Independence Day : Né un 4 juillet


Suite à sa diffusion par France 3, retour sur le titre de Roland Emmerich.


La comédie (à ne pas prendre trop au sérieux, donc, notamment celui, risible, de la sociologie) cocardière (« Pendant la guerre du Golfe, on savait ce qu’on faisait » ose proférer Bill Pullman), catastrophe (catastrophique, dira la critique hexagonale unanimiste) et chorale (règle du genre), série B à gros traits nantie d’un budget production/publicité classé A (remember Les Dents de la mer), relit et met à jour – le virus biologique devient informatique – H. G. Wells (voire l’adaptation enfantine de George Pal), qui n’en demandait certes pas tant, premier volet d’une trilogie apocryphe poursuivie par Burton (rageur) puis Spielberg (grave) au-dessus du gouffre historique, politique et méta du 11-Septembre.


Emmerich, cinéaste allemand œuvrant à Hollywood, y professe avec adresse son éternel credo (commercial mais contradictoire) : « Détruire pour mieux réunir », équilibrant la mystique étasunienne du drapeau – en France, une séculaire étrangeté, voire un repoussoir générationnel, même et surtout durant ce jour de « deuil national » –, présent dès le tout premier plan, sis sur la Lune, d’une appréciable ironie (foutoir de la fuite en dépit des consignes rassurantes du pouvoir incompétent et ignorant). 


Accessoirement (?), ce spectaculaire spécimen de cinéma drive-in joyeusement décérébré s’avère une allégorie sexuelle propre à ravir les psychanalystes amateurs de salles obscures (autant que l’inconscient) – les tours du World Trade Center, l’obélisque de Washington et les cigares de Will Smith (n’oublions pas un célèbre tunnel routier/utérin de L.A., où manque périr sa moitié !) comme vaillants phallus aux prises avec l’analité du vaisseau-mère muni d’un vagin denté, pénétré, détruit, par un double spermatozoïde viral et nucléaire, façon Docteur Folamour.


Lors de la fête nationale et auparavant, les femmes enfantent, assistent (le Président, aux désastres), meurent d’une triviale et mélodramatique hémorragie interne (malgré leur statut de First Lady), tandis que les hommes, père et fils Juifs (« Personne n’est parfait » décontextualise la réplique finale de Certains l’aiment chaud, à l’occasion d’une prière œcuménique), Noir (ami d’un Blanc drolatiquement prosterné devant son postérieur), vétéran du Vietnam (enlevé par un OVNI) ou bien adolescent (regardant à la TV Le Jour où la Terre s’arrêta, fable pacifiste et coercitive signée Robert Wise), se battent ensemble contre un envahisseur (moins androgyne, par conséquent troublant, que Jaye Davidson dans Stargate, la porte des étoiles) qui leur ressemble étonnamment, métaphoriquement, ennemi intime et cependant stellaire, dans sa rapacité suicidaire liée à une surexploitation des ressources naturelles de chaque écumée planète (interdite de stupeur, tel le spectateur étiqueté progressiste). 


Roland, bien sûr, affinera et affichera sa fibre écologique au sein du Jour d’après, sa chanson de geste eschatologique placée sous le signe glacé du réchauffement climatique (2012 s’achevait quant à lui en Afrique, sur un retour aux origines disons kubrickiennes de l’humanité).


Cerise sur la soucoupe (volante, à l’évidence, davantage que violente) : la présence de la trop rare Margaret Colin, ici épouse « regagnée » de l’héroïque Jeff Goldblum, discutable militante anti-avortement mais actrice élégante, amusante et tendre, aperçue dans Rose bonbon, Ennemis rapprochés, appréciée en vraie-fausse veuve de l’éphémère et excellent feuilleton Un agent très secret. Morale sentimentale d’un long métrage (deux heures vingt, quand même) à la saveur ambivalente de hamburger : au sol ou dans les airs, il faut toujours « chercher la femme », américaine ou non…  

     

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