Les Lyonnais : Le Prix du danger


Suite à son visionnage sur le service Pluzz de France Télévisions, retour sur le titre d’Olivier Marchal.


L’aimable Marchal (apprécier à la TV son féminin Borderline, redécouvrir son très noir MR 73) passe de l’autre côté (de la loi) et vise à l’évidence l’opéra (omniprésence asphyxiante de la partition signée Erwann Kermorvant) : hélas, il rate la reconstitution historique et frise la paresse formelle et narrative (pas de canasson décapité façon Coppola, rien qu’un grand clébard noir pendu à une piaule d’architecte) ; ce ratage, toutefois honnête dans sa peinture de gens malhonnêtes, ce ressassement (tout sauf déplaisant) de morale illégale, d’amitié sacrée, de passé à conjurer, valent surtout pour une violence sèche, la belle présence (trop brève) de Valeria Cavalli et un intéressant (voire attachant) personnage de traître (remarquable Tchéky Karyo, par ailleurs voyou intense, théâtral, dans L’Amour braque ou émouvant flic coupable et estropié dans The Missing, face au solide Gérard Lanvin), aux circonstances atténuantes sous forme de brutalités policières, rôle à l’origine destiné au regretté Bernard Giraudeau, destinataire d’outre-tombe d’une œuvre, en effet, de spécialiste(s).   

Les deux hommes se retrouvent dans une grange prêtée par un prêtre (grand crucifix songeur posé contre un mur). L’un apporte des papiers d’identité, un passeport, l’autre arbore une nouvelle coupe de cheveux et des lunettes d’employé chic et respectable. Lanvin dit : « Serge, t’as vécu trente ans comme une balance : essaie de mourir comme un homme. » Karyo le regarde, presque au bord des larmes. Le complice fidèle et rangé s’éloigne, rejoint au ralenti la double haie de policiers à l’extérieur, sur le point d’intervenir. Une détonation retentit à l’arrière, tandis que son visage affiche un masque de virile mélancolie.

Durant une fête dans la villa, Janou danse avec Monmon, Valeria Cavalli avec Gérard Lanvin, donc. « Tu sens bon » sourit-elle, une main sur son épaule, sa tête penchée dans son cou. Le mouvement lent, à peine plus qu’une étreinte en public, fait resurgir une autre danse d’hier, dans la jeunesse, la détermination et l’arrogance sentimentale d’un couple élu dès le premier regard, à l’orée des années 70. Au final, Edmond Vidal négociera avec la flicaille et perdra tout, dont cette femme l’observant du haut d’une fenêtre truffaldienne, qui fit de la prison pour lui, en preuve amoureuse, désormais hors d’atteinte du récit, a contrario de la biographie. 

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