Alphabet City

 

Un métrage, une image : Le Cavalier noir (1961)

Dans Le Petit Monde de don Camillo (Duvivier, 1952), Fernandel affrontait Cervi, maire communiste et meilleur ennemi. Dans The Singer Not the Song, Mills ne désarme devant Dirk Bogarde, vaurien luciférien à fin félin. Classer Le Cavalier noir en vrai-faux western homo vers Mexico relève de l’évidence – une imagerie dédiée à l’homosexualité, comme dirait Brigitte Lahaie – mais cette dimension d’attraction/répulsion masculine, dommage pour la mimi Mylène Demongeot, mise disons KO, sortie du trio, esseulée va-t’en, châle rouge sang, qui en conclusion culmine, tandem de mecs mortellement touchés, tendrement enlacés, salut au SM de Duel au soleil (Vidor, 1946), ne saurait dissimuler la dynamique de la moralité. Plus près du contemporain Léon Morin, prêtre (Melville, 1961), idem mélodrame adapté d’un bouquin écrit au féminin, Béatrix Beck substituée à Audrey Erskine Lindop, sinon de Sous le soleil de Satan (Pialat, 1987), Mouchette en moins, voilà Locha, que de L’Homme aux colts d’or (Dmytryk, 1959), d’accord, et Le Secret de Brokeback Mountain (Lee, 2005), amen, ce film que tous détestèrent faire, à commencer par les principaux intéressés, ou refusèrent de faire, citons donc les noms de Richard Burton & Charlton Heston, celui-ci a priori inconscient, sérieusement ?, de l’intensité très orientée de l’amical Messala de Stephen Boyd (Ben-Hur, Wyler, 1959), passons, pardonnons, mérite son exhumation, son absolution. Du pardon, encore question, au creux d’un décor à la Leone tendance dollars, maisons immaculées, sommets enneigés, cimetière en plein air. Ne demande pas pour qui sonne le glas que tu sonnes, il ne sonne pour personne, il sonne déjà pour toi. Le père Keogh débarque du car illico, désinfecte fissa l’église, basse-cour et non arche de Noé, olé, raccompagne un prédécesseur au bout du rouleau, s’oppose franco au cynique Anacleto. Il taquine aussi la mécanique automobile, remonte le décompte, ne peut l’interrompre, car au K, il succombera, voudrait rédimer le dandy very gay, séduit selon sa sienne, point malsaine, intégrité, sorte de fils infanticide, féminicide et parricide admiratif de la force de sa foi, je vais te tenter une ultime fois, jusqu’à l’outrage du faux témoignage, la rouerie de la tromperie, le reniement inclément. Curé musclé, au propre, au figuré, au prénom connoté, d’adversaire du dragon, de cuir en pantalon, Michael échoue partout, il ne sauve personne, surtout pas lui-même, il se met en scène, il embrasse la sirène, prisonnière volontaire d’un désert et d’un village aux valeurs renversées, au consacré censuré, à la colère contre la chaire crachée. Le chanteur doté d’un cœur, sans chœur, la chanson de religion, de rédemption, de damnation, Otto Heller (Le Voyeur, Powell, 1960) les éclaire, tandis que Baker, l’auteur de Atlantique, latitude 41° (1958), métrage tout sauf naufrage, revoici Laurence Naismith, puis plus tard de The Vampire Lovers (1970), petit exercice de sanguinaire saphisme, ensuite de La Légende des sept vampires d’or (1974), Peter Cushing & David Chiang ne (se) couchent dehors, donne au spectateur, a fortiori moderne, magma des téléfilms diffusés en salle, ad nauseam, une leçon de composition, à chaque plan, à chaque instant. En résumé, les hommes désireux de s’amender, s’aimer, fi d’athéisme historisé, de sadisme assumé ? Vœu pieux, mâles malheureux, abandonnés de Dieu et du Ciel silencieux…

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