Nostalghia : Une lueur dans la nuit
La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, disait Simone
Signoret ; un Ulysse russe en Italie va le constater, relevant durant neuf
minutes un défi superbe et insensé…
Audrey Jeamart, Michel Chion, Jean
Gavril Sluka et, last but not least,
le cinéaste lui-même, parlent bien de Nostalghia, aussi, pour une fois, on
se taira, afin de donner à voir quelques affiches, deux ou trois images du film
et de son tournage, assorties de sa mémorable et inoubliable (deux mots qui scellent « la course du
temps », à l’intérieur du long métrage et de notre courte vie) scène en
plan-séquence, bouleversant « tour de force » physique, spirituel, cinématographique,
temporel, ironique/idéaliste.
Les hommes et les femmes, d’hier et
d’aujourd’hui, méritent-ils d’être sauvés par un messie d’occasion, les pieds
dans l’eau, une bougie au creux de ses mains ? Nous en doutons, croyez-le
bien, mais Tarkovski, tout sauf ascète pour cinémathèque, artiste libre à
l’ombre des dictatures, exilé intérieur épris de poésie paternelle, frère de
cinéma amoureux des éléments, des femmes, friand de rires et d’enfants, nous
accompagne depuis longtemps, avec seulement sept films – qui réduisent à néant
tant de filmographies contemporaines ! – magnifiquement peuplés d’un
enfant dans la guerre, d’un peintre iconique, d’une planète-océan (où nage une
Eurydice stellaire), d’un miroir maternel, d’une interzone d’irradiés, d’une
sensuelle traductrice, d’un arbre abritant un vieillard au bout de l’espoir et
un gamin mutique.
Grandeur d’Andreï, auquel nous
reviendrons certainement un autre jour, une autre nuit, avant que le Temps,
destructeur et sculpteur, ne vienne sceller in
fine notre bouche et nos yeux grands
ouverts devant les poèmes de ce visionnaire populaire.
Tu parles très bien, à deux reprises, ce ce plan-séquence, Jean-Pascal. Quelques pas, plusieurs allers-retours à peine, d'une portée pourtant si grande que le cinéma, l'univers et la vie y sont encapsulés d'une manière humble et inouïe à la fois.
RépondreSupprimerEt de l'humour aussi, juste à côté de l'humilité, en effet, fine Audrey. Tarkovski détesta l'avènement du "montage" MTV ; le temps lui manqua pour mener à terme d'autres poèmes après un ultime salut bergmanien - son temps scellé ouvre le nôtre...
RépondreSupprimerTarkovski / MTV : cauchemars en perspective. On perd peu à peu la notion de durée d'un plan. Celui-ci, et d'autres, heureusement (je pense d'emblée au final de Profession : Reporter) seront toujours là pour nous la rappeler.
RépondreSupprimerDurée irréversible, dirait Noé, tout en (dé)montrant le contraire... Le temps n'existe pas au cinéma, pas plus que la violence ou le sexe : ne sourd de l'image qu'une représentation, n'advient qu'une pulsation - à nous d'y confronter notre propre subjectivité.
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