (ou repoussent)
à présent pour leur caractère poétique et « naïf ».
La scène « révisionniste »
des escaliers du Cuirassé Potemkine (admirablement relue dans Les
Incorruptibles), sublime démonstration des ressources rythmiques et
« mélodramatiques » du montage, avec ses stases du mouvement martial en
motifs picturaux/sculpturaux (pietà à
Odessa en regard caméra, assortie, pour l’équilibre, d’un cul-de-jatte, d’un
unijambiste, de coups de sabre en plein visage et d’un landau à vau-l’eau, dolorisme
façon freaks) doit aussi sa puissance à la photographie,
solaire et source d’ombres, aux flux contraires des personnages et des travellings, aux ramifications
iconographiques (Goya en sus de Michel-Ange), aux jeux graphiques des lignes
(marches horizontales dévalées à la verticale, sur l’arrière-plan fixe de la
mer et contre les diagonales des fusils).
Pour les psys « aux premières loges », cet épisode séminal et
insurpassable constitue en outre du pain béni fantasmatique (effusions de sang
au lieu de sperme, longs canons
explosifs rétablissant l’ordre démocratique et symbolique du désir homoérotique du réalisateur).
La charge anti-tsariste trouve son
immortalité dans la musique des images, leur cadence virtuose, leur charge
émotive conservée intacte quasiment un siècle plus tard – Eisenstein, maître du
montage mais avant tout de la réalisation, les deux arts, inséparables, conçus dans un mouvement identique, fusionnés
dans l’extase sacrificielle de la forme « dictatoriale » et de la
réception par le spectateur, de gauche ou de droite, croyant ou athée.
Que penserait donc le lucide et
poétique Bazin, théoricien du « montage interdit » (léonin) afin de mieux
saisir la « robe sans coutures de la réalité », des plans-séquences ostentatoires
d’Irréversible
et des Fils de l’homme, des acrobaties sensorielles de Gravity
?
Quelle ironie de voir son « ontologie
du cinéma » annexée par le gonzo,
la pornographie contemporaine redécouvrant les vertus économiques et « l’effet
de réel » de la prise (sans jeu de mots) unique, de l’enregistrement à
deux caméras/deux axes/deux actrices (les scènes lesbiennes et intergénérationnelles,
gentiment incestueuses, du studio Sweetheart Video) !
Le montage n’équivaut pas bien sûr à hystérie
ni à l’analphabétisme, et les épuisants produits mercantiles de Michael Bay ou
la shaky cam syncopée des séries
policières et autres aventures de Jason Bourne n’illusionnent que leurs
victimes volontaires.
Il existe un art de la lenteur, chez
Leone ou Tarkovski ; il existe une science du découpage serti dans la
parole, à des années-lumière de tout « théâtre filmé » (Pagnol et le temps du langage dans Marius
ou ailleurs).
Le générique faussement amateur et
méta de Seven (exécuté par Kyle Cooper) nous montre un collage multi-supports (papier, pellicule), sur fond de Nine Inch Nails, promis à un riche avenir (jusqu’à la série American Horror Story) ; il
indique aussi une démocratisation des pratiques, avec l’avènement du found footage et des diaporamas sur les
plates-formes dites de partage.
Redacted cristallise ces pratiques en les
portant à leur plus haut point de combustion, de virulence, d’horreur, de trivialité, de
lyrisme obscène (la coda sur Tosca) ;
le rôle de réalisateur, à l’heure des flux d’image et d’information (au sens électronique
du terme) se limiterait-il à celui d’un monteur anonyme ?
Cette nouvelle donne du fait divers
enregistré, des archives à remonter soi-même, renvoie étrangement vers l’idéal
de transparence du cinéma classique hollywoodien qui, contradictoirement ou
pas, servit de cadre à l’éclosion de belles singularités (Minnelli, Mann,
pour faire très court).
Actuellement, comme le prophétisait
Coppola dans les années 80, un enfant peut tourner un film muni d’un simple
téléphone portable. Quel avenir, dès lors, pour le montage ?
L’alternance de Griffith entre deux espaces
et deux actions (voire deux temporalités) séparés reste-t-elle opérationnelle à
l’heure des réseaux, de l’interconnexion mondialisée, du « village global » capitaliste et de la lingua franca du
1 et du O (le vrai visage de la langue commerciale anglophone ou
asiatique) ? Vastes questions politiques et non plus uniquement de cinéma
(indissociables pour nous).
Le montage des images paraît
s’effacer devant celui des intérêts, des « niches », des « communautés » :
cette atomisation du monde, cette guérilla généralisée sous les masques
bariolés, dérisoires et terrifiants du tribalisme (culturel, religieux,
financier, « racial »), Diary of the Dead de George A. Romero
nous y plongeait corps et âme, dans le fond et la forme (ce film et le De Palma
serviront de témoignages et de paraboles sur notre temps pour les historiens futurs).
Les monteurs (et monteuses), malgré leur rôle « secondaire »
par rapport aux réalisateurs, s’avèrent donc in fine, eux aussi, des démiurges, des créateurs de mondes qui,
suivant leur talent, vont respirer ou mourir sur l’écran.
Que vaudraient Sueurs froides et Psychose
sans George Tomasini ? Le néo-réalisme italien nous atteindrait-il autant
débarrassé de la « rusticité » de son montage ? Une image seule
peut-elle convier tout un univers de sensations agréables et nécessaires, comme
veut nous le faire accroire et vendre la
publicité au quotidien, et les longs métrages trop « jolis » pour
être honnêtes ?
Faut-il assembler entre elles, dans
le sillage de la vulgate godardienne, des images justes ou juste des
images, débitées à la chaîne, tel l’opium populaire
d’hier (et d’aujourd’hui, apparemment), par les robinets médiatiques et la
sphère « virtuelle » ?
Ces questionnements débordent le
cadre de notre article, mais nul ne peut nier leur importance cruciale, car liée
à la nature même des imageries, des imaginaires, des consciences collectives et
des rêves singuliers.
En 2001, sur l’écran international,
alors que le grand prophétisait/répétait l’événement depuis au moins les films
catastrophe des années 70, et les rodomontades anti-terroristes des décennies
suivantes (l’art imitant toujours la vie), des images d’avions s’écrasant dans
des tours jumelles vinrent abreuver le monde, en quête d’une insupportable et
ravissante réalité, d’images hallucinatoires d’évidence (d’autres vols se
verront remis en cause par les adeptes de la « théorie du complot »),
d’un spectacle qui surpasse tous les autres par son coefficient de réalisme, sa
bande-son banale et irréfutable dans sa banalité (exclamations, cris,
hurlements, sanglots) – le festin nu
dans toute la cruauté spéculaire et désirée du studio-réalité,
pour parler comme Burroughs (ou Baudrillard).
Ces images-là tournèrent « en
boucle » et dans un montage rudimentaire (contre-plongée/vue horizontale d’aplomb)
dans tous les foyers ou presque de la planète : fin d’une certaine image –
dans la double acception du mot – de l’Amérique et du monde occidental, fin du
montage aussi, de l’ordre des plans agencés, avec notre complicité, par des
gouvernants ridiculisés dans leur impuissance (le silence assourdissant et
immobile de Bush face à des écoliers, sommet d’ironie involontaire).
Monter les
films ne suffit pas et revient toujours à montrer
une vision du monde, à déployer un ensemble de valeurs (hiérarchie des plans et
des thèmes, des discours et des affects). Le montage relève de l’idéologie,
l’association du point de vue (documenté, dirait Vigo), et la profondeur de champ « libératrice »
chère à Rossellini – tous les éléments visuels et réels sur le même niveau
égalitaire, à ordonner par le spectateur éclairé – semble définitivement
enfouie sous les décombres des totems naguère apparus dans… King
Kong (1933).
La mort transforme la vie en destin,
disait Malraux ; le montage fixe le work
in progress en œuvre (Friedkin s’en fiche et retouche ses films, dont L’Exorciste,
pour le pire et le meilleur).
Le final cut ouvre sur la Destination finale, l’arrêt sur
image de McQueen anticipe notre minéralisation prochaine ; le cinéma « momifie »
déjà ceux qui s’y risquent, au propre (cancers de stars durant les années 50,
attribués aux projecteurs) et au figuré (miroir entre deux fantômes, sur la
toile et devant) et la chute
camusienne des scènes coupées finit dans les poubelles du marketing (succès post-moderne des coulisses, des dessous du tapis,
des ruines de l’œuvre, du director’s cut pas toujours supérieur, à
l’instar de l’ouverture de La Soif du mal avec/privée du mambo
« explosif » de Mancini).
Le cinéphile, en dépit de tous les
verrous, de toutes les « directions de spectateur », hitchcockienne ou moins
inspirées, se fait, littéralement, son cinéma, monte le film à sa façon, avec
son esprit, son cœur, son corps.
Il nous appartient donc de pratiquer le montage de notre propre vie, avec ou sans home movies, histoire d’en faire une œuvre d’art – le monde ne se
justifie qu’en tant que phénomène esthétique, affirmait Nietzsche ; le
monde n’existe que pour aboutir à un beau livre, renchérissait Mallarmé –, désormais aux commandes (de la Moviola/des logiciels actuels) du film de notre existence...
Merci pour ce magnifique article, l'écriture élégante et précise participe pour beaucoup de l'éclairage subtil, panorama sur le motif du montage...
RépondreSupprimerSuzanne Baron, son superbe montage du film Le feu follet (1963)
"un travail à chaque fois vécu comme un acte d'amour,"
"son art du montage discret, presque invisible"...
Peut-être qu'en ce moment une IA équipée d'algorithmes
qui collationnent toutes nos images , nos mots, nos traces
travaille furtivement
pour en faire un montage et nous vendre quelque film de Sf
et l'immortalité sur la toile ?
Merci à vous, pour ceci et pour tout (le reste)...
SupprimerDu montage vers le stockage, en prévision de l'héritage, après le naufrage :
https://tendances.orange.fr/vie-digitale/vie-perso/article-l-arche-de-noe-digitale-existe-elle-est-en-norvege-CNT000001txJLc.html
Merci pour le lien vers cet article fort instructif, du côté de la Californie et via ses satellites de stockages mondialement répartis, ça engrange tout sur la toile, Hollywood se métamorphose :
Supprimer2030 The Film | Extended Trailer
https://www.youtube.com/watch?v=yPvaRbn7b0w&feature=emb_logo
L'immortalité au prix de la télé-réalité...
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=_Jtpf8N5IDE
Peter Szendy : « le phrasé du regard »
Supprimerhttps://capricci.fr/wordpress/product/lapocalypse-cinema/
https://www.youtube.com/watch?v=imeSVsSkc_Q
https://www.youtube.com/watch?v=Umc9ezAyJv0
Supprimerhttps://www.amazon.fr/Flicker-Theodore-Roszak/dp/155652577X
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Conspiration_des_t%C3%A9n%C3%A8bres
https://www.jailu.com/le-troisieme-oeil/9782290343265
Krishnamurti, la star solitaire d'Hollywood
Supprimerhttps://ichi.pro/fr/krishnamurti-la-star-solitaire-d-hollywood-71722357713305
https://www.youtube.com/watch?v=R24zr78z2CE
https://www.youtube.com/watch?v=n0dit-xV57k
et lui qui donnait des cours de chant, entre autres,, je l'ai un peu connu,
le mage Nathaniel, il en savait des choses et sa mort peut être interprétée d'autres façons que...
https://www.francebleu.fr/emissions/les-grandes-affaires-criminelles/sud-lorraine/les-grandes-affaires-criminelles-69
https://www.artistikrezo.com/art/maud-kristen.html
Supprimerhttps://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2019/03/le-choc-des-titans-la-gorgone.html