The Hitchhikers : Maggie


Madame Thatcher ? L’héroïne translucide d’une pantalonnade estivale pas chère.


Premier plan de pluie optique sur un pick-up, apothéose en voix off, malgré son refus, voici Maggie à crucifix fissa enceinte, alors elle fuit l’étalon rigolard, minable-invisible queutard, elle vole un peu de fric à ses parents au pieu, leur laisse son soutien-gorge auprès de sa photo encadrée, elle se casse en silence avec son sac, sa robe courte, sa culotte blanche, ses pieds nus, sur les routes à perte de vue du pays de l’Oncle Sam. Au vu de tout ceci, plutôt bien mené, monté, éclairé, on se dit que peut-être l’on détient/découvre un titre oublié à exhumer, à célébrer. Hélas, la suite incite vite à déchanter, autant que les chansons à la con de Danny Cohen, ersatz country de Bob Dylan période Peckinpah, qui commentent l’action, disons son absence, avec une rance persévérance. Outre faire joujou avec des lunettes de soleil ramassées en bordure de chaussée, se faire violer par un vilain routier de resto ne supportant pas ses canettes vides récupérées afin de récolter un peu de monnaie, notre Maggie magique se fait d’abord voler, par une petite salope en short, crue prostituée, en réalité membre d’une mini communauté recluse au sein d’un décor de ville fantôme western, dont la principale occupation, à côté du recel, du business, de la bière, du saccage de caisse, consiste à dépouiller des automobilistes trop altruistes, ou salaces, allez savoir. Attirés par les nymphes estimées nymphomanes, l’habit faisant le moine, le décolleté l’identité, la disponibilité, les pigeons, à cigare mâchouillé, à œufs écrasés ou non, succombent à Benson, barbu bouffi muni d’une arme et tête pensante du groupe des charmantes. Tu t’attendais à du nudie, à du féminisme, à du saphisme ? Astique-toi la rétine avec d’autres mimines, car ce film totalement indépendant, commis en duo par les époux Sebastian, Beverly & Ferd, donc, celui-ci aussi DP, devenus depuis des grenouilles de bénitier à la sauce US, SPA, ne propose que du morose, ne culmine qu’en saccharine.

Vraie-fausse consœur de la pas si candide Candy de Terry Southern, Maggie, aussitôt délestée de son marmot, fausse couche nocturne illuminée en plongée via une batterie de voiture, prendra plaisamment le pli de l’arnaque impunie, viendra à bout de sa brune rivale, copulera pudiquement dans les bois avec le gourou relou, avant d’atteindre Los Angeles à l’intérieur d’un bus scolaire sans doute subtilisé au Scorpio de L’Inspecteur Harry (Siegel, 1971). Au paradis des palmiers, que fera-t-elle ? On peut supposer du softcore, ou plus fort, la gorge profonde selon l’experte Linda Lovelace alors en vogue. Démonstration d’amateurisme assumée, The Hitchhikers (1972) s’étire sur une heure trente dans une version en VO non sous-titrée de bonne qualité. Pour la qualité du film lui-même, prière de passer à la question suivante. Toutefois l’on saluera la beauté naturelle, datée, very étasunienne et seventies, de Mademoiselle Misty Rowe, presque un pseudonyme de star du X, ensuite logiquement délocalisée à la TV, où sa plastique parfaite dut affoler les ados de Happy Days, la sucette de Kojak, le nain de L’Île fantastique, la moustache de Matt Houston, l’équipage masculin de La Croisière s’amuse, le blondinet boutonneux, voire aryen, de Ricky ou la Belle Vie (une grande pensée pour Erin Gray), le rotor de Supercopter et même le bricoleur de MacGyver. Le ridicule ne tuant pas, surtout à Hollywood, Miss Misty, ex-Miss multiple, interpréta deux fois la persona d’une certaine Norma (Jean Baker). Ici, elle ne joue pas les Marilyn, ni les Pauline (Lafont, bises bis), elle se contente de traverser le cadre, le paysage, de subir des outrages (course de courses au supermarché spermatique incluse), d’enchanter l’inanité de sa grâce, de son sourire, de sa voix douce. Sinon, le tandem sévit itou dans le buggy, le vampirisme, le catch entre filles, cf. leur chaîne en ligne. Ne disposant que d’une vie, je ne m’y aventurerai pas, vous me direz si ça vous dit.


En attendant, fi de l’indie désolant, stupide, mercantile, et vive Maggie/Misty, reine sans malice, quoique, de la célèbre road 66. Sûr que Lucifer, sis au-dessus, au 666, sut se délecter (ou les déplorer) des frasques fades de l’angélique diabolique, à l’instar du cinéphile émoustillé, converti à son culte sculptural, bien que bancal – Play Misty for Me, oh oui.

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