Le Sexe qui chante : Showtime


Un monologue de mariole ? Une romance de souffrance…


On le distribua aux USA, mais Tom DeSimone connaissait-il de près Le Sexe qui parle (Lansac, 1975) ? Remarquons que son héroïne, idem divisée, suicidaire, pour des raisons similaires, se prénomme en sus Penelope, peut-être en clin d’œil à la précédente interprète. Passée par l’Atlantique, la publicitaire se transforme en coiffeuse. Exit la psychiatre à quatre pattes, voici un psy illico imprésario. Dorénavant, le vagin pas si virginal se nomme Virginia, il appartient à une certaine Mademoiselle Pittman, appréciez le patronyme emprunté au puits, donc au pendule, de Poe, scène supposée primitive, explicite, en tous cas selon la spécialiste Marie Bonaparte. S’il persiste à persifler, dans l’intimité, en société, l’invisible pubis à malice s’avère désormais doté d’une voix davantage valeureuse, moins odieuse. En congrès, à la TV, en tournée, notre accorte curiosité rencontre vite le succès, au grand dam de la dame, juste désireuse d’être amoureuse d’un amant médiocre, d’un mec maladroit, homme d’affaires in fine sur une falaise. Vocalement doublée par Didi Henrichs, tandis que Martine Messager s’exprimait à la place de Pénélope Lamour, la regrettée Candice Rialson séduit par sa candeur, sa bonne humeur, sa silhouette svelte, sa tristesse discrète. Brave, bavarde, traduction littérale du titre original, Chatterbox (1977), adaptable en moulin à paroles (et musique) local, PP, appelée aussi Penny, diminutif à pénis, parcourt ainsi le pays, ces épatants États-Unis, se débarrasse d’une lesbienne insistante, cliente en cuir, en cuissardes, perd son emploi, retrouve sa maman marrante, maquerelle personnelle. Chorégraphié par Robert Talmage, éclairé par Tak Fukimoto, débutant de Badlands (Malick, 1973), familier de Demme, musiqué par Fred Karger, dernier poste de composer/conductor, par Mike Hazlewood en songwriter, ce métrage d’un autre âge associe comédie sentimentale, musicale, satire soft de l’institution psychiatrique, de l’industrie médiatique.



Chatterbox, point d’exclamation en option, ne prend jamais le spectateur pour un con, ni pour un cochon. Délesté de salacité, l’opus plaisant, inoffensif, à la perche intrusive, s’apparente à une sorte d’odyssée décomplexée, une traversée de la célébrité, une starification sur fond d’exploitation, d’insatisfaction, sexuelle, existentielle, puisque le « miracle of anatomy » se morfond, se sent floué en « freak » à fric, vive la mercantile Amérique. Prisonnière éphémère, gangbangée à l’insu de son plein gré, par toute une équipe de basketteurs secoureurs, solidaires, à bus scolaire, ersatz tout sauf dégueulasse, molto disco, de Marilyn Monroe, proie de paparazzi à zizi, petite princesse parfois topless, la peu interlope Penelope pique-nique à l’aise, participe à la matrice US de Tournez manège !, met son romantisme en armure à l’épreuve de l’imposture, se fait fissa plaquer, poursuit sa solitude adulée, finit par faire du ciné, mise en abyme magnanime, contrat de cinq films, mince, pénètre sur le set, où le réalisateur poseur, posté sur sa grue de m’as-tu-vu, imite Antonioni, Minnelli, papote à propos de la contemporaine « aliénation », quel histrion, finit par s’enfuir du plateau, du studio, désespérée, par donner au taxi des indications contradictoires. Comme chez Frédéric, en écho à son estampillé porno chic, revoici Vertigo (Hitchcock, 1958), ses flots, sa schizo. Pardon partagé, saut envisagé, Virginia demande doucement à Penelope en imperméable, point commun supplémentaire avec Pénélope la première, de penser « à croiser les jambes » à l’instant de s’écraser sur les cruels rochers, s’il te plaît. Comme l’Éric du Sexe qui parle, le Ted du Sexe qui chante subit un ultime changement, vocalise sous la ceinture. Comique, lyrique, solitaire, solaire, la coda en duo, en hélico, de course en stéréo, conjure la rupture, remplace l’autosuppression par l’émotion…


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