Les Incorruptibles : Les Intouchables

 

Corruption à la con ? Réflexion en action(s)…

Puisque, n’en déplaise à la myopie du puritanisme, la violence n’advient pas au cinéma, puisque, de mille et une (contre)façons, (ap)paraît seule sa représentation, Brian De Palma, dans ses Incorruptibles (1987) superbes, néanmoins sous-estimés, filme cela, un spectacle au carré, au public dupliqué. Si l’assassinat domestique, opératique, du mentor Malone se donne à voir, d’abord en POV, séide ganté introduit par la salle de bains immaculée, notez le rideau de douche tiré, rien d’anormal, point de Norman (Psychose, Alfred Hitchcock, 1960), ensuite en fusillade over the top, merci à Nitti sans merci, sorte de mélodrame au ras du sol, crucifixion à la maison ; si la scène eisensteinienne de la station à matelots + marmot se livre en acmé (choré)graphique, acoustique, mutique, cri sans bruit d’une mère main tendue, comme Marion Crane (Psychose again), Kate Miller (Pulsions, 1980) ou… Alex (Irréversible, Gaspar Noé, 2002), (re)lisez-moi, oui-da, berceuse bienheureuse pour tandem de mecs amènes, Ness & Stone ne font aucun cadeau, sauvegardent le landau, ralentissent le tempo, celle du banquet ensanglanté, celle de l’interrogatoire illusoire, similairement et différemment jubilatoires, davantage drolatiques, se caractérisent par leur économie, leur modestie, leur intensité, aussi. Capone parle d’esprit d’équipe, avant de fracasser le crâne du convive coupable de duplicité. Malone ressuscite fissa un cadavre, aussitôt le flingue à nouveau, balle buccale (re)létale, afin de délier la langue du complice rétif. À chaque fois, autour d’une table ronde, parodie explicite de la solidarité aristocratique du mobilier masculin arthurien, derrière un vitre rustique, donc d’écran surcadré, symbolisé, à proximité du sagace Wallace, surtout d’un responsable de la police montée ulcéré par de pareilles méthodes, De Palma met en scène une mise en scène, un monologue, une menace, une explosion – une éjaculation, dirons les psys transis, passons.

Cette violence évidente, jamais complaisante, démontre la morale (du regard), la maestria (de la caméra) d’un De Palma non pas en train de s’acquitter d’une commande à succès, aseptisée, d’illustrer en pilotage automatique, cynique, le script solide de David Mamet, mais de diriger un vrai-faux western fordien, c’est-à-dire de décrire une Amérique (nordiste, datée) tragi-comique, utopique, en présage à son opus le plus optimiste, le médiocre Mission to Mars (2000), d’achever d’attachants chevaliers, schéma de massacre collectif repris par l’individualiste, œdipien, un brin brechtien, Mission impossible (1996), in extremis mélancolique, que reste-t-il à Ness désœuvré, désormais esseulé, à faire, sinon aller boire un verre amer ? Loin d’être manichéen, Les Incorruptibles dépeint un policier dont la progressive dureté rappelle la figure impure de L’Inspecteur Harry (Don Siegel, 1971). Les deux hommes aimables, fréquentables, franchissent la fameuse ligne rouge (sang) à l’écart des regards, sauf du nôtre, bien sûr, à San Francisco, à Chicago deviennent des tueurs privés de témoin(s), pour rien, par pure rancœur, par froide fureur. Harry se débarrasse au sein d’une usine de ciment de ce salaud psycho de Scorpio, auparavant maltraité à l’intérieur d’un nocturne stade désert, survolé par un objectif disons d’écœurée divinité ; Ness, qui demande à Nitti, accroché à lui tel Scottie au bras du flic en intro de Vertigo (Hitchcock, 1958), de ne pas le pousser (à bout), le pousse au bout du toit, sous l’œil d’un Dieu jadis d’église, cf. la conversation décisive, de décision, avec Malone, le jette dans le vide, vengeance du parricide (par procuration), contemple immobile sa chute interminable, d’Icare minable, en costard blanc, sur la bagnole noire s’écrabouillant. Une contre-plongée zoomée immortalise le nettoyeur courroucé, en quelques secondes passé de l’autre côté, contaminé par le virus d’agressivité, d’insanité, autant monstrueux, malheureux, que son adversaire dorénavant aux mains du système judiciaire, leçon nietzschéenne d’abîme intime, de ruine en reflet.

Spectacle, désastre, la violence vous avale, nivelle vos idéaux, vous rend marteau, vous projette au creux d’une Impasse (1993) éthique, fatidique. La réussite en forme d’échec de Ness ressemble ainsi à celle d’une société remplie d’hypocrisie, de moralité mal placée, de commerce (d’alcool pas cool) illégal au capitalisme fondamental, où écraser la concurrence, où baiser la décence, tant pis pour la douceur de la débutante Patricia Clarkson, à peine aperçue. Film festif et funèbre, que le regretté Ennio Morricone de ses musiques admirables, mémorables, parsème, The Untouchables, clin d’œil du sous-titre de mon article au titre d’origine, aux Intoccabili (Giuliano Montaldo, 1969, BO du même maestro) de John (Cassavetes) & Gena (Rowlands), nous touche au moyen de ses (anti-)héros touchants, pas intouchables, en effet, constat d’exécution d’ascenseur tracé au plasma, par le claustrophobe – je renvoie vers Pulsions + Body Double (1984) – et philosophe (lucide, bien-aimé par moi) Brian De Palma.

Commentaires

  1. "Oggi, 12 dicembre, ricorre il cinquantesimo anniversario dalla strage di Piazza Fontana, avvenuta nel 1969, momento simbolo per la Strategia della Tensione.
    La ricordiamo con le parole del compianto Ferdinando Imposimato, Presidente Onorario della Corte Suprema di Cassazione, con le quali chiarì chi fossero i mandanti dell'eccidio di allora.
    Il lavoro svolto da Imposimato nella ricerca della verità è da accostare a quello svolto da Assange e Wikileaks: vi è senza dubbio un filo di continuità tra il coinvolgimento degli USA in quella che fu la Strategia della Tensione qui da noi, così come oggi nelle trame che funestano il mondo ed i suoi popoli."
    Ferdinando Imposimato - Il ruolo della NATO nelle stragi di Stato
    https://es-es.facebook.com/2124476570984287/videos/566852340555154/

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir