Petit pays
Une œuvre, un plan : Vive la France (1974)
« Cher et vieux
pays » : produit par André Génovès, proche de Chabrol, co-monté par
Jacqueline Thiédot, assembleuse attitrée chez Grangier, (Denys de) La
Patellière, Sautet ou Giovanni, peut-être inspiré par un livre homonyme paru en
1973, ce « point de vue documenté » point à la Vigo ne connut le
succès en salles, le voici désormais ressuscité, sinon plébiscité, en ligne,
magnanime. Durant une heure dix, Audiard déride notre histoire, pas celle de Michelet,
Foucault ou Castelot, de (Bertrand) Blier ni Delon, fameux admirateur d’un
célèbre résistant londonien ici réduit à rien, à un ersatz de Zorro réduit à
zéro. Tressage d’anciennes images, de citations en situation, de chansons de
saison(s), pas seulement susurrées par Salvador, l’opus paraît à présent impossible à reproduire tel quel, en raison
d’évidentes raisons de bienséance, de bien-pensance, de moralisation, de
victimisation. Certaines sensibilités de la médiocre modernité pourront donc se
scandaliser, à Pasolini le spécialiste mes amitiés, des passages consacrés à la
disparition des maisons closes, à la persistance du colonialisme, incapables d’en
saisir la constante dérision audiardesque, peste. Cogité par l’intéressé au
creux d’une décennie endeuillée, l’accident routier fatal à son fils prophétisé
via des statistiques peu bénites, l’item amène, de son temps, pourtant à
contretemps, portraiture à (dé)charge un pays décrit comme à la fois hédoniste
et militariste, sportif et alcoolique. Le dialoguiste/scénariste assume son
absence de sérieux, il ne reviendra sur le personnel trauma des très malvenues tondues, motif de sadisme collectif et cathartique
déjà retravaillé par Lean (La Fille de Ryan, 1970). Focalisé
sur une quarantaine d’années, associant danses élégantes et saluts nazis, lesté
de détestations ciblées, démuni de la moindre once de nostalgie, le résumé
discutable et délectable en sus esquisse un vrai-faux messie, atteste de
l’actualité métamorphosée de la morosité des pas si sexy seventies…
Une belle synthèse ! merci !
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