La Mort d’Olivier Bécaille : De l’inconvénient d’être né
Six pieds sous terre, mon cher (1)…
La Mort d’Olivier Bécaille, d’emblée, allez, L’Inhumation
prématurée retravaille. Zola lut-il Poe ? Pourquoi pas, puisque opus original paru en 1844, quarante ans
avant le sien, car traduction française, Baudelaire au vestiaire, disponible au
moins dès 1882, du recueil Contes grotesques au creux. Cet
extrait de Naïs Micoulin, collection qui elle-même, en 1945, inspira
Pagnol, sa sublime Jacqueline, son émouvant Fernand, évoque évidemment
l’enterrement vivant, crainte d’époque, débattue, voire rebattue, et
documentée, on le sait. Chez le spécialiste pince-sans-rire de
l’ensevelissement in situ, à bestiole,
à l’instant, à survivant, (re)lisez La Barrique d’amontillado, Bérénice,
Le
Chat noir, La Chute de la maison Usher ou, en parallèle, Le Puits
et le Pendule, le trépas programmé, en réalité imaginé, paraissait un
prétexte à texte, une thérapie jolie, une traversée des apparences et de la catalepsie,
en définitive tournée vers une nouvelle vie – ici aussi, mais de manière
davantage douce-amère. Cette nouvelle, certes assez anecdotique, cependant
sympathique, vite lue, sans doute vite écrite, dénote un romantisme tamisé de
pragmatisme et d’athéisme, cf. l’incipit
explicite, à la fois fatal et trivial. Si le Boris sarcastique, ludique et pathétique
de L’Écume
des jours, publié en 1947, transformera les funérailles de la condamnée
Chloé en crève-cœur délesté de merci, de Seigneur, Zola délivre une mise en
bière, une cérémonie au cimetière, ne pouvant pas ne pas rappeler le Vampyr
(1932) de Dreyer. Allan (Gray plutôt que Poe) & Olivier assistent en effet au
spectacle ultime, impossible, une pensée pour les reflétées victimes, ta peur
et ton désespoir me fascinent, fissa je les filme, tout ça pour toi, Papa, du
valeureux et scandaleux Voyeur (1960) de Powell : celui
de leur décès, expérience très intense, d’une subjectivité poussée à l’excès.
Paralytique prosaïque, à problèmes économiques, Olivier, observateur immobilisé, accompagné d’une épouse prénommée Marguerite, guère faustienne, peu sereine, point Chopin, nom en or, utilisé par Carl Theodor ; d’une voisine intrusive, dénommée Gabin, tiens, tiens, de sa gamine dégourdie, petite de Paris ; d’un rival envisageable, au patronyme parfumé au sirop d’érable ; d’un tandem de médecins incertains, « homme médiocre » à nouveau au top, in extremis, en été, décide de s’éviter de ressusciter, en partie afin de ne troubler la félicité racontée de son envolée moitié. Misogynie ? Que nenni, mariage raté, couple séparé, page tournée. Enfant souffrant, souffreteux, malheureux, le vrai-faux agonisant se pourrit la vie, à cogiter constamment au néant, memento mori y compris au lit, garantie d’insomnie. Le fonctionnaire déconfit se souvient ainsi, réfléchit, fait un gros effort, essaie de ne déraisonner, puis parvient à dépasser son supplice doté de sensorialité, d’altérité, à suspense funeste, causé par sa mort inodore, indolore. Recouvert de terre, à peine poussière, infime et infortuné frère, il se met à rêver de tunnel écroulé, les psys apprécient, donc de locomotive immobile, Lantier, molto marteau, comparse de Mark Lewis, je te désire, je te trucide, opine, bientôt Gabin, bis, de La Bête humaine (1938), apprivoisée par Renoir, quel foutoir. Pas de cannibales, juste crever la dalle… Sauvé par un clou relou, une fosse féconde, honteux d’être heureux, en vie, bien vêtu, en pleine rue secouru, le cadavre bien portant, esseulé, pourtant, va s’asseoir au jardin du Luxembourg, tu ne m’y vois pas, depuis Hiroshima, mon amour. Adouci, apaisé, vacciné selon du sort l’absurdité, il voudrait que la Faucheuse, au fond (du trou) pas si affreuse, ne l’oublie, l’abolisse, please, coda ironique du conte tragi-comique.
Question de mort vivant, "Le Colonel Chabert... est un roman court d’Honoré de Balzac, qui paraît sous sa forme définitive en 18441. Une première version du texte avait paru en 1832 sous le titre La Transaction dans la revue L'Artiste, puis en 1835 sous le titre La Comtesse à deux maris..."
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=r7301zlUHQg
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=5WPtZa4lP4Q
https://www.youtube.com/watch?v=U-l253ewkgQ
Le Colonel Chabert (Il colonello Chabert) est un film italien réalisé par Carmine Gallone et sorti en 1920, d'après le roman éponyme d'Honoré de Balzac.
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