Ne vous retournez pas (2) : Un mois de cinéma

 

Des films, des films, des films… Frime futile ? Exil utile !

À la mémoire de Sean Connery (1930-2020) 

  • L’Ange meurtrier (Larry N. Stouffer, 1974)

Carrie au bal du diable en brouillon, en version Stevenson, dont le bel intitulé français congédie le jeu de mots multiple de l’original, Horror High, pas grave. Premier opus du peu prolifique Larry N. Stouffer, ce métrage méconnu, tourné en deux semaines, mérite sa (re)découverte, sinon son culte discret, car Pat Cardi & Austin Stoker, émouvant, élégant, y forment un estimable tandem espiègle, en écho à ceux de Columbo : du lycée soigné, allez…

  • Le Baiser du diable (Jordi Gigó, 1976)

Le strabisme de la Française Silvia Solar s’avère certes irrésistible, cependant l’on sourit assez souvent à cette version hispanique du féminin Frankenstein. Escortée par l’accorte Evelyn Scott, soubrette pas simplette, zombie si jolie, par un scientifique cardiaque et télépathe, notre héroïne, presque marxiste, cherche donc à conjurer son déclassement, à venger son amant : un divertissement amusant, soigné, signé d’un cinéaste peu productif…

  • Baskin (Can Evrenol, 2015)

« Nous sommes à un croisement » : et de fait on discerne les fondations d’Aldrich & Lynch, le souvenir des médiocres martyrs du sieur Laugier, anti-sarkozyste assumé, une double coda, sortie à la Suspiria, tête cartoonesque à la Raimi, l’ami. Si, ici, la Turquie s’avère fissa infernale, mentale, morale, à l’unisson de diplomatiques tensions, merci à Erdoğan & Macron, le court métrage étiré véhicule sa vacuité, tambouille à grenouilles selon Anderson.

  • Bermudes : Triangle de l’enfer (Tonino Ricci, 1978)

Même la présence toujours stimulante de la belle Janet Ågren, jadis indémodable Ingrid sur sa strada, fi de Fellini, ici un brin brunie, mise au milieu de deux frères d’elle amoureux, on (les) comprend, on compatit, ne parvient à passionner au sein de cet exotisme bon marché, à base de plongée(s), disparitions, (ré)apparitions, documents immergés à retrouver, requins endormis à réveiller. En dépit du thème aimable de Cipriani, le spectateur fissa s’assoupit…      

  • Blackbird (Roger Michell, 2020)

Immonde mélodrame médical, familial, téléfilmé par un agent immobilier, au casting choral d’une remarquable médiocrité ; bonne conscience du ciné US, Susan Sarandon avec cynisme vise l’Oscar dérisoire ; « Là où ça sent la merde/ça sent l’être » affirmait le fécal Artaud : si vous voulez vraiment voir la mort en face, avisez-vous dans la glace, passez le seuil des « soins palliatifs », rematez Amour, regardez La Gueule ouverte, davantage que ce tire-larmes infect, pasteurisé, désincarné, aux bobos de bobos, aux crises œcuméniques à la M6.

  • Borderland (Zev Berman, 2007)

Un ersatz du cruel Hostel, à la sauce mexicaine ? Un téléfilm où un flic du cru, des touristes malvenus, une serveuse courageuse, s’unissent contre une secte experte en disparitions, profanations, décapitations, en sus en stupéfiants. Zev Berman esquive l’écueil du racisme in situ, ne transforme ses Américains en pantins mesquins, signe un divertissement un brin sanglant, molto catho, au filigrane féministe, anecdotique et cependant point antipathique… 

  • Cohen & Tate (Eric Red, 1989)

Petit titre plutôt drolatique, assez sympathique, écrit et réalisé par le scénariste de Blue Steel, bien sûr de Hitcher, auquel on ne peut pas ne pas penser. Escorté par les solides Bill Conti & Victor J. Kemper, compositeur + de la photographie directeur, Eric Red délivre donc un road movie déroulé de nuit, après prologue campagnard, avant épilogue municipal, au beau trio de mecs (in)humains, comme si De sang-froid croisait ainsi la (dé)route du Client... 

  • Éléonore (Amro Hamzawi, 2020)

Filmée par son grand frère, la jolie Nora Hamzawi affiche un faux air de Mylène Farmer ; vrai couple à la ville, André Marcon & Dominique Reymond se réunissent in extremis, lui en éditeur célibataire, elle atteinte d’un cancer ; Joséphine de La Baume chantonne, Julia Faure ne fait aucun effort ; sinon, co-produit par OCS, TFX, TMC, quelle redoutable trinité, il ne manquerait plus qu’ARTE, ce téléfilm insipide illustre le désastre d’un certain ciné français…

  • Ema (Pablo Larraín, 2019)

Bande-annonce berlusconienne (in)exacte : peu de danse, beaucoup d’inconsistance ; au Chili, ça chie, ça chouine, ça brûle, ça baise ; son académisme anémique dissimulé sous des travellings stériles, des dialogues ad hoc, en vrais-faux regards caméra, voici un pseudo-mélo maternel à la truelle, ponctué de copulations colorées, in extremis œcuménique, Almodóvar valserait avec Noé ; actrice amatrice, BO de loboto, petits pantins au niveau de la télénovela.

  • Eva (Benoît Jacquot, 2018)

Co-produit par EuropaCorp & ARTE, un effroyable téléfilm cacochyme, que pas même ne rédiment les estimables Isabelle & Ulliel, ici réunis en tandem SM ; ce pseudo-cinéma-là, essentiellement petit-bourgeois, qui, de façon enfin définitive, fissa nous en débarrassera ?...

  • Fritzi : Histoire d’une révolution (Matthias Bruhn & Ralf Kukula, 2019)

Même s’il souffre certes d’un déficit de style, sinon de personnalité, défaut peut-être attribuable à ses financements différents, en effet quatre pays participent, même s’il semble un brin trop lisse, au propre, au figuré, ce dessin animé soigné, ici sorti ce mois-ci au ciné, ne dessert son intéressant sujet, arrive à saisir l’angoisse diffuse, la confiance fraternelle, d’une enfance en RDA, à un moment très important, pour ces gosses d’Europe, tous leurs parents…

  • La Légende du pianiste sur l’océan (Giuseppe Tornatore, 1998)

Épopée parallèle ripolinée par la publicité, cinéma simulé que commit le sentimental et surfait Tornatore, sorte de transalpin Jeunet ; salle paradisiaque ou soute de transat, autarcie jolie, matrice maritime contre « immense infini » ; le romantisme émasculé de Mélanie Thierry ? La virtuosité de Gilda Buttà, pianiste pour Morricone, doublure du solide Tim Roth ; et en matière de film mental, à suicide naval, demeurons-en au Vidéodrome viral.  

  • Ondine (Christian Petzold, 2020)

Téléfilm de luxe, formaté pour ARTE, signé par un cinéaste surfait, au fantastique insipide, au germanisme stérile, au romantisme rassis. Les jeunes et jolis Paula Beer & Franz Rogowski ne sauraient, hélas, dissimuler l’absence de profondeur de cette plongée, au sein (mouillé) d’une superficielle féminité, à base d’urbanisme berlinois, de massage cardiaque disco, d’assassinat + suicide molto humides. Quatre-vingt-dix minutes de Petzold ? Deux avec Vigo. 

  • Slow West (John Maclean, 2015)

Opus soporifique, qui mérite son titre, à transformer fissa Dead Man et La Dernière Piste en modèles de dynamisme ; avant d’être emmerdée par son compatriote Russell Crowe, grimé en risible « enragé » routier, Caren Pistorius manie la carabine, encore moins magnanime ; filmé de façon affectée par un diplômé en art, nul hasard, ce pensum primé à Sundance, à base d’abandon, de « civilisation », de rédemption, se situe en surplomb, donne des leçons…

  • Un barrage contre le Pacifique (Rithy Panh, 2008)

Précédant de huit ans l’expérimentation exquise de Exil, voici, visionnée après, comme une régression romanesque, certes jamais manichéenne, mais trop longue, guère profonde ; s’il évite l’érotisme publicitaire, pasteurisé, de L’Amant, le réalisateur verse vers le symbolisme scolaire, adoube un didactique bestiaire ; ce mélodrame maternel, à base de racisme, de cynisme, de maladie, de diamant pâli, amuse et néanmoins ennuie ; alors préfère Riz amer

  • Vivement dimanche ! (François Truffaut, 1983)

Truffaut finit sa filmo via ce divertissement, en noir et blanc, avec/par/pour Fanny Ardant. Si l’estimable muse (s’)amuse, aristocratique, altruiste, assez irrésistible, ce récit en autarcie, de ciné au carré, d’assassin sentimental, d’infantilisme masculin, s’avère vite à la fois distrayant et dispensable, car inconsistant. Trintignant en paraît absent, la trop rare Caroline Silhol, longtemps après retrouvée dans Remember Me, s’y offre, en infidèle, sur un fauteuil… 

  •  XConfessions vol. 22 (Erika Lust et al., 2020)

Du X exotique, esthétique, hispanique, anthologique, chorégraphique, un peu soporifique, assez pasteurisé, très coloré, hétéro et gay, qui devrait plaire à Gaspar Noé, qui démontre au moins, n’en déplaise à ses détracteurs amateurs, que l’imagerie pornographique ne saurait par nature témoigner de sa discutable médiocrité, de sa misogynie supposée, qu’elle doit sa stérilité, sa puérilité, à de pénibles épiciers ; caméo en caissière/antiquaire de Nina Hartley…

Commentaires

  1. Michael Bay prod : Songbird Trailer (2021) | Movieclips Trailers
    https://www.youtube.com/watch?v=PaumIOvp7mM&feature=emb_logo
    Starring: KJ Apa, Jenna Ortega, Sofia Carson, Demi Moore, Bradley Whitford
    Directed By: Adam Mason
    Synopsis: In 2022 a pandemic ravages the world and its cities.
    Centering on a handful of people as they navigate the obstacles currently hindering society: disease, martial law, quarantine, and vigilantes.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2016/09/dernier-train-pour-busan-la-horde.html

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir