Dogma : Du code au diktat
Achtung, achtung, BLM publie à propos de précieux ennemis.
When
I look at the world it fills me with sorrow
Little
children today are really gonna suffer tomorrow
Oh
what a shame, such a bad way to live
All
who is to blame, we can’t stop livin’
Marvin
Gaye, Save the Children (1971)
« Identifié » par
l’intéressé sur FB, je ne commettrai pas un commentaire, même composé, de son
article paru parmi une « revue de philosophie et de sciences
humaines » numérique, dont le nom évoque au cinéphile, double homonyme, à
la fois le film de Kevin Smith (1999) et le code de bonne conduite
cinématographique de plaisantins danois (1995) : la prose de Brieuc Le Meur,
claire et sincère, se suffit à elle-même, s’adresse à tout lecteur (et
lectrice, histoire de respecter la perspective féministe) disposant d’un
cerveau. On se limitera donc à en résumer la tonalité, à en reformuler la
« note d’intention ». Le penseur polyvalent, résident allemand, y
étudie, au sein de cinq champs précis, la notion de conflit, sinon sa nécessité,
telle qu’elle se donne à lire dans des discours de désamour. La victimisation
multiple, ce mal misérable et misérabiliste, produit par la « contemporanéité »
de travers, elle-même traversée par le « renversement » du monde
sensible, réel, non verbal, conspire à maintenir un confort de
« cicatrice », tant la blessure d’imposture paraît préférable à la
guérison de saison, d’occasion, d’éducation et d’invention. En littéraire on line,
tout ceci me remémore le « mot-virus » de Burroughs, la
« novlangue » d’Orwell ou la « langue des tortionnaires »
de Genet, me rappelle mes lointaines années d’université sudiste, au siècle
dernier, quand il fallait s’enfiler le ciment d’étudiant en Lettres Modernes,
masse de paratexte proprement et salement indigeste. Puisque je signai, en date
du 2 juillet 2018, un billet au sujet des termes transmués au ciné, où je
revenais sur « l’arbitraire du signifiant et du signifié »,
c’est-à-dire du signe à la sauce Saussure, en soi et en relation avec ce qui le
précède, l’excède, lui survivra, vous ne le verrez pas, un instant réconcilié
par l’espace-temps des images sonores du grand écran, je m’abstiendrai de repasser
une couche (de crème solaire estivale).
Je préfère apporter à l’essai lucide,
davantage œcuménique que « polémique », quelques retouches, nuances,
divergences. L’art contemporain ? Un abus de langage et un marché ciblé.
L’abstraction ? Une émancipation de la figuration (j’écrivis aussi sur l’underground). La révolte ? Un signe
de santé, camusienne ou non. Le féminisme, agressif ou soft ? Une forme de fascisme,
démystifiée par, allez, Élisabeth Badinter & Annie Le Brun. La
virilité ? Une expérience, certes pas une essence. La linguistique,
« psychotique » ou pas ? Un totalitarisme libérateur.
L’antiracisme ? Une marotte humanitariste. L’homosexualité, surtout
« refoulée », associée trop vite au « refus de la mère, de
l’amour » ? Une direction digne d’être respectée, devenue désormais
une position respectable, tant pis pour le trouble hétéro de Cruising
(Friedkin, 1980). La communication, notamment politique ? Un simulacre,
une simulation, du storytelling, en
repoussoir de la séduction selon Baudrillard. L’écologie, a fortiori
eschatologique ? Une pratique pertinente, une arrogance égocentrique, le
résidu des idéologies, la progéniture du New
Age. Le changement, « c’est maintenant », osait sloganiser le
porteur de croissants épris de normalité, entiché d’une actrice
pathétique ? Les modifications ne serviraient en définitive que la
continuation, si l’on en croit Lampedusa, papa de guépard viscontien plutôt que
proprio d’une île médiatique pour migrants se fichant des phonèmes et des affrontements
clivants. À l’énumération finale des leaders,
plus ou moins charismatiques, je rajouterais le réalisateur, par conséquent la
réalisatrice, moindre néanmoins en matière de statistiques. Qu’une équipe de
tournage, imperturbable, puisse se confier
à sa sagesse, finesse, noblesse, qu’elle ressemble en majorité à un troupeau,
fi de mutinerie, cela laisse songeur.
Commençons la révolution à domicile,
appelons à l’insurrection individuelle, débarrassons-nous, en douceur,
possibilité, en profondeur, déterminé, des dictateurs risibles, et pas
seulement chez Charlie Chaplin. En vérité, je te le dis, il existe pire que le
capitalisme planétaire, hégémonique, « oligarchique » et les
logorrhées de simagrées. Il existe le cinéma subventionné, policé, bien pensé, bien
dressé, correctement engagé, à rapidement dégager. Il existe les salaires de
survie, les violences sentimentales, supposées raciales, banales, fatales, les
prisons transformées en centre de (dé)formation funestes, les soins palliatifs
qui pallient à peine l’indifférence, les consciences macérées au creux asphyxié
de l’abrutissement, du désespoir, du ressentiment, du consumérisme, du cynisme,
du terrorisme, cinq lieux de silence, cinq états, voilà, de vocables exploités,
tabassés, entravés, achevés, instrumentalisés. Mots = maux – pas totalement,
heureusement. Le venin équivaut au vaccin, la poésie enguirlande la propagande,
la gifle filée-filmée à la Pialat, à la Cassavetes, participe de la rude tendresse
et, attablée au banquet de l’éternité, la mort ricane encore, à tort, face à la
vie infinie. Sur mon miroir fantomatique et dans votre texte climatique, cher
correspondant, fidèle affranchi, s’envisagent deux ou trois raisons de ne pas perdre
courage, de ne point faire naufrage, de relever la tête, d’aspirer à être porté
par les tempêtes, dévastatrices ou discrètes. Que tous ces
« travers » vite donnent envie de nous orienter vers des voies
valables, déjà là, devant/en toi et moi, en société, en intériorité, au
cinéma, largement au-delà. Ou alors, finissons-en, ici et maintenant, virons les
claviers, creusons les « tranchées », terrassons l’adversaire, réduit
à se taire, avant de succomber à notre tour, à l’aphasie jolie.
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